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“La santé publique avant tout, quoi qu’il en coûte !”, clame le Dr Bouloudhnine

Après avoir tiré la sonnette d’alarme au sujet de la pandémie de Covid-19 dans sa récente lettre ouverte adressée au président Macron que nous avons publiée hier, le Dr Marouane Bouloudhnine, chirurgien orthopédiste et ancien Secrétaire national du Syndicat des Internes et Chefs de Clinique de France, a accepté d’approfondir sa réflexion sur Oumma.

Ce médecin de renom, fait Chevalier de la Légion d’honneur, apporte son éclairage sur la crise sanitaire que le chef de l’Etat considère comme « la plus grave depuis un siècle » et qui, sans vouloir jouer les Cassandre, s’apparente de plus en plus à une véritable catastrophe sanitaire.

Selon vous, combien de temps durera véritablement le confinement national ? Au-delà des six semaines annoncées ?

C’est une question à laquelle il est difficile de répondre, tant nous manquons de données sur ce nouveau virus qui nous désarçonne. Pour exemple concret, les habitants considérés comme sains de la province chinoise du Hubei, ont mis deux mois à sortir après le début de leur confinement. Ainsi, il me semble que deux mois serait un délai « raisonnable » si les Français se comportaient comme les Chinois. A ceux qui pensent aux conséquences économiques, je dirai que cette épidémie a modifié les priorités ; c’est la santé publique avant tout, « quoi qu’il en coûte » !

 Faut-il encore durcir ses modalités ?

Ce virus semble vouloir tester notre capacité de résistance et notre pouvoir d’adaptation aux situations nouvelles. Il s’agit d’abord de faire respecter le confinement pleinement, si cette méthode s’avérait être la seule pour pouvoir lutter contre cette pandémie. Il faudra alors être rigoureux dans l’application des règles pour influencer réellement l’évolution des courbes de contagion au niveau national.

Est-ce réellement la meilleure parade contre la propagation du Covid-19 ?

L’absence de confinement choisie par les Pays-Bas permettrait de favoriser l’acquisition d’une immunité collective. Selon leur Premier ministre, il faut qu’un maximum de personnes développent naturellement des anticorps au virus, créant ainsi une immunité collective. Mais il n’est pas prouvé que la présence d’anticorps protège d’une récidive, cas déjà observé.

Face à l’absence de vaccin et de médicaments efficaces « consensuels », le confinement apparaît comme la seule option envisageable, car il permet de mettre en place la « distanciation physique ». Je préfère parler de « distanciation physique » et non pas « sociale », car cette période est justement propice à recréer du LIEN SOCIAL. Il s’agit de se rendre davantage utile aux autres, même à distance. Ce confinement permet également aux soignants de garantir la meilleure prise en charge pour tous les malades.

Comment voyez-vous la période de l’après-confinement ? A quels types de changement dans notre mode de vie faut-il s’attendre ?

Il va s’agir pour nous de savoir trouver l’opportunité dans la difficulté. Nous sentons déjà un début de prise de conscience de la nécessité d’une autre forme de société plus ouverte sur l’Autre. Ces temps-ci, nous voyons de plus en plus de manifestations d’empathie, de soutien et de partage créées par le confinement. Pourvu que ce comportement  perdure…

Les critères d’autorité changeront ; l’Homme retrouvera davantage sa place  dans le processus de décision national. Le télétravail se généralisera réalisant de réelles économies d’échelle, tout en renforçant les liens familiaux. Des transferts de moyens seront exigés pour les nouvelles priorités telles : la santé, la solidarité, l’éducation, la recherche et la culture. Les entreprises se regrouperont en plus grand conglomérat encore par des rachats successifs de sociétés en difficulté qui n’auront pas pu faire face à cette pandémie. Les pays riches relocaliseront chez eux leur production stratégique afin de recouvrer leur souveraineté nationale, ce qui améliorera l’emploi local tout en aggravant les déséquilibres mondiaux. L’Intelligence Artificielle permettra de voir surgir une société plus juste, plus équitable et plus fiable, j’ose espérer plus fraternelle.

Le discours officiel assure qu’étendre le port de masque et de gants à l’ensemble de la population française n’est pas nécessaire. Qu’en pensez-vous ? 

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Scientifiquement, rien ne nous permet de dire que le port de masques classiques par les non soignants est efficace comme barrière à la contagion. Par contre, la logique voudrait que pendant le pic de l’épidémie, chacun puisse protéger son entourage de ses propres sécrétions à risque, vu le nombre de porteurs sains du virus du Covid19. Nous voyons cette attitude culturelle chez les asiatiques. Dans ce cas, il faudrait éduquer la population au bon usage de ces moyens de protection individuels.

Vous plaidez en faveur d’un dépistage massif et du recours à la chloroquine. Pourquoi y a-t-il des blocages en haut lieu ?

Le blocage peut provenir de difficultés matérielles à obtenir des tests plus simples d’utilisation et moins onéreux que les méthodes d’amplification par PCR.

Je crois, pour ma part, qu’il faut traiter toute atteinte de Covid-19 par la bithérapie à base d’Hydroxychloroquine et d’Azythromycine en attendant mieux. Et cela précocement, et non pas en phase de détresse respiratoire où le traitement serait inefficace, particulièrement pour les patients fragilisés. Le Pr Raoult a eu le mérite de parler de médicaments « prometteurs » qui nous donnent une lueur d’espoir. La recherche scientifique étant en ébullition, d’autres thérapeutiques naîtront vraisemblablement. Il faut permettre aux médecins spécialistes la prescription de ces médicaments pour éviter l’automédication, du fait des risques inhérents à chaque association médicamenteuse. Car sinon les gens l’achèteront par n’importe quel moyen, c’est la raison pour laquelle le gouvernement doit en libérer la prescription.

L’« entêtement » du Marseillais Raoult semble déranger les membres du comité scientifique présidentiel à moins qu’ils ne soient tous supporters du PSG (Lol). Plus sérieusement, je conseillerais au Président Macron de s’entourer de personnes plus courageuses et perspicaces, comme on le fait en temps de « guerre ».

Qu’est-ce qui vous surprend le plus : la rapidité du développement du virus, sa propagation à l’échelle mondiale ou son extrême dangerosité ?

Son extrême dangerosité provient de sa rapidité de propagation à l’origine de la pandémie. Si l’on peut se permettre une touche d’humour dans cette situation grave, je dirai que ce virus qui prône la justice sociale parfaite (il atteint tout le monde sans distinction aucune) nous pousse à davantage de solidarité et d’ingéniosité. Mais ce qui nous déroute c’est toujours l’inconnu.

Connaît-on réellement l’origine de ce nouveau Coronavirus ? Les pistes du pangolin et de l’origine animale sont-elles toujours privilégiées ?

La séquence génétique de ce coronavirus est similaire à 80% à celle du Coronavirus du SRAS. Je vous rappelle que le SRAS est une maladie infectieuse causée par un virus appartenant à la famille des coronavirus, le Sars-CoV à l’origine de la pandémie de 2003 d’origine chinoise. Ainsi, le virus de la maladie actuelle nommée Covid19 par l’OMS s’appelle SARS-CoV-2. Cette similitude génétique, cette origine géographique identique peuvent nous laisser supposer qu’il pourrait être issu d’un accident de laboratoire P4.

Après le SRAS-CoV en 2003 et la grippe H1N1 en 2009, le nouveau Coronavirus était-il prévisible ?

Je ne connais pas d’accident prévisible…

Propos recueillis par la rédaction Oumma.

 

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