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L’Otan, la Russie et les avatars du nucléaire arabe

Nucléaire-Monde arabe (4/4)

1- La sanctuarisation d’Israël

Le monde arabe et l’Iran sont entourés de quatre puissances nucléaires (Russie, Inde, Pakistan, Israël), mais la stratégie atlantiste a constamment visé à édifier un Moyen- Orient dénucléarisé, à faible capacité balistique, placé sous la coupe atomique d’Israël; un pays qui dispose pourtant d’un arsenal de près de deux cents ogives à charge nucléaire, soustrait à tout contrôle international.

La position méprisante américaine à l’égard de la Jordanie relève de ce dessein, tout comme le projet mort-né de Nicolas Sarkozy d’Union Pour la Méditerranée (UPM) visant à substituer l’Iran à Israël, comme principal ennemi du monde arabe. Dans un renversement de tendance sans pareille dans l’histoire, l’Iran, voisin millénaire des Arabes serait ainsi hissé au rang d’ennemi héréditaire, et Israël, considéré pourtant par les Palestiniens et la majorité des pays du tiers monde comme l’usurpateur de la Palestine, comme leur plus vieil allié traditionnel.

2 – Les ambiguïtés de la position française sur le nucléaire arabe.

La France, un des grands pollueurs atomique de la planète, équipementier du centre atomique de Dimona (Israël), de l’Afrique du sud du temps de l’Apartheid et de l’Iran impériale via le consortium Eurodif, par ailleurs co- belligérant d’Israël contre l’Égypte (Suez 1956), de l’Irak contre l’Iran (1979-1989) et des États Unis et du Royaume Uni contre la Syrie (2018), est fortement réticente à engager un partenariat atomique avec les pays arabes, du fait de leur position limitrophe d’Israël , qui la handicape en raison du lourd passif de Vichy et de la collaboration nazie anti juive.

A- Le cas de l’Irak

Co-belligérante de l’Irak dans sa guerre contre l’Iran (1979-1989), la France a amorcé une timide coopération dans le domaine nucléaire avec l’Irak baasiste de Saddam Hussein. Elle demeurera toutefois inerte lors du sabotage du réacteur expérimental, -en fait deux cœurs en acier de réacteurs nucléaires commandés par l’Irak à la France-, sur le site des Constructions industrielles de la Méditerranée (Cnim), à Brégaillon à La Seyne (Var), en 1979.

Récidiviste, elle sera amorphe lors de la destruction du site nucléaire de Tammouz, en juin 1981, tout en percevant pleinement le montant des deux contrats. Une opération hautement rentable pour le complexe militaro-industriel française. Dupé, Saddam Hussein cherchera à compenser cette perte en développant une capacité balistique chimique de dissuasion. Il en paiera le prix au titre de dommage collatéral du raid terroriste contre les symboles de l’hyperpuissance américaine, le 11 septembre 2001, pourtant mené par un commando de 19 membres dont quinze de nationalité saoudienne et aucun irakien. Son pays sera envahit, en 2003, son régime détruit, son parti éradiqué et lui même pendu.

En superposition à la destruction des deux installations nucléaires, l’Irak subi une hécatombe scientifique avec l’exécution de 130 universitaires, savants et chercheurs.

B- La Syrie

Du fait du primat nucléaire israélien, la Syrie, elle aussi, a payé un lourd tribut pour son accession à la technologie nucléaire avec l’assassinat de deux des responsables de son programme atomique: Le général Aziz Esber, directeur du centre des recherches scientifiques de Syrie, assassiné au moyen d’une voiture piégée dans la localité de Missiaf, dans la province de Hama, le 4 aout 2018, au lendemain de la défaite des djihadistes du sud de la Syrie (Dera’a, Suneitra). Son prédécesseur, quatorze ans plus tôt, le Général Mohamad Soleymane, en charge du programme nucléaire syrien, avait été liquidé depuis la mer en 2004 à Tartous, alors qu’il se prélassait dans sa villa du bord de mer.

c- Le cas de la Libye

Éternel trublion de la diplomatie occidentale en Afrique, piètre stratège, général d’opérette et de parade, Mouammar Kadhafisera aura été un parfait dindon d’une farce dont il aura été un acteur majeur. Un blocus draconien de dix ans (1992-2002) aura raison de sa résistance. Kadhafi livrera son plus proche collaborateur à la justice internationale en tant que victime expiatoire de l’attentat de Lockerbie, avant de basculer lui-même sous les fourches caudines américaines, trop heureux d’échapper au sort funeste de l’irakien Saddam Hussein.

