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Bonne entente entre Mahmoud Abbas et Benny Gantz

Dimanche 29 août, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, s’est rendu à Ramallah pour rencontrer le président Abbas, 85 ans, un président élu en 2009. Il n’y avait pas eu d’entretien entre Abbas et un ministre israélien depuis onze ans. Benny Gantz, 62 ans, a fait une « belle » carrière militaire (c’est lui qui a proposé à la Knesset, en septembre 2020, une loi interdisant de restituer aux familles palestiniennes les corps des Palestiniens tués dans des heurts avec les forces israéliennes). La rencontre n’a porté, selon le cabinet du Premier ministre israélien, que sur « la coopération sécuritaire israélo-palestinienne et la stabilité sécuritaire de l’Autorité palestinienne ». Pas question de négociations politiques. 

En effet, la situation économique, sociale en Cisjordanie s’est gravement dégradée. Citons  l’économiste Patrick Karzmarczyk qui travaille avec l’Institut de recherche en économie politique de la Palestine ; le 9 août, sur le site Orient XXI, il déclarait « la Palestine au bord de l’effondrement économique ». Dès avant la pandémie de la Covid-19, la croissance économique s’est ralentie à 1,2 % en 2018 et 0,9 % en 2019 ; le déficit commercial atteignait 38 % du PIB et en 2020, les recettes fiscales ont diminué de 10 % à cause du confinement. De surcroît, le soutien des donateurs est tombé en 2020 à son niveau le plus bas depuis dix ans. Le taux de chômage atteignait 33 % en 2019 et, pour financer les dépenses les plus essentielles, l’Autorité palestinienne (AP) a réduit les salaires de ses fonctionnaires de moitié entre mai et novembre 2020. L’économiste conclut qu’une aide des institutions internationales, et en particulier du FMI, est urgente.

Au niveau politique, selon de nombreux observateurs, l’AP serait en train de perdre le contrôle de la Cisjordanie. On lira sur ce sujet l’article de l’excellent site Middleeasteye du 30 août. Report des élections législatives prévues pour mai 2021, arrestations non seulement, comme toujours, de membres du Hamas mais aussi de militants laïcs et d’intellectuels qui osent manifester pacifiquement, colère populaire qui ne retombe pas depuis le meurtre de Nizar Banat par la police palestinienne, impossibilité pour les agents de l’AP de pénétrer dans le camp de Jénine. Un sondage du début juin indiquait que 56 % des Palestiniens de Cisjordanie considéraient l’AP comme un fardeau pour le peuple palestinien. De fait, l’AP n’a plus de projet politique. Alors, Abbas négocie sa survie avec Israël.

Selon la Société de radiodiffusion publique israélienne (KAN), Benny Gantz a promis, lors de sa visite à Abbas, un prêt de 155 millions de $. Ce prêt sera remboursé par les recettes fiscales palestiniennes que le gouvernement israélien perçoit pour le compte de l’AP sur les produits importés d’Israël et de l’étranger en Cisjordanie ; soit une commission de 3 %. Mais Gantz a fait d’autres promesses : augmenter de 15 000 le nombre des permis de travail en Israël pour les Palestiniens de Cisjordanie, recruter 1 000 travailleurs supplémentaires, délivrer des permis de construire dans la zone C entièrement sous contrôle israélien, régulariser la situation de 5 000 femmes étrangères mariées à des Palestiniens de Cisjordanie. Enfin, des modifications du processus de collecte des impôts pour les Palestiniens apporteraient autour de 10 millions de shekels à l’AP.

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Aux Israéliens qui s’inquiétaient, Gantz a bien précisé que cette rencontre visait à préserver les liens entre Israël et l’AP : « Plus elle [l’AP] se renforce, plus le Hamas s’affaiblit ». On le savait déjà : Israël a besoin de la collaboration de l’AP.

Martine Sevegrand

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