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Noor Inayat Khan, l’héroïne musulmane de la Seconde Guerre mondiale

Femme d’exception, dont l’héroïsme aux heures les plus sombres de la barbarie nazie a été et demeure une source d’inspiration inépuisable, l’Indienne de confession musulmane Noor Inayat Khan a été célébrée et citée en exemple en Floride, lors d’un récent colloque organisé en hommage à sa grande leçon de foi et de courage offerte au monde.

Le colloque de Jacksonville à la mémoire de Noor Inayat Khan  

Celle qui, à l’âge de tous les possibles, allait choisir de se dresser contre l’invasion des chemises brunes, sans jamais trembler au son de leurs bruits de bottes, s’illustrant comme l’un des meilleurs agents secrets de l’unité des Opérations spéciales créée par Winston Churchill, naquit à Moscou, en 1914, dans une famille princière et soufie, se nourrissant dès sa plus tendre enfance des différences de ses deux parents.

Fille de Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan, un mystique soufi indien, qui fut invité en Russie par Raspoutine pour partager avec le tsar Nicolas II de Russie la doctrine soufie de paix et d’amour, et de Ora Ray Baker, une Américaine convertie à l’islam, cousine de Mary Baker Eddy, fondatrice en 1879 du mouvement religieux Science chrétienne, la ravissante Noor Inayat Khan fit ses premiers pas dans une maison emplie de spiritualité, où le dialogue interconfessionnel était privilégié, stimulé, et sans cesse revivifié. Après une enfance londonienne, son adolescence eut pour cadre la Ville Lumière, où elle se familiarisa avec la langue de Molière, envisageant sérieusement une carrière d’auteur de contes pour enfants, avant que la Seconde Guerre mondiale ne l’emportât vers son destin.

Après avoir reçu une solide formation d’opérateur de téléphonie mobile en Grande-Bretagne, la jeune femme de 29 ans fut jugée apte au service, et en 1943, pour sa plus grande fierté, elle rejoignait l’équipe de fins limiers des opérateurs radios clandestins de Sa Gracieuse Majesté, non pas pour jouer les Mata Hari, mais pour rivaliser de bravoure avec la gent masculine sur le terrain, notamment à Paris.

Au cours de plusieurs mois de clandestinité très périlleuse où elle informait Londres des parachutages et de l’évolution des réseaux de résistance, refusant obstinément de rallier la Grande-Bretagne, alors que ses camarades avaient été arrêtés par la Gestapo, Noor Inayat Khan, restée seule à Paris pour diriger un réseau d’espions, força l’admiration de ses supérieurs et aurait certainement gagné du galon si elle n’avait été dénoncée en août 1943, puis capturée, et jetée dans un train de la mort vers la destination de la « solution finale » : Dachau.

Plongée dans l’enfer du camp d’extermination de sinistre mémoire, la combativité de Noor Inayat Khan, loin d’être émoussée, en fut revigorée, les barbelés concentrationnaires n’étant fait que pour être coupés, ce qu’elle s’employa à faire lors de deux tentatives d’évasion spectaculaires, mais qui hélas échouèrent, lui valant des représailles nazies sans pitié : maintenue à l’isolement, enchaînée et torturée pendant neuf mois, elle fut finalement fusillée à Dachau, sans jamais avoir trahi les siens, ni pactisé avec l’ennemi, mais en criant « Liberté ». Elle venait d’avoir trente ans.

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Dimanche 5 octobre, l’Université Nord de Jacksonville, en Floride, a rendu un vibrant hommage posthume à cette grande figure musulmane de la Seconde guerre mondiale, qui n’a reculé devant aucun sacrifice, pas même celui de sa vie, devant un auditoire multiconfessionnel, composé d’étudiants et de personnalités de tous les horizons, avides de faire de ce monde un endroit meilleur, la main tendue vers l’autre et non vers la  hache de guerre.

Nous voulons que nos politiciens cessent de faire parler les armes et apprennent à faire la paix“, a clamé haut et fort l’un des intervenants, tandis que Parvez Ahmed, un membre du corps professoral, honorait la mémoire de Noor Inayat Khan et appelait avec force à marcher sur ses pas : “J’aimerais que la détermination, le courage, le sacrifice de Noor, mais aussi son ouverture d’esprit, sa tolérance, sa foi en Dieu et dans l’homme nous inspirent tous, à chaque instant de notre existence.”

Ce colloque de haut vol et résolument fédérateur fut l’occasion d’annoncer la création du prix spécial le “Inayat Khan Award” afin de récompenser chaque année un ou plusieurs étudiants particulièrement méritants, selon des critères de sélection qu’aurait pleinement approuvés l’héroïne musulmane passée à la postérité.

Décorée à titre posthume de la Croix de George, la médaille civile la plus élevée pour la bravoure et le sacrifice en Grande-Bretagne, ainsi que de la Croix de Guerre française avec étoile d’or, sans oublier la plaque commémorative portant son nom à Dachau, et la statue à son effigie érigée en 2012 au cœur de Londres, à Gordon Square, avant d’être hissée sur le piédestal d’unique héroïne de guerre musulmane de Grande-Bretagne, comme l’a récemment mis en lumière The Guardian, Noor Inayat Khan est bel et bien entrée dans la légende.

Le buste de bronze, à l’effigie de Noor Inayat Khan,
dévoilée par la Princesse Anne d’Angleterre en 2012

Par la rédaction.

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