En décembre 2003, en une opération apparue comme une capitulation en rase campagne, Kadhafi s’abandonnera aux Américains livrant sans coup férir la totalité de son programme nucléaire à l’administration néo-conservatrice du président George Bush jr, dévoilant du même coup tout un pan de la coopération des pays arabes et musulmans (Pakistan, Iran, Syrie) dans le domaine de la technologie nucléaire.

Pour prix de cette forfaiture, Kadhafi gagnera un sursis de 6 ans. Il sera honoré par Nicolas Sarkozy qui tolérera- fait exceptionnel- l’installation d’une tente arabe dans le périmètre de l’Élysée en l’honneur du guide la révolution libyenne, avant que le meute atlantique, menée par la France, ne se déchaine contre lui, le déloge de sa capitale Tripoli, le traque, et pour finir par le livrer à la hargne vindicative de ses ennemis et de confier le pays, aux islamistes libyens d’Afghanistan et l’imposition corrélative de la Chariah, à quelques encablures du flanc méridional de l’Europe.

D- Le cas de la Jordanie

Areva écarté du marché jordanien: Un gisement de 20.000 tonnes d’uranium

En 2010, la Jordanie avait signé un accord avec Areva accordant au géant nucléaire français des droits exclusifs pour l’exploitation de l’uranium dans le centre de la Jordanie. A l’époque, des responsables jordaniens avaient indiqué qu’Areva, qui a commencé ses explorations dans le centre de la Jordanie en 2008, pourrait extraire quelque 130.000 tonnes d’uranium des 1,2 milliard de tonnes de réserves de phosphate du royaume. Une découverte fruit de la coopération entre Areva et Jordan Energy Resources Incorporated, en vertu d’un partenariat scellé en 2010.

Contre toute attente, sans qu’il ait été possible d’établir le moindre lien de causalité entre la position américaine hostile à toute prolifération, surtout dans les pays limitrophes d’Israël, et la vulnérabilité des entreprises françaises face aux pressions américaines, le partenariat franco jordanien a été subitement rompu, alors que le Royaume hachémite cherche à développer l’énergie nucléaire pour satisfaire ses besoins intérieurs croissants en électricité.

La Jordanie a en effet annoncé avoir annulé la licence d’exploitation d’uranium attribuée à Areva, lui reprochant d’avoir transmis des informations sous-estimant la quantité de minerai découvert. « La licence de la Jordanian French Uranium Mining Company (JFUMC) l’autorisant à exploiter des mines d’uranium dans le centre de la Jordanie est désormais nulle », a fait savoir la Commission jordanienne pour l’énergie atomique. » L’entreprise n’a pas remis ses rapports à temps, et les découvertes d’uranium qu’elle a annoncées étaient inexactes, » a expliqué la commission dans un communiqué.

Mais la Commission Jordanienne pour l’Énergie Atomique a indiqué avoir « embauché une importante firme australienne pour réévaluer les ressources en uranium, et celle-ci a découvert que les ressources atteignent le double du montant annoncé par la JFUMC ».

« L’annulation de la licence n’entraîne aucune responsabilité financière ou légale pour aucune des parties. La Jordanian French Uranium Mining Company devra assumer le coût d’exploration de 20 millions de dinars (28 millions de dollars) », a-t-elle souligné.

Le royaume, constitué à 92% de désert, est l’un des 10 pays les plus secs de la planète, et cherche à développer l’énergie atomique afin d’alimenter des usines de dessalement de l’eau.

La Jordanie importe 95% de ses besoins en énergie. Elle veut développer des alternatives au gaz égyptien qui couvre habituellement 80% de ses besoins pour produire de l’électricité mais dont l’approvisionnement a été interrompu à plusieurs reprises depuis 2011 en raison d’attaques contre le gazoduc reliant l’Egypte à la Jordanie et Israël.

Les principaux pays producteurs d’uranium dans le monde sont le KazakHstan (4 mines à ciel ouvert), le Canada et l’Australie. Ils totalisent les deux tiers de la production mondiale d’uranium. La production d’uranium a atteint 56,2 milliers de tonnes, en 2014. Le gisement d’Arlit (Niger-Areva) produit 5 pour cent de la production mondiale est en baisse de 5,7% par rapport à 2013.

E- Les Émirats arabes Unis, en tête du peloton arabe.

Contre toute attente, les Émirats Arabes Unis se sont hissés en tête du peloton pour l’exploitation de l’énergie nucléaire dans le Monde arabe. La centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe, a en effet reçu le feu vert pour son exploitation le 17 Février 2020. «L’Autorité fédérale de régulation nucléaire (FANR) a approuvé la délivrance à l’entreprise Nawah de la licence d’exploitation du réacteur 1 de la centrale», a déclaré le représentant permanent des Émirats à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Hamad Alkaabi, lors d’une conférence de presse à Abou Dhabi.

