Comment gommer les aspérités, aussi rugueuses que terrifiantes, qui entachent l’image du tout-puissant Mohammed Ben Salmane ?
C’est à cette lourde tâche que s’attelle une Arabie saoudite éclaboussée par l’affaire Khashoggi, à l’heure où le masque de grand réformateur de son prince héritier s’est craquelé de toutes parts, révélant le visage d’un bourreau impitoyable.
Et pour parvenir à redorer son blason à tout prix, à défaut de pouvoir laver le sang qu’il a sur les mains, la monarchie saoudienne n’hésite pas à utiliser des enfants, l’innocence personnifiée, en vue de le faire passer pour un gentil aux yeux d’un monde qui l’a rangé dans la catégorie des méchants, très méchants…
L’effervescence des grands jours régnait à Hail, le 10 novembre dernier, dans la somptueuse demeure d’un membre de la famille royale, pour immortaliser l’instant où MBS, tout sourire, poserait aux côtés de mignons bambins. Parmi eux, le petit Saud Al Ali allait lui servir de précieux faire-valoir.
Selon la jolie histoire officielle, le jeune garçon était, dit-on, impatient de rencontrer le prince idéalisé, et plus encore, de réaliser un selfie avec lui, afin de garder un souvenir impérissable de ce moment magique.
Aussitôt prise, aussitôt postée sur les réseaux sociaux, la photo de leur belle complicité a été très partagée sur une cybersphère saoudienne qui a découvert, avec ravissement, une facette méconnue de son prince.
La ficelle est grosse, voire même très grosse, mais peu importe ! Nous faire prendre des vessies pour des lanternes, telle est la stratégie d’image mise en œuvre par le royaume saoudien pour disculper son prince d’un crime barbare, et occulter ses autres crimes de guerre commis dans un Yémen où les enfants meurent de faim.
A voir ou à revoir, nos deux vidéos consacrées à la défunte petite yéménite, Amal Hussain, et à la fin tragique de Jamal Khashoggi.