A peine a-t-elle été émise que la circulaire concoctée, jeudi dernier, par la ministre de la Culture et de l’Information du Bahreïn a été retoquée par le Premier ministre, le prince Khalifa Bin Salman Al Khalifa, l’interdiction du port de l’abaya par le personnel féminin relevant du ministère de Cheikha Mai Bint Mohammad Al Khalifa étant la nouvelle pomme de discorde de la monarchie constitutionnelle.
Désireuse de revisiter le code vestimentaire traditionnel en vigueur dans le royaume en proscrivant l’abaya au sein du ministère dont elle a la charge, Cheikha Mai Bint Mohammad Al Khalifa, la première femme à avoir obtenu le prestigieux maroquin de la Culture, a subi un camouflet royal en moins de temps qu’il ne lui en aura fallu pour "civiliser l’image de son ministère", dixit le libellé de la circulaire qui fâche, ou qui promettait d'en fâcher plus d'un…
Passée à la trappe sitôt publiée, le rejet de la note de service sommant les employées du ministère de la Culture de ranger leur abaya dans l’armoire, au profit d’une tenue "modeste faisant davantage honneurà leur fonction et à la structure", a été immédiatement salué par le secrétaire général de l’association islamique, Ali Ahmad, celui-ci se réjouissant que la polémique qui enflait soit désamorcée sans tarder.
"La réponse rapide du prince Khalifa a permis, en reconsidérant la décision de la ministre de la Culture, de faire tomber les tensions qui promettaient d’être vives et préjudiciables pour la cohésion nationale", a déclaré le très reconnaissant Ali Ahmad, avant d’insister : "La fonction publique n'a jamais pris de dispositions pour un code vestimentaire précis, et par conséquent, aucune décision administrative arbitraire ne peut forcer les employés à porter des vêtements spécifiques. La plupart des femmes dans le Golfe portent les abayas traditionnelles et la décision du ministre était une insulte indirecte faite à toutes ces femmes. Il s'agit d'un mode de vie typique du golfe Persique et il doit être respecté en tant que tel. Nous sommes reconnaissants au Premier ministre de son arbitrage et de sa volonté de ne pas laisser les choses s’envenimer."
De son côté, la ministre de la Culture encensée hors des frontières du Bahreïn par un Occident qui n’a d’yeux que pour elle, mais sur la sellette chez elle, où elle ne laisse personne indifférent – à la fois louée par les intellectuels et les écrivains pour sa modernité, ses efforts constants pour promouvoir leurs travaux, et sa notoriété internationale qui rejaillit sur l’émirat, et détestée pour les mêmes raisons par les irréductibles du conservatisme parlementaire et religieux -, se justifie en arguant de la "tenue peu correcte" de certaines employées sous leur abaya. Un argument irrecevable aux yeux du Premier ministre, qui l’a balayé d’un revers de main aussi prestement qu'il a frappé de caducité sa fugace circulaire anti-abaya.
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