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Fondée en 2016, Nawah Energy Company exploitera et entretiendra, à terme, les quatre réacteurs de la centrale de Barakah, dans le nord-ouest du pays. L’installation a été construite par un consortium mené par Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) et le coréen Korea Electric Power Corporation (KEPCO), pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars (22,5 milliards d’euros).

Le premier des quatre réacteurs devait être mis en service fin 2017, mais la date de démarrage a été reportée à plusieurs reprises pour satisfaire, d’après les responsables, aux conditions légales de sécurité. Lorsqu’ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront la capacité de produire 5.600 mégawatts d’électricité, soit environ 25 % des besoins des Émirats arabes unis, qui compte une population de 9,3 millions d’habitants, dont environ 80 % d’expatriés.

F- Le cas de l’Iran

Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères, trahissant les obligations de sa charge, n’hésitera à se transformer en «petit télégraphiste des Israéliens» dans les négociations sur l’accord international sur le nucléaire iranien, s’appliquant à faire obstruction à la conclusion de tout accord pourtant souscrit par les Américains et leurs alliés atlantistes.

Déconsidéré par sa position et déconsidéré dans ses fonctions de chef de la diplomatie française, Laurent Fabius sera exfiltré par le président François Hollande et propulsé à la tête de la présidence du Conseil Constitutionnel. Une prime à la déloyauté en somme. Emmanuel Macron sera sur la même longueur d’onde que son ancien collègue socialiste. Dans son discours prononcé mercredi 24 avril 2018 devant le Congrès américain, M. Emmanuel Macron se proposait d’aménager un Moyen orient placé sous la coupe atomique d’Israël.

«L’Iran n’aura jamais d’arme nucléaire. Ni maintenant, ni dans cinq ans, ni dans dix ans», a déclaré le président français, s’engageant en outre à réduire la capacité balistique de la République islamique iranienne de même que son influence régionale au Yémen, en Irak et au Liban, sans accompagner cet engagement d’une mesure de réciprocité concernant le désarmement nucléaire d’Israël. A propos de l’accession de l’Iran au rang de «puissance du seuil» et sa forte charge symbolique, lire article suivant 

La défection d’Areva de la Jordanie pourrait ainsi mieux s’expliquer. Quoiqu’il en soit, elle offrira à la Russie la possibilité de s’impliquer dans un projet ultra-sensible de la sécurité régionale – le nucléaire- auprès d’un pays, la Jordanie, qui a fait longtemps office de pivot de la stratégie atlantiste dans la zone et de garde frontières de l’état hébreu, comme en témoigne la séquence dite du «septembre noir» jordanien, en 1970, le massacre des Fedayines par les troupes bédouines de la Légion Arabe hachémite.

III – La Russie

La Russie, sans le moindre complexe vis-à-vis d’Israël, nullement tétanisée par le lobby pro-israélien américain, ayant été l’un des premiers pays à avoir reconnu l’état hébreu, dispose d’une plus grande marge de manœuvre sur le dossier ultra-sensible du nucléaire.

III/A – Le cas de l’Égypte

La Russie et l’Égypte ont ainsi signé un accord visant à la construction de la première centrale nucléaire égyptienne à El-Dabaa, dans le nord-est du pays, à l’occasion d’une visite éclair du président Vladimir Poutine au Caire, l’Égypte et la Russie ont signé, le 11 décembre 2017. Le coût du projet est estimé à 30 milliards de dollars (25 milliards d’euros), financés à 85% par un prêt russe. Un projet qui marque le retour de Moscou au Proche-Orient, parallèlement à l’édification d’une base aérienne en Syrie, à Hmeymine et de l’agrandissement de la base navale russe de Tartous, sur la Méditerranée.

Le contrat prévoit la fourniture de quatre réacteurs de 1200 mégawatts chacun. La construction devrait être terminée en 2022 et le premier réacteur nucléaire entrer en production vers 2024. La maitrise du projet a été confiée au groupe public russe Rosatom qui va aussi «livrer le combustible nucléaire et former les employés» et assurer «la maintenance et la réparation des unités de production».

Maitre d’œuvre du barrage d’Assouane, une fierté de l’Egypte, édifié alors que l’Égypte de Nasser cherchait à affirmer son indépendance en s’émancipant de l’influence occidentale, Moscou et le Caire envisagent en outre la création en Égypte d’une «zone industrielle russe», destinée à être «le plus grand centre de production et d’exportation de biens russes sur les marchés du Moyen-Orient et d’Afrique avec un volume total d’investissement de sept milliards de dollars environ (six milliards d’euros).

