Manuel Valls, ministre de l’Intérieur et des cultes, s’est fendu d’une lettre de soutien adressée aux deux jeunes femmes voilées d’Argenteuil, Rabia et Leïla, qui ont été récemment victimes de l’islamophobie vengeresse et criminelle, mais ce dernier n’a pas poussé la beauté du geste jusqu’à les recevoir personnellement place Beauvau pour les assurer de sa solidarité, de sa compassion et de sa détermination à lutter contre cette hémorragie de violences racistes intolérables.
Faut-il y voir sa volonté de se démarquer de la politique de l’émotionnel dont a usé et abusé celui à qui on le compare souvent : Sarkozy ? A moins qu’il n'ait estimé que l’extrême gravité des deux agressions ne méritait pas pour autant qu’il ouvre grand les portes de son prestigieux bureau, sans oser imaginer que d’autres considérations bassement politiciennes, liées à la minimisation de l’ampleur de l’islamophobie, aient pu prévaloir…
Toujours est-il que c’est son cabinet ministériel qui a accueilli, jeudi, l’une des jeunes femmes en compagnie de son mari. Selon toute vraisemblance, il s’agit de Leïla, la jeune femme enceinte qui a perdu l’enfant qu’elle portait sous la brutalité des coups, la lycéenne Rabia étant représentée par son avocat.
«Les deux victimes ont été invitées hier : celle qui a été agressée le 13 juin est venue avec son mari mais celle qui a été agressée le 20 mai n'a pas pu venir et a été représentée par son avocat», précise le ministère. Le cabinet du ministre a rappelé «la détermination des autorités à retrouver les auteurs de ces agressions extrêmement graves» et assuré les deux femmes que «tous les moyens d'enquête seront mis en oeuvre» pour cela.
D’aucuns se félicitent de cette rencontre dans l’antichambre du pouvoir, à l’instar du président de l'Observatoire de l'islamophobie, Abdallah Zekri, qui a déclaré : "Cela prouve que le ministre a entendu notre cri de colère et compris le ressentiment qui a touché les musulmans", quand d’autres, plus circonspects, penseront que Manuel Valls a fait le minimum syndical, attendant de juger de la sincérité de son beau discours d’intention à l’épreuve du terrain et sur des actes concrets.
Le parquet de Pontoise a ouvert mercredi une information judiciaire pour «violences volontaires aggravées» concernant la première victime, et pour «violences volontaires en réunion». Un seul juge d'instruction sera chargé d'enquêter sur ces affaires.
Samedi 22 juin, à l’appel d'un collectif, un grand rassemblement silencieux aura lieu à Argenteuil, à partir de 15h, sous un seul mot d’ordre « aujourd'hui en France, l'islamophobie tue ».
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