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Une mosquée dirigée par des femmes a ouvert ses portes en Californie

Rabi'a Keeble, the lay leader behind the Qal'bu Maryam Women's Mosque which held its first service on Good Friday, is pictured at the Starr King School for the Ministry in Berkeley, California, U.S., April 14, 2017. REUTERS/Lisa Fernandez - RTX35LXL

Les plafonds de verre ne sont faits que pour être brisés, c’est mue par cette conviction profonde et encouragée par l’ouverture insufflée en 2015 par la création de la mosquée pour femmes de Los Angeles, pionnière en la matière, que Rabia Keeble, 40 ans, a fondé la mosquée Berkeley dans une Californie réputée pour son progressisme.
Le vent du changement souffle sur la gestion du culte musulman dans un ciel californien sans nuage ou presque, sous l’impulsion d’associations féminines qui plaident constamment pour repenser et revaloriser la place des femmes à l’intérieur des enceintes sacrées.
Emboîtant le pas à la mosquée de Los Angeles, exclusivement faite par et pour la gent féminine, la mosquée Qal’bu Maryam Women s’en démarque toutefois en ouvrant grand ses portes aux fidèles masculins, ainsi qu’aux Américain(e)s de toutes confessions.
Une spécificité qui en fait un lieu de culte unique en son genre aux Etats-Unis et suscite une vive curiosité, au point que son office religieux inaugural a créé l’événement vendredi dernier pour la plus grande satisfaction de celle qui en est à l’origine et désormais aux commandes.

Chrétienne convertie à l’islam, Rabia Keeble, diplômée en théologie musulmane, se fait la fervente avocate du droit à se recueillir dignement pour les femmes dans les mosquées et appelle à en finir avec la séparation hommes/femmes qui conduit à la mise à l’écart du sexe dit faible, relégué dans des « salles froides et humides ». Cherchant à éveiller les consciences, elle cite en exemple le Prophète (saws) et l’amour, pétri de respect, qu’il portait aux femmes. « Nous devons marcher sur ses traces et nous aimer les uns les autres », exhorte-t-elle avec force.
Alors qu’une cinquantaine de fidèles, femmes et hommes, ont assisté à la grande prière collective du vendredi dirigée par une femme, auxquels se sont joints avec un intérêt aiguisé des citoyens d’obédience chrétienne et juive, l’épineuse question de savoir si une musulmane est autorisée à remplir la fonction d’imam a de nouveau fait débat, deux ans après la controverse houleuse déclenchée par l’édification de la mosquée pour femmes de Los Angeles.
« Les hommes sont conditionnés pour croire que les voix des femmes séduisent et que s’ils entendent leurs voix, ils seront inexorablement entraînés vers la fornication », déplore grandement Rabia Keeble, en conseillant au sexe dit fort “d’apprendre à penser par soi-même”.
Pour Mohammad Sarodi, 70 ans, l’ancien président de l’Association musulmane de Santa Clara, la question ne souffre aucune discussion : il ne participera jamais à des prières menées par des femmes. « Si les femmes dirigent des prières pour les femmes, très bien. Mais si elles officient devant les hommes, alors là j’y suis totalement opposé. Je n’ai jamais entendu un savant se prononcer dans ce sens. Ce n’est pas acceptable et cela ne veut pas dire que les femmes sont inférieures, mais juste que ce n’est pas à elles qu’incombe cette mission », a-t-il commenté.
En dépit de la sourde réprobation qui gronde, Rabia Keeble ne l’entend pas de cette oreille, persuadée que l’heure du changement et de l’autonomisation des femmes musulmanes a sonné sur une terre californienne avant-gardiste par excellence.

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