Les ambitions nucléaires de l’Égypte sont anciennes. Au début des années 80, sous le régime du président Hosni Moubarak, Le Caire avait déjà envisagé la construction d’une centrale nucléaire à el-Dabaa. Mais le projet avait été suspendu après la catastrophe de Tchernobyl en 1986.

L’Égypte dispose déjà de deux réacteurs nucléaires qui sont uniquement destinés à la recherche et à la formation, notamment la centrale nucléaire d’Inshas. Située dans un centre de recherche à la périphérie du Caire dans le delta du Nil, en Egypte, Inshas est soumis à l’Autorité de l’énergie atomique égyptienne. Il est constitué d’un complexe de plusieurs laboratoires et réacteurs nucléaires pour la recherche égyptienne.

Le complexe nucléaire d’Inshas comprend 3 principales installations: Un accélérateur de particules du type Van De Graff de 4 MW (ICF (Inshas Cyclotron Facility), un réacteur à eau légère de 2 mégawatts thermiques, fourni par l’URSS et mis en service en 1961 (ETRR-1), un réacteur à uranium enrichi de 22 mégwatts thermiques fourni par l’Argentine et mis en service en 1997 (ETRR-2). Le centre comprend également: un laboratoire à eau lourde, un incinérateur de déchets à faible activité, ainsi qu’un laboratoire de recherche sur les rayonnements ionisants NCRRT et un autre laboratoire de traitement et analyse des matériaux irradiés HLWMC,

Polémique sur les applications militaires

Le centre de recherche d’Inshas aurait procédé à de nombreuses expériences non déclarées pouvant être utiles à la réalisation d’un programme militaire. Selon un rapport confidentiel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dévoilé en mai 2009, des traces d’uranium hautement enrichi auraient été découvertes à deux reprises, en 2007 et 2008, sur le site d’Inshas, alors que l’Égypte n’entretient pas de programme nucléaire de production d’électricité et n’a jamais cherché à se doter de la bombe atomique. Le 4 juin 2011, à la suite de l’explosion d’une pompe du réacteur, alors mis en service sans autorisation, une fuite de 10 m3 d’eau radioactive s’est produite. L’incident est classé niveau 3 de l’échelle INES3. Le directeur du département de recherche nucléaire égyptien, Samer Meikheimar, a précisé que “Le fait que le réacteur était par chance non activé le lendemain de l’incident a sauvé le territoire d’un désastre environnemental.

III/ B- L’Arabie saoudite et la Jordanie face à l’attraction russe.

Fer de lance du combat contre l’athéisme soviétique au paroxysme de la guerre froide sovieto-américaine, (1945-1990), un des artisans de l’implosion de l’URSS via la guerre anti soviétique d’Afghanistan (1980-1989), le royaume wahhabite n’échappe plus à l’attraction russe.

Le russe Rosatom a arraché en octobre 2017 un contrat avec la King Abdallah City for Atomic and Renewable Energy (KACARE) sur la fabrication de réacteurs nucléaires de petite et moyenne taille. Dans le cadre du programme stratégique «Vision 2030», l’Arabie Saoudite a pour objectif de se doter de seize réacteurs durant la prochaine décennie, afin de diversifier ses sources d’énergie et d’augmenter sa production électrique.

En Jordanie, la firme russe Atom Stroy Export a négocié, quant à elle, la construction de quatre unités nucléaires, tandis qu’un accord a été signe avec Rosatom pour construire un micro réacteur nucléaire à Amman. Dans le domaine du nucléaire civil, de plus en plus prisé dans une région qui souffre d’une dépendance pathologique au pétrole et de la morgue occidentale, la Russie avance à pas feutrés, mais fermes.

Mahmoud Abbas, dépité par le comportement des Occidentaux, notamment des Américains, à exhorter les Arabes en ce termes: «Ne faites jamais confiance aux Américains. Si vous voulez récupérer vos droits, adressez-vous aux Russes», avait lancé le dirigeant palestinien exacerbé par les nouvelles requêtes américaines concernant de nouvelles concessions palestiniennes en faveur d’Israël.

Madanya Info 

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    B. Hamon sur CNews: “ Monsieur Bolloré, capitaine d’industrie, à la tête d’une télé d’extrême droite est train de mettre de l’essence et d’allumer des feux partout, avec Zemmour, Praud et compagnie”.

    “ La vie de millions de Ouïgours ne vaut donc pas plus que quelques caricatures ? ” (www.lemonde.fr)