Le 8 mai dernier, nous étions plusieurs milliers de personnes à défiler derrière la banderole des Indigènes de la république pour dire notre colère contre le racisme et l’ensemble des discriminations ethniques, culturelles et religieuses dont sont victimes les populations issues de l’immigration postcoloniale. Nous avons dénoncé les mensonges de la république qui se prétend égalitaire alors que nous continuons d’être traités comme des citoyens de seconde zone. Nous avons dit : sous de nouvelles formes, la république nous traite comme elle traitait ceux qu’elle appelait les « indigènes » dans ses colonies. Aujourd’hui, parce que nous sommes noirs, arabes ou musulmans, parce que nous habitons les quartiers populaires, nous sommes toujours les indigènes de la république.
L’année qui s’est écoulée depuis la première Marche du 8 mai a vu se multiplier les discours racistes présentant les Noirs, les Arabes et les musulmans comme des barbares qui menaceraient la France par leurs coutumes et leurs cultures, incompatibles avec la « civilisation » et la « démocratie ». Nous serions inaptes au travail, incapables de poursuivre une scolarité normale, violents, portés à la délinquance. Sarkozy l’a résumé : nous serions de la « racaille » ! Tout cela s’est traduit pratiquement dans la loi qui présente la colonisation comme une « œuvre positive » et dans un chapelet de mesures censées nous apprendre le « civisme » et les « valeurs de la république » ; c’est-à-dire, poursuivre en France même, la soit-disant « œuvre positive » réalisée dans les colonies.
La vérité de cette « œuvre positive », c’est la ségrégation raciale, les discriminations à l’embauche et au logement, la relégation scolaire, la traque policière au faciès, le quadrillage des banlieues, une justice qui fonctionne à deux vitesses, c’est le mépris pour nos cultures et nos pratiques religieuses, c’est l’humiliation de nos parents, c’est l’absence de respect. A la révolte légitime des quartiers, le gouvernement a répondu par la répression et le couvre-feu colonial.
Il a répondu par la « loi sur l’égalité des chances » qui creuse les inégalités, renforce la précarité des jeunes et la déscolarisation, fait porter à nos parents et nos familles la responsabilité des crises et des échecs que lui-même organise. Il a répondu par une loi qui précarise encore plus la situation des travailleurs immigrés et de leurs famille ; qui condamne les sans-papiers à rester éternellement sans papiers, une loi qui prétend choisir les « bons » immigrés, utiles au patronat et qu’on rejettera à la mer quand celui-ci n’en aura plus besoin.
Face à l’immense mobilisation de la jeunesse, le gouvernement a retiré le CPE mais il a maintenu les autres articles de la loi ultra-libérale et raciste sur « l’égalité des chances ». Cela prouve qu’il est possible de gagner et qu’il faut poursuivre la mobilisation pour obtenir son abrogation totale ainsi que le retrait de la loi sur les conditions d’entrée et de séjours des étrangers qui transforme les sans-papiers en esclaves de patrons sans scrupules.
C’est pourquoi nous placerons la Marche du 8 mai prochain sous le signe de Toussaint Louverture, héros de la lutte contre l’esclavage.
Pour l’amnistie des révoltés d’octobre-novembre 2005 et des personnes inculpées à la suite des manifestations contre le CPE !
Abrogation de la loi pour l’égalité des chances !
Abrogation des articles colonialistes de la loi du 23 février 2005 !
Non, à la loi sur l’immigration jetable !
Dignité ! Egalité ! Justice !
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