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Echec du FN dans un village du Morvan qui abrite l’Institut européen de théologie musulmane

Alors que les portes claquent et les couteaux s’aiguisent au Front national, moins d’une semaine après que l’héritière de la dynastie Le Pen a été désavouée par les urnes, une bourgade de la France profonde, nichée en plein cœur de la ruralité nivernaise, retient toute notre attention pour avoir résisté aux sirènes stridentes de la « préférence nationale » et de l’instrumentalisation de l’islamophobie. Il s’agit du si charmant petit village du Morvan, Saint-Léger-de-Fougeret.

Le village verdoyant de Saint-Léger-de Fourgeret

Et pourtant, sur ses terres, est implanté depuis près de 30 ans un établissement privé d’enseignement supérieur spécialisé dans l’enseignement de la théologie musulmane et de la langue arabe : le très renommé Institut européen des sciences humaines (IESH Château-Chinon). Mais cette présence musulmane, ancrée dans le terroir depuis les années 90, n’y a rien changé, n’en déplaise aux Cassandre de tous bords qui crient à « l’islamisation rampante » de l’Hexagone.
Sourds aux vociférations des militants frontistes galvanisés s’égosillant « On est chez nous » à longueur de meetings enfiévrés, la petite commune de Saint-Léger-de-Fougeret et ses 388 âmes ont fait mentir les instituts de sondages, ces nouveaux oracles des temps modernes, qui prédisaient, à coup de statistiques prétendument irréfutables et de bien mauvais augure, que la percée du FN dans la France des villages et des champs était irrésistible…
En effet, comme le rapporte le quotidien local Le Journal du Centre, sur les 156 votants qui se sont rendus dans les isoloirs dimanche 7 mai, seulement 31 d’entre eux ont glissé dans l’urne le bulletin Marine Le Pen, plaçant ainsi leur paisible hameau en troisième position des communes de la Nièvre ayant le moins voté FN, derrière Sermages et Magny-Lormes.
Démentant tous les pronostics et faisant passer pour une supercherie la fameuse photographie de l’opinion à un instant T, Saint-Léger-de-Fougeret est la belle illustration de cette France rurale, peu impressionnable et influençable, qui a montré par son vote qu’elle ne s’en laisse pas conter par la perfidie d’une certaine élite si éloignée d’elle, et pas seulement par les kilomètres qui la séparent du Tout-Paris politico-médiatique.
Dans ce village pittoresque, entouré de l’écrin de verdure du Parc naturel régional du Morvan, deux cent cinquante étudiants musulmans, futurs imams issus de France et d’Europe, se forment au sein d’une école coranique dont la singularité fait désormais partie du paysage.

« Saint-Léger-de-Fougeret a toujours été plutôt de gauche », a déclaré le maire Bernard Detilleux, avant de louer l’art du vivre ensemble qui règne dans sa commune. Il n’y a pas de place pour les amalgames ravageurs dans ce hameau de la Nièvre, le premier magistrat de la cité y veille et n’en est que plus heureux lorsque que les étudiants de l’IESH participent ponctuellement aux activités culturelles et récréatives locales qui créent des liens ou les resserrent.
« Nous voyons de temps en temps les étudiants. Ils viennent courir dans le village. Certains étaient présents lors du marché aux livres que nous avons organisé l’an dernier. La cohabitation se fait en bonne entente, même si nous nous croisons peu. L’école est à l’écart. Mais elle n’est pas fermée sur elle-même », s’est-il félicité.
De son côté, Zuhair Mahmood, le directeur de l’Institut, abonde pleinement dans le sens de l’édile, en vantant les vertus de cette coexistence intelligente, sereine et conviviale. « L’Institut organise chaque année des portes ouvertes Tous les habitants du coin sont les bienvenus. Certains étudiants jouent dans les clubs de football des environs. Des étudiantes ont rencontré des femmes morvandelles. Il est important de favoriser la connaissance mutuelle. Le FN mise sur l’ignorance », a-t-il précisé.
Loin d’être une citadelle assiégée par une cinquième colonne verte, le village de Saint-Léger-de-Fougeret fait l’éclatante démonstration que le vivre-ensemble est le meilleur rempart contre l’ignorance qui génère la peur, avant d’engendrer la haine et de sombrer dans la violence.
 
 
 

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