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Bloqué depuis plusieurs semaines dans l’aéroport de Kuala Lumpur, un Syrien appelle à l’aide sur Twitter

« Je ne sais pas quoi faire, je n’ai personne pour me conseiller, pour me dire où je peux aller. Je connais des Syriens bloqués dans l’aéroport depuis un an ». C’est un ressortissant syrien en détresse, coincé depuis plus d’un mois dans un terminal de transit d’Asia Airlines au sein de l’aéroport de Kuala Lumpur, en Malaisie, qui multiplie les appels à l’aide sur Twitter et a poussé cette semaine un vibrant SOS sur Sky News, confiant son impuissance à se sortir de la terrible souricière où il est tombé.
Epuisé, tout comme le sont ses économies, par une situation devenue cauchemardesque au fil des jours, Hassan Al Kontar, 36 ans, ce directeur de marketing dont la carrière dans les assurances s’épanouissait sous le ciel radieux d’Abu Dhabi, avant que l’horreur de la guerre ne ravage son pays en 2011, ne sait plus vers qui se tourner pour mettre un terme à son calvaire.
« Son propre purgatoire », comme il le décrit sans la moindre complaisance envers lui-même, reconnaissant avoir préféré rester illégalement aux Emirats arabes Unis (son passeport avait expiré au moment même où la Syrie était à feu et à sang), plutôt que de subir les affres d’un conflit sanglant et d’une tragique complexité qui venait juste d’éclater, et allait déchiqueter sa patrie jusqu’à aujourd’hui.
C’est à partir de cet instant précis que sa vie a totalement basculé. L’heureux cadre supérieur, estimé de tous, qu’il était alors est tombé bien bas, en disgrâce, se retrouvant sans emploi et à la rue du jour au lendemain, après s’être heurté au refus irrévocable des autorités d’Abu Dhabi de renouveler son passeport. Un veto administratif lié au déclenchement de la guerre en Syrie.
« Pendant cinq ans, je me suis constamment caché de la police. J’ai été relégué au rang misérable d’un sans-abri, je sais ce que cela signifie d’avoir faim pendant des jours », a-t-il relaté, visiblement marqué par l’épreuve de sa descente aux enfers, en précisant qu’en 2017, il a fini par être expulsé des EAU. Deux choix s’offraient à lui : retourner chez lui, sur une terre dévastée et lourdement endeuillée par un interminable conflit, ou aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte, en Malaisie notamment, l’un des rares pays qui acceptent les Syriens sans visas.
Un cruel dilemme que Hassan Al Kontar admet, en faisant acte de contrition, avoir rapidement tranché. Il a en effet décidé de tenter sa chance sous des cieux malaisiens plus cléments ou, du moins, qui s’annonçaient comme tels. Malheureusement, à l’expiration de son visa trois mois après son arrivée, sa situation personnelle s’est à nouveau extraordinairement complexifiée, jusqu’à redevenir un intrus indésirable sans papiers.
Mais alors vers quel havre de paix partir ? L’Equateur s’est imposé à lui comme la meilleure et plus hospitalière des destinations, s’il n’y avait eu une petite ombre au tableau : sillonner le vaste monde, quand on est un ressortissant syrien sans visa, peut s’avérer être une aventure très hasardeuse…
Hassan Al Kontar l’a appris à ses dépens, puisque Turkish Airlines, la compagnie aérienne qui devait lui permettre, le 28 février dernier, de rallier Kuala Lumpur à Quito, la capitale de l’Equateur, lui a interdit d’embarquer à bord de son appareil, sans autre forme de procès.
Il avait dû puiser dans ses maigres ressources, qui s’amenuisaient petit à petit, la somme substantielle de 1 800 euros pour acheter le billet censé lui ouvrir de nouveaux horizons. Volatilisés à l’air libre les 1 800 euros, tandis que lui, qui rêvait de s’envoler au-dessus des nuages, est resté sur le tarmac de l’aéroport !
Désormais, il n’a pour seul horizon que le terminal de transit d’Asia Airlines, dans l’aéroport international de Kuala Lumpur, où il est pris au piège depuis plusieurs semaines. « Pendant les sept premiers jours, j’ai essayé de me nettoyer d’une manière ou d’une autre en utilisant les toilettes, si petites et si froides que je ne peux pas prendre de douche, je ne peux pas sécher mes vêtements si je les lave. Je n’ai plus d’intimité, de vie privée dans cet aéroport », explique-t-il, en laissant percevoir son profond désarroi.
Un désarroi que les fonctionnaires des Nations Unies, avec lesquels il a pu récemment s’entretenir, n’ont nullement apaisé, ces derniers se disant incapables de résoudre son cas.
Seule fenêtre ouverte sur l’extérieur, Twitter est non seulement un précieux exutoire pour exorciser ses angoisses, cloîtré dans un oppressant no man’s land, mais aussi pour alerter le monde sur sa situation d’enfermement qui s’enlise.
Ses appels au secours ont fini par être entendus de Phil Robertson, le directeur Asie de Human Rights Watch, qui vient d’exhorter la Malaisie « à faire preuve de compassion et à lui fournir une aide humanitaire ». « Le gouvernement malaisien devrait s’assurer que le HCR puisse l’interroger rapidement et efficacement et statuer sur sa demande d’asile », a-t-il déclaré, ajoutant sur un ton pressant : « S’il est reconnu réfugié, il est urgent que la Malaisie lui permette de se réinstaller dans un pays tiers sans entrave ».

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