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Calendrier musulman : le CFCM écartelé entre le respect des traditions et les exigences d’une société moderne

Le bureau du CFCM a annoncé le 2 mai 2018 qu’il tiendrait une réunion le 15 mai, à la Grande Mosquée de Paris, « pour fixer la date du début du mois sacré de Ramadan ». Il tiendra ensuite un point de presse pour informer solennellement les musulmans de France de sa décision.
Le CFCM a donc choisi d’appliquer, cette année encore, la procédure basée sur l’observation de la nouvelle lune, le soir du 29 chaâbane, pour déterminer la date du début du Ramadan, marquant ainsi son attachement aux traditions séculaires qui ont toujours prévalu en la matière, dans l’ensemble du monde musulman.
Mais, cette décision va à l’encontre de la décision historique de mai 2013 du même CFCM, quand il annonça solennellement avoir adopté le calendrier lunaire basé sur le calcul pour déterminer désormais les dates associées à toutes les grandes manifestations religieuses de l’année musulmane, dont le début et la fin du mois de Ramadan. 
Cette décision avait fait l’objet de débats étendus où tous les points de vue s’étaient exprimés, avant d’être solennellement prise pour répondre aux besoins et aux exigences d’une société moderne, en ce début du 21è siècle.
Mais, les directions successives du CFCM élues après cette date ont décidé d’ignorer cette décision, à dix occasions où elle aurait dû s’appliquer, préférant continuer de se baser sur la méthode d’observation de la nouvelle lune pour déterminer le début et la fin du mois de Ramadan. Cette année, ce sera la onzième fois que cette décision importante sera ignorée, à l’occasion de l’annonce, la semaine prochaine, du début du Ramadan de l’année 2018.  
Le CFCM ne s’est jamais publiquement exprimé sur ce point. Il n’a jamais expliqué les raisons qui le poussent à ignorer ainsi, de manière répétée et routinière, la décision historique du CFCM de 2013 sur cette question. Pourquoi fait-il prévaloir son attachement aux traditions au-dessus de toutes autres considérations, faisant fi d’une décision fondamentale qui avait pour but de donner un nouvel élan à une société musulmane qui a le plus grand besoin de se moderniser, si elle veut survivre et se développer dans le cadre des exigences du monde moderne ?
Le bureau du CFCM devrait saisir l’occasion de son point de presse, le 15 mai prochain, pour fournir toutes les explications et clarifications requises sur cette question qui interpelle non seulement les musulmans de France, mais également et au même degré tous les musulmans du monde. Car, si l’utilisation du calendrier lunaire basé sur le calcul a été déclarée licite et conforme aux exigences de la loi islamique par le CFCM en 2013, comme par beaucoup d’autres organisations similaires à travers le monde (autrement la décision n’aurait pas été votée), et si l’utilisation d’un tel calendrier représente une alternative tellement préférable à la méthode basée sur l’observation mensuelle de la nouvelle lune pour déterminer le début des mois lunaires, pourquoi le CFCM s’obstine-t-il à appliquer la solution qui est la moins performante ?
Par ailleurs, le Bureau du CFCM devrait expliquer clairement la procédure qu’il aura appliquée le 15 mai pour décider de la date du début du Ramadan. Aura-t-il demandé à des observateurs répartis sur tout le territoire français (y compris les départements d’Outre-Mer) d’essayer de voir la nouvelle lune soit à l’oeil nu, soit avec l’aide d’instruments astronomiques ? Se basera-t-il sur les rapports d’observation (ou de non-observation) de la nouvelle lune dans les pays proches (Espagne, Belgique, Allemagne, Maroc, Algérie, Tunisie, etc.) ? Se basera-t-il sur les rapports d’observation (ou de non-observation) en provenance d’Arabie Saoudite ?
Comme le savent tous les astronomes, et tous ceux qui ont consulté des sites astronomiques spécialisés au cours des dernières semaines, il sera impossible de voir la nouvelle lune le soir du 15 mai en France, ni dans le reste de l’Europe, ni en Afrique du Nord, ni au Moyen Orient, etc. Elle ne pourra être observée qu’au sud de l’Amérique latine et dans la partie occidentale de l’océan pacifique, et uniquement avec l’aide d’instruments astronomiques.
Par contre, le soir du 16 mai 2018, le croissant de la nouvelle lune pourra être observé à l’oeil nu dans tous les pays musulmans, ainsi que dans la plus grande partie du monde. Le premier jour du Ramadan correspondra donc dans l’ensemble du monde musulman au jeudi 17 mai 2018.
S’il en est ainsi, pourquoi le CFCM fait-il durer le suspense inutilement, pour annoncer le 15 mai au soir ce que tout le monde sait déjà depuis plusieurs semaines, ou peut apprendre aisément en consultant des sites astronomiques spécialisés tels que :
http://www.sat.tn/astronomie-populaire/visibilite-du-croissant-lunaire-de-ramadan-1439h-mai-2018/  
ou :
https://moonsighting.com/1439rmd.html
Il faut rappeler, à cette occasion, qu’Ibn Taymiya, le grand théoricien islamique du Moyen Age, qui sert de référence sur beaucoup de points théologiques aux dirigeants wahhabites d’Arabie Saoudite, avait déclaré que la seule chose qu’il regrettait, concernant les progrès considérables accomplis par les astronomes arabes de son temps, c’est qu’ils ne soient pas capables de dire à l’avance où et quand la nouvelle lune serait visible, permettant de déterminer à l’avance la date du début des mois lunaires.
Aujourd’hui, et depuis quelques dizaines d’années seulement, les astronomes en sont arrivés au stade de savoir-faire et d’outillage où ils peuvent répondre de manière fiable au voeu d’Ibn Taymiya.
N’aurait-il donc pas été plus raisonnable, de la part du Bureau du CFCM, de jouer cartes sur table sur cette question et d’annoncer la date du début du ramadan dès que toutes les informations nécessaires et utiles étaient disponibles sur les sites astronomiques spécialisés?
Puis-je oser espérer que les membres du Bureau du CFCM me feront l’honneur de répondre à ces deux questions, lors de leur point de presse du 15 mai 2018?
 

