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Les hindouistes sortent de leurs guides touristiques le Taj Mahal, édifié par un musulman

Le Taj Mahal, avec le dôme central haut de 74 mètres

Par Ian Hamel, Agra (Utta Pradesh)

Alors que cet immense mausolée de marbre blanc, érigé entre 1631 et 1653, est le monument le plus fréquenté en Inde, accueillant sept millions de visiteurs par an, le parti nationaliste hindou tente de le marginaliser. Les raisons ? Il a été construit par un empereur moghol musulman.   

Traditionnellement, les chefs d’Etat étrangers, en visite officielle en Inde, se faisaient photographier devant le Taj Mahal. Ce joyau de l’architecture moghole est l’un des chefs-d’œuvre universellement admirés du patrimoine de l’humanité. Il est tout naturellement inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais depuis l’arrivée de Narendra Modi, au poste de Premier ministre en mai 2014, il leur est conseillé de ne plus le visiter. Narendra Modi est l’un des dirigeants du Bharatiya Janata Party (BJP), un parti nationaliste hindou, ouvertement anti musulman.     

Le BJP a franchi une étape supplémentaire. Le Taj Mahal est dorénavant banni des guides touristiques indiens, sous prétexte que les monuments construits par les musulmans ne feraient pas partie du patrimoine national. Imaginez que la France efface de ses guides touristiques la tour Eiffel ou le Mont-Saint-Michel !

L’Inde, le pays le plus peuplé du monde (1,3 milliard d’habitants) après la Chine, compte pourtant 178 millions de musulmans.     

Le Taj Mahal, avec le dôme central haut de 74 mètres

Promouvoir des sites non musulmans          

Peu importe que le Taj Mahal, en accueillant des millions de visiteurs dans la ville d’Agra, fasse travailler des milliers d’Indiens. L’immense majorité des touristes ne sont pas des étrangers, mais des autochtones, qui fréquentent les hôtels, les restaurants, les boutiques. Et visitent d’autres monuments, comme le fort d’Agra ou l’Amar Singh Gate. Ancienne capitale, qui a connu son apogée au XVIe et XVIIe siècle, Agra est une agglomération de 1,5 million d’habitants. M Le magazine du Monde raconte que le gouvernement de l’Etat de l’Uttar Pradesh (tenu par les extrémistes hindous) débloque à présent des fonds pour promouvoir d’autres sites à la place du Taj Mahal.   

Notamment le village natal de Deendayal Upadhyay, « idéologue des extrémistes hindous, grand défenseur du système des castes et ennemi du sécularisme ». Le magazine ajoute : « Pas sûr que le personnage, et encore moins la maison où il est né, n’attirent les foules du monde entier ». En clair, il s’agit d’organiser des circuits touristiques qui n’auraient pas de liens avec l’islam…      

L’une des portes d’accès

20 000 ouvriers, 1 000 éléphants     

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Le poète Rabindranath Tagore assure que le Taj Mahal est « une larme sur le visage de l’éternité ». Cette merveille architecturale se dresse sur les berges de la Yamuna, le second fleuve sacré de l’hindouisme après le Gange. Depuis New-Dehli, il faut compter trois bonnes heures pour y accéder, si la circulation n’est pas trop intense. Ce mausolée a été construit par l’empereur moghol musulman Shâh Jahân en mémoire de son épouse Arjumand Bânu Begam. Elle était connue sous le nom de Mumtaz Mahal, qui signifie en persan « la lumière du palais ». Elle meurt en 1631 en donnant naissance à leur quatorzième enfant.     

La construction du Taj Mahal, entrepris dès l’année suivante de sa disparition, ne s’est achevée qu’en 1653. Près de 20 000 ouvriers auraient participé aux travaux, tandis qu’un millier d’éléphants transporteront les matériaux de construction. Les guides touristiques racontent que le marbre blanc est extrait du Rajasthan, la turquoise du Tibet, le lapis-lazuli du Sri Lanka, le corail de la mer Rouge, l’onyx de Perse, les grenats du Gange, l’agate du Yémen.  

En permanence, des milliers de visiteurs

Les émeutes de 2002 dans le Gujarat

Malheureusement, il ne faut guère s’attendre à une évolution positive de la part du gouvernement indien dans un avenir proche. L’actuel Premier ministre, Narendra Modi, 67 ans, n’a jamais caché sa proximité avec le groupe paramilitaire Rashtriya Swayamsevak Sangh. Quand il était ministre en chef de l’Etat du Gujarat, son administration n’a rien fait en 2002 pour freiner la vague de violence anti musulmans qui a entraîné la mort d’un millier à 2 000 personnes. Des organisations de défense des droits de l’homme, des membres de l’opposition et certains médias avaient alors ouvertement accusé Narendra Modi d’avoir approuvé ces violences.

