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La France condamne le meurtre de Cheikh Yassine, mais continue de vouloir inviter son assassin Sharon

Comme le reste des gouvernements du monde entier, le gouvernement français a condamné lundi à la mi-journée, l’assassinat, quelques heures plus tôt à Gaza, du cheikh Yassine, leader politique et symbole religieux du mouvement islamiste palestinien Hamas, par un hélicoptère israélien.

Un porte-parole du Quai d’Orsay a ainsi fait état de la « ferme condamnation » de cette nouvelle escalade voulue et décidée par Ariel Sharon, contre l’avis d’une partie de son propre gouvernement.

L’assassinat de Cheikh Yassine ne répond bien entendu à aucune considération opérationnelle, d’autant moins que dans la période récente, ce même Cheikh Yassine avait fait de manière répétée des offres de trêve à Israël, avec suspension des attentats contre la population civile israélienne en échange d’une suspension des assassinats ciblés.

Comme nous l’écrivions il y a quelques jours, elle s’inscrit à la faveur de la « fenêtre d’opportunités » que la clique qui dirige Israël a cru déceler dans les récents attentats terroristes de Madrid : une aubaine, permettant à Sharon de déclarer aux dirigeants européens et américains que tous sont unis dans un même combat contre le « terrorisme », et qu’en conséquence le peuple palestinien, Al-Qaeda et Ben Laden forment une même bande de barbares arabes et/ou musulmans à exterminer sans autre forme de procès.

Il y a une chose qu’on ne peut pas reprocher au gouvernement israélien, c’est d’avoir caché ses intentions. Depuis une semaine maintenant, celui-ci a déclaré qu’il allait frapper fort, et de plus en plus fort, dans la bande de Gaza en particulier.

Au cours des derniers jours, et avant même l’opération de lundi contre Cheikh Yassine, une vingtaine de Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, dont plusieurs enfants, et des dizaines d’autres ont été blessés.

LA STRATEGIE DE SHARON : PROVOQUER UN, DEUX, TROIS NOUVEAUX MADRID

Mais aucune voix gouvernementale, en France comme ailleurs en Europe, ne s’est élevée ces derniers jours pour mettre en garde Ariel Sharon, ne serait-ce qu’en termes diplomatiques (du genre, « merci de ne pas faire un usage disproportionné de votre force »), et la direction israélienne a pu en conclure, a juste titre, qu’elle avait les mains libres, et que le «  contrat » sur la tête de Cheikh Yassine pouvait donc être exécuté.

Les buts de l’opération sont multiples : en éliminant le dirigeant islamiste palestinien, Sharon compte à court terme sur des réactions de protestation dans les territoires occupés, éventuellement aussi de la part de la minorité palestinienne d’Israël, qui seront comme d’habitude noyées dans le sang, car pour Sharon, il y a toujours mieux que l’utilisation de la force : c’est l’utilisation de plus de force encore, quitte à ce que le peuple israélien en paye lui aussi les conséquences.

Mais en éliminant le chef d’un mouvement, le Hamas, dont il avait lui-même favorisé l’émergence, dans les années 1980, le gouvernement israélien savait pertinemment qu’il frappait aussi un symbole religieux, touchant l’ensemble du monde musulman, et plus seulement la Palestine.

Tandis que des manifestations de protestation ont éclaté lundi dans plusieurs pays arabes et musulmans, le deuxième responsable du Hamas à Gaza, Abdelaziz al Rantissi, a pour la première fois appelé à internationaliser la riposte au-delà des frontières d’Israël. Postulant que Sharon n’avait pu agir dans cette affaire sans s’être assuré au préalable d’une forme d’accord de la part de l’administration Bush, il a ainsi désigné les Etats-Unis comme une cible désormais légitime, ce qui est une première là aussi.

C’est en tout cas l’analyse que faisait lundi le pacifiste israélien Uri Avnery, en tentant d’alerter ses compatriotes sur la folie meurtrière de leurs dirigeants : en assassinant Cheikh Yassine, écrit Avnery, Sharon et sa clique ont ouvertement déclaré la guerre à l’ensemble du monde musulman, et détruit ainsi un peu plus encore les chances de résolution, aussi maigres qu’elles aient été, d’un conflit jusqu’à présent circonscrit, vaille que vaille, à une sphère binationale. Un dirigeant chiite irakien, collaborant pourtant avec l’occupant américano-britannique, a dit la même chose lundi, en prédisant que l’assassinat de Cheikh Yassine allait stimuler les attaques contre l’armée américaine en Irak.

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De fait, les dirigeants israéliens, qui se considèrent comme la pointe avancée de l’Occident dans le monde musulman, veulent la généralisation de la guerre, et ils ont été les premiers à traiter le peuple espagnol de « lâche », et de « dégonflé », pour avoir sanctionné électoralement le belliciste Aznar, et obtenu le rapatriement prochain du contingent de l’armée espagnole en Irak, où cette dernière n’a évidemment rien à faire.

PENDANT CE TEMPS, CHIRAC SE PREPARE A DEROULER LE TAPIS ROUGE

Et c’est dans ce contexte que lundi encore, le gouvernement français confirmait officiellement le maintien du projet de visite d’Ariel Sharon à Paris le mois prochain.

Interrogés par des journalistes sur la question de savoir si la mort de Cheikh Yassine avait quelque peu modifié la donne, un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a répondu lundi matin  : « Nous ne ferons pas de nouvelle communication officielle avant jeudi ou vendredi ; dans l’attente, je vous renvoie aux déclarations antérieures du ministre », c’est-à-dire l’annonce officielle, par Dominique de Villepin, que le Premier ministre israélien viendrait à Paris « en avril ».

Officieusement, on ajoutait au ministère des Affaires étrangères, que le voyage de Sharon, s’il était maintenu, interviendrait « vraisemblablement dans les premiers jours d’avril ».

Il nous faut donc, plus que jamais, amplifier la protestation contre cette provocation annoncée.

Des milliers d’entre vous ont déjà pris la plume, et il faut continuer de le faire, en écrivant (sans mettre de timbre, le port est gratuit) à :

M. Le Président de la République, 55 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 – Paris

Nous vous rappelons également que des dizaines de milliers d’affiches et de cartes postales « Criminel de guerre en exercice, Non à la visite de Sharon en France », ont été éditées, et qu’on peut se les procurer en écrivant à [email protected]

Nous publions parallèlement, sur ce même site, un échantillon des premières lettres de protestation à M. Jacques Chirac dont leurs auteurs nous ont adressé copie.

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