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“Peut-on être une femme indépendante et une bonne musulmane ?”, interroge une journaliste britannique musulmane

Passée avec aisance de l’enseignement, sa première passion, à la télévision, sa nouvelle vocation, la Britannique Mehreen Baig est une militante dans l’âme qui s’est toujours sentie solidaire des  autres femmes musulmanes, quels que soient leur parcours personnel ou cheminement intime, leurs convictions profondes ou leurs doutes naissants, qu’elles soient voilées ou non, rêvant d’une carrière professionnelle ou nourrissant d’autres aspirations.

Promise à un bel avenir sur la BBC One, la présentatrice qui monte se sent investie d’une véritable mission d’utilité publique : offrir un espace d’expression à ses coreligionnaires dont la parole est par trop confisquée, quand elle n’est pas déformée, les inciter à aborder des sujets délicats, voire à briser des tabous, et montrer à l’ensemble de ses concitoyens qui ne perçoivent l’islam qu’à travers le prisme des préjugés, qu’elles ne forment pas un bloc monolithique.

Mehreen Baig posant avec l’activiste féministe Yassmin Abdel-Magied

Avec une approche très pédagogique, Mehreen Baig, l’ex-professeure d’anglais reconvertie en journaliste, a décidé de braquer les projecteurs sur un panel représentatif de femmes musulmanes dans le cadre de son émission « Islam, Women and Me », taraudée par une question cruciale à ses yeux : peut-on être, comme elle, « une femme indépendante et une bonne musulmane » ?

A 28 ans, cette ardente défenseuse des droits des femmes en général, et de l’autonomisation des jeunes musulmanes en particulier, qui a grandi en respectant des règles de vie très strictes, sans savoir vraiment si elles relevaient plus du cultuel que du culturel, aimerait éclaircir un point fondamental : « la religion musulmane est-elle intrinsèquement féministe ou sexiste ? ».

Et c’est de la bouche des principales concernées, et seulement d’elles, qu’elle veut connaître la vérité ou à tout le moins leur part de vérité. « Certaines personnes prétendent que vous ne pouvez pas être une femme forte et autonome parce que l’islam est par nature oppressif, tandis que d’autres affirment le contraire », explique Mehreen Baig.

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Mehreen Baig assiste à un Conseil de la charia statuant sur les divorces demandés par des femmes

« Il est déjà difficile de trancher entre ces deux perceptions totalement opposées, mais c’est peut-être pire encore pour la jeune génération. Les jeunes filles musulmanes d’aujourd’hui entendent tellement de choses négatives sur le fait d’être une femme musulmane et une citoyenne britannique, presque comme si les deux ne pouvaient pas aller de pair », déplore-t-elle, en indiquant qu’au cours de ses nombreuses rencontres, une femme lui a révélé, la mort dans l’âme, que sa foi avait été grandement fragilisée par le climat délétère ambiant.

« Cette conversation fut difficile, empreinte de tristesse, mais elle a soulevé des questions très pertinentes », poursuit Mehreen Baig. Eternellement en quête de réponses, elle confie ne plus  supporter qu’on lui pose la petite question récurrente, méprisante et blessante : « Comment  pouvez-vous faire partie d’une religion si sexiste ou par essence misogyne? ».

A l’approche de la diffusion de son émission dont elle attendra fébrilement la courbe d’audience, elle nourrit l’espoir qu’elle saura éveiller l’intérêt des téléspectatrices à qui elle s’adresse directement, mais aussi du grand public britannique dans la diversité de ses composantes.

 

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