Pour évoquer le Taj Mahal, de pauvres mots ne restituent guère ce que l’écrivain britannique Rudyard Kipling présentait comme « l’incarnation de la pureté ». Mieux vaut admirer les photos de ce joyau.    

 

Le monument est entouré de jardins ornementaux

 

Agra vit grâce à cette merveille architecturale
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7 commentaires

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  1. Le Taj Mahal est un fétiche orientaliste, il plaît pour son harmonie architecturale. Pour les musulmans ce monument ne représente rien car c’est un mausolée/tombeau. Ceux d’entre les musulmans qui seraient nostalgiques, allez plutôt visiter la mosquée de Cordoba ou, si vous en avez les moyens, la mosquée de Huaisheng en Chine, la plus ancienne du pays, construite vers la fin des années 620 (oui, absolument) par l’un des compagnons du Prophète (saw), Said Ibn Waqqas.

    Si le Taj Mahal a une focntion aujourd’hui, c’est bien de mettre à jour l’idéologie fascisante des hindous au pouvoir et des centaines de millions d’Indiens qui votent pour eux. C’est là le vrai danger, avec l’arme nucléaire qui plus est.

    • @Abou Tahar al-Tlemceni
      Salam Alaykoum
      Les tombeaux sembleraient être une impureté à vous entendre et feraient partie de la sémantique des parties honteuses dont il ne faut pas parler. Et je vous contredirai dans ce que vous dites en affirmant que cela ne représentent rien pour les musulmans.
      Vous auriez dû dire que les tombes ne sont pas des lieux touristiques que l’on visite avec insouciance, nous aurions été d’accord. Mais de façon générale, les tombes sont un lieu de recueillement (le cas du Taj Mahal y vas à contre sens). Pour le musulman, la tombe a tout une symbolique, celle de la mort, celle du passage vers l’au delà, la première étape du paradis ou de l’enfer, la première étape vers l’éternité … comment dire alors que les tombes ne représentent rien ? Comment dire que les tombes des prophètes et des saints ne sont rien alors qu’il existe un protocole de visite des tombes et que les pieux prédécesseurs visitaient les tombes des saints non pas seulement pour rendre visite leurs habitants mais aussi pour rechercher les bénédictions divines en les honorant par cette visite et en demandant des faveurs au Seigneur.
      Les tombes sont un élément de la spiritualité dont la visite est recommandée / ordonnée pour se rappeler de l’au-delà.

      • Abou Hurayria
        Merci de votre message. Je vous ai suivi au début, puis vous m’avez perdu lorsque vous affirmez que l’on se rend sur des tombes “pour y rechercher des bénédictions divines”. C’est de l’humour j’espère. Revenez vite à votre religion!

        Le Prophète (saw) a conseillé de se recueillir dans les cimetières pour deux raisons, et deux seulement: 1) se rappeler que la mort n’est pas une fin, mais le passage vers l’au-delà qui est plus important que la vie ici bas, 2) se détacher des considérations matérielles et rafermir son coeur face à tout ce que Dieu nous donne et dont Il est le seul maître.

        En ce qui concerne les morts, là encore le Prophète (saw) conseille que nous leur envoyions nos saluations et que nous implorions (pas de prière!) Dieu de leur pardonner. Il n’est -absolument- pas question de rechercher quelque bénédiction auprès des morts: c’est exactement l’idolâtrie que le Prophète (saw) a interdit en voyant ce que les juifs et les chrétiens faisaient autour des tombes de leurs soi-disant saints.

        C’est aussi pour cette même raison qu’aucune, à l’exception de la grande mosquée de Médine (mais c’était d’abord la maison du Prophète), on ne construit jamais de mosquée avec une tombe à l’intérieur. Il n’y a que les idolâtres et égarés, comme les chiites à Najaf par exemple, qui s’adonnent à cette déviance et insulte à la parole de Dieu et l’exemple du Prophète (saw).

        Face à une tombe, on ne s’assoie pas, on ne prie pas, on ne pleure pas, on implore pas le mort comme intermédiaire ou intercesseur.

        Pour toute référence (non exhaustive) voir:
        – Sahih Muslim, livre 4, numéros 528, 2114, 2116, 2121 et 2222
        – Sahih Bukhari, Vol.I, Livre 8, numéro 427

        Enfin, je vous recommande vivement la lecture du noble Quran [10:18] qui est on ne peut plus clair sur le sujet.

  2. mak,
    vous êtes dans l’adoration, pas dans la raison…. je vous conseille aussi le pavillon des arts islamiques au Louvre, vous y verrez de magnifiques réalisation islamiques. Vous avez aussi l’institut du monde arabe à Paris. Au Louvre, en Italie, en Algérie, en Tunisie, en Syrie, en Jordanie, en Irak vous pourrez aussi voir des merveilles qui datent d’avant l’arrivée de l’islam…

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