Si Twitter a révolutionné la communication virtuelle en abolissant les frontières et les longs discours, il privilégie également une liberté d’expression sans garde-fous, gazouillant à tout-propos, de manière lapidaire et épidermique, qui culmine souvent dans le lynchage verbal, dont la liberté de tout dire et ses « twittos » désinhibés ne ressortent pas grandis.
C’est cette amère expérience que vient de vivre le chanteur Benjamin Biolay, lequel croyait naïvement pouvoir aller à contre courant de la bien-pensance politico-médiatique sur l’Irak, en exprimant, en toute liberté, une opinion inaudible au sujet de la livraison d’armes française aux Kurdes.
Bien mal lui en a pris, car sa petite phrase (voir ci-dessous) estimant que les ardents partisans de cette décision gouvernementale sont « pathologiquement islamophobes », précédée d’un message choc dans lequel il dénonçait des pseudos-patriotes accros à « une mode » en ces termes : "C'est très à la mode. Ils doivent être contents qu'on arme les Kurdes, non ?", en indiquant qu’il serait préférable de "donner de son temps ou de son argent, ou les deux", s’est attirée les foudres des inconditionnels des clics intempestifs et fiévreux, qui ont fait voler en éclats les grands principes du débat contradictoire en se répandant en insultes et en menaces.
L’histoire, fâcheuse mais révélatrice du climat ambiant et des dérives de Twitter, ne dit pas si l’artiste regrette ce jour du 19 août, où il s’était interrogé en toutes lettres sur « ces petits lettrages chelous sur les profils de beaucoup de comptes de ‘patriotes'? merci d'avance». Ses abonnés ne tardèrent pas à éclairer sa lanterne, en lui expliquant qu’il s’agit là d’un symbole de solidarité avec les Chrétiens d’Irak.
En tout cas, il semble bien que Benjamin Biolay ait juré que l’on ne l’y reprendrait plus, si l'on en juge par son ultime tweet disant adieu à Twitter, exutoire des ressentiments haineux, et par là même à ses 23 000 abonnés : "c'est de mieux en mieux… c'est ça twitter??? bye bye", a-t-il signé en tirant sa révérence, ou du moins ce qui y ressemble.
Voici les messages qui ont déchaîné Twitter, suivis de la réponse ordurière et extrêmement agressive d'un twittos parmi tant d'autres :
Brigade Patriote ن @Titifoso
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Écoute ordure de collabo @Benjamin_Biolay pour tes tweets de chien soumis a la libé on te pendre
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