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11 commentaires

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  1. La patience et l endurance commence aussi dans l’ attente du ramadan. Je trouve, au contraire, cette attente salutaire parce que qu elle nous rappelle que nous avons peu de certitude en fin de compte et ce, malgré les avancées scientifiques, et qu elle nous prépare au ramadan en fin de compte. Modernité ne veut pas dire oubli des rites et des coutumes. Cette attente est propice à la ref!exion, à comment appréhender le ramadan, comment accueillir ce mois béni. Certains musulmans passent leur temps à s autoflegeller, à se faire du mal et faire du mal à leur religion. Soyons unis et serein et accueillons comme il se dois un invité d honneur exceptionnel. Un invite d un mois qui nous poussent à l’ introspection, à aller au delà de nos limites et qui nous laissent victorieux sur nous mêmes dans le chemin de la Oumma de MOuhamed (sws). Ramadan Moubarak à TOUS les musulmans.

  2. J’ai lu dans un livre d”Ibn Taymiya, le grand théoricien islamique du Moyen Age, qui sert de référence sur beaucoup de points théologiques aux dirigeants wahhabites d’Arabie Saoudite, que la seule chose qui l’aurait vraiment intéressé, concernant les progrès considérables accomplis par les astronomes arabes de son temps, c’est qu’ils soient capables de dire à l’avance où et quand la nouvelle lune serait visible, permettant de déterminer à l’avance la date du début des mois lunaires.
    Ce n’est cependant que depuis quelques dizaines d’années que les astronomes en sont arrivés au stade de savoir-faire et d’outillage où ils peuvent répondre de manière fiable au voeu d’Ibn Taymiya.
    Encore faudrait-il, maintenant, que les oulémas s’adaptent à cette nouvelle situation, et l’intègrent dans leur manière d’envisager la détermination du début des mois lunaires, au lieu de continuer à opter exclusivement pour la vision de la nouvelle lune le soir du 29è jour de chaque mois, comme étant la seule méthode acceptable pour connaître le début des mois lunaires.

  3. Le monde Arabomusulman dit on était le plus moderne ,le plus évolué dans quasi tous les domaines. Andalous, Bagdad,furent les foyers de decouvertes qui ont révolutionné le monde des sciences. Comment peut-on plus de 1000 ans plus tard s’appuyer sur un pseudo hadith stipulant que le prophète aurait dit que sa communauté était une communauté d’illettrés. Il est complètement délirant de penser que la communauté musulmane protéiforme du 21e siecle est une quelconque ressemblance avec le bloc monolithique des quelques Arabes ,bédouins pour la plus part du 7e siècle. Psychorigidesi, voilà ce que nous sommes devenus. J’en chiale de dépit.

  4. Pourquoi l’auteur de l’article voudrait faire fi de la sunna? Est ce que Étre moderne ou dans son temps signifie le non respect des règles de la religion musulmane? Chers frères, soyons conséquents avec nous même et ne créons pas des débats unitiles ou des controverses sur quelque chose consensuelle et qui traversera le temps. Soyons sérieux et respectons les règles de l’Islam, les autres nous respecteront. Qu’Allah nous pardonne et nous comble de sa bénédiction. Fraternellement. Excellent ramadan à tous les musulmans et les musulmanes du monde.

  5. J’ai lu dans un livre d’Ibn Taymiya, le grand théoricien islamique du Moyen Age, qui sert de référence sur beaucoup de points théologiques aux dirigeants wahhabites d’Arabie Saoudite, que la seule chose qu’il regrettait, concernant les progrès considérables accomplis par les astronomes arabes de son temps, c’est qu’ils ne soient pas capables de dire à l’avance où et quand la nouvelle lune serait visible, permettant de déterminer à l’avance la date du début des mois lunaires.
    Aujourd’hui, et depuis quelques dizaines d’années seulement, les astronomes en sont arrivés au stade de savoir-faire et d’outillage où ils peuvent répondre de manière fiable au voeu d’Ibn Taymiya.
    Encore faut-il que nos oulémas aient envie d’exploiter les richesses qu’offre la science astronomique en ce domaine, au lieu de continuer à proclamer que seule, l’observation visuelle de la nouvelle lune fait foi.

  6. Le rituel de la nuit du doute fait partie du charme du Ramadan . Ramadan avec son sens absolu d’éducation ,de maitrise de soi . Le Ramadan comme défi de soi contre toute tentation satanique matérielle ou morale de toucher à ce qui n’appartient pas en propre , legalement . Et à combattre l’égoïsme de soi en aidant ceux qui sont dans le besoin .

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