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Plus de 400 responsables musulmans font cause commune contre le terrorisme à l’Institut du Monde Arabe

Dimanche fédérateur et univoque à marquer d’une pierre blanche, qualifié d’« historique » par le président du CFCM, Anouar Kbibech, le maître d’œuvre d’un « Rassemblement citoyen des Musulmans de France » s’élevant au-dessus de tous les clivages, plus de 400 responsables musulmans de sensibilités différentes,  jugées même irréconciliables, se sont réunis ce 29 novembre à l’auditorium de l’Institut du Monde Arabe (IMA), quinze jours après un vendredi 13 novembre entré tragiquement dans les annales du terrorisme en France.
Dans un Hexagone placé sous état d’urgence, tous ont condamné comme un seul homme ces  “actes barbares qui ne peuvent se réclamer d’aucune religion, d’aucune cause, d’aucune valeur humaine”, en réaffirmant leur attachement indéfectible au pacte républicain.  “En nous réunissant tous, nous voulons crier haut et fort notre condamnation de ces actes“, a clamé Anouar Kbibech, dont la volonté de manifester sur la voie publique, devant la Grande Mosquée de Paris, a été contrariée par l’état d’urgence décrété pour trois mois, le CFCM optant alors pour la tenue d’un grand rassemblement dans l’enceinte de l’IMA.
En présence du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, les représentants de dix fédérations et cinq grandes mosquées ont serré les rangs, unis « tous ensemble contre le terrorisme », sous l’impulsion d’un CFCM qui a fait taire les dissensions intestines mais aussi ses détracteurs, qui lui reprochent habituellement sa faiblesse.

Ce grand rassemblement s’est ouvert par la lecture en arabe de quelques versets du Coran et s’est conclu par une Marseillaise. Le CFCM, les dix fédérations et cinq grandes mosquées ont proclamé en fin d’après-midi un “Manifeste citoyen des Musulmans de France“, symboliquement par la voix d’un jeune, Rachid Sekkour. Le texte exprime notamment un “attachement profond au pacte républicain et aux valeurs universelles qui fondent notre République“.

De son côté, le ministre de l’Intérieur, qui a perçu cela comme “une déclaration d’amour à la République et à la France”, a justifié les “mesures nouvelles” mises en oeuvre dans le cadre de l’état urgence, en réponse à un intervenant qui l’a interpellé sur les dérives de “perquisitions musclées”. Ce dernier a également tenu à rassurer son auditoire sur la “même détermination sans faille” dont fera preuve le gouvernement à l’égard de ceux qui pourraient “s’en prendre à nos compatriotes musulmans”, déplorant que 35 actes islamophobes aient été recensés dans les dix jours qui ont suivi le 13 novembre, un nombre “heureusement” plus faible que ceux (116) constatés dans le même laps de temps après l’attentat commis contre Charlie Hebdo.

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Les 9 points clés du Manifeste citoyen des Musulmans de France :

1. Notre attachement profond au pacte républicain et aux valeurs universelles qui fondent notre République ainsi que notre attachement au principe de laïcité garant de la liberté de conscience et du respect de la diversité des convictions et des pratiques religieuses.
2. Que notre foi invite à la paix, à la justice, à la fraternité, à la solidarité et à l’amour du prochain sans distinction de religion, de couleur ou d’origine.
3. Que les crimes odieux commis partout dans le monde, et en grande majorité à l’encontre de musulmans, par l’organisation terroriste Daech sont en totale contradiction avec les principes et les fondements même de notre religion. Ces actes blessent notre foi et notre humanité.
4. Réitérer notre appel aux rares jeunes de France tentés par l’idéologie mortifère du terrorisme, à prendre conscience de la gravité des crimes dont ils se rendraient complices ou coupables, ainsi que de la lourde responsabilité, devant Dieu et devant l’humanité, d’un tel engagement.
5. Notre appel aux parents à s’investir davantage dans l’éducation de leurs enfants qui sont confrontés à des réalités complexes et difficiles et à des risques accrus, notamment via internet et les réseaux sociaux.
6. Notre appel aux imams qui prêchent dans nos différentes mosquées à porter et à prêcher un islam qui allie l’adhésion à notre foi et sa pratique aux valeurs humaines qui fondent notre société.
7. Que le dialogue interreligieux est une nécessité pour notre unité et notre cohésion. Ce dialogue doit se traduire au sein de nos lieux de culte et de nos familles par un discours d’estime et de respect envers nos concitoyens de toutes confessions et de toutes convictions, croyants ou non croyants.
8. Dénonçons les actes islamophobes qui visent des personnes et des lieux de culte musulman, appelons les pouvoirs publics à renforcer les moyens de lutte contre ces actes et appelons les victimes à ne pas céder à la provocation et à faire confiance à la justice de leur pays.
Nous saluons l’appel des institutions religieuses et civiles de notre pays à la vigilance contre tout amalgame qui transformerait la lutte contre le terrorisme en une stigmatisation des musulmans de France.
9. Dans cette période difficile et douloureuse que traverse notre patrie, nous, musulmans de France, appelons les femmes et hommes politiques, journalistes et intellectuels à faire preuve de davantage de discernement et à éviter de stigmatiser les musulmans de France, leurs rites ou leurs pratiques qui s’exercent dans le strict respect des lois républicaines qui garantissent la liberté religieuse.

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