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Femmes saoudiennes, envers et contre tout

Les femmes saoudiennes ont récemment fait les gros titres, non pas, cette fois-ci, en raison de l’interdiction de conduire ou de leur contestation. Primées lors de festivals cinématographiques internationaux, membres du Conseil de Choura (l'Assemblée consultative d'Arabie Saoudite), les femmes saoudiennes s'imposent en tant que véritables révolutionnaires dans un pays connu pour ses restrictions en matière de droits des femmes.

Le 11 janvier, le roi Abdullah bin Abdulaziz a émis pour la première fois un décret permettant aux femmes de devenir membres du Conseil de Choura. Cette place était jusqu’alors réservée exclusivement aux hommes du royaume. Trente femmes ont été nommées pour se joindre à l'appareil consultatif, chargé d'émettre des recommandations et des projets de loi en vue de leur approbation par le roi.

Les trente femmes nommées au Conseil de Choura sont hautement qualifiées et possèdent une vaste expérience dans de nombreux domaines. Elles ont fait leurs preuves au niveau local, régional et international que ce soit en tant que dirigeantes, ou pionnières.

Cette initiative du roi n'a pas été bien reçue de tous, bien que le décret mentionne précisément l'emplacement des femmes dans le Conseil de Choura, (séparées des hommes, avec leur propre accès) et leur habillement (c'est-à-dire le voile) par respect pour les factions conservatrices de la société. Les cheikhs étaient nombreux à s'opposer au fait même d'avoir des femmes au sein du Conseil. Ils ont fait connaître leur position publiquement et face au roi. Toutefois, leurs objections ne feront probablement aucune différence étant donné que le roi a pris sa décision uniquement après avoir consulté les chefs religieux du royaume.

Les occasions de prospérer n’ont cessé de se multiplier au cours des dernières décennies pour les femmes saoudiennes. Ces dernières ont notamment bénéficié d'une meilleure éducation, ce qui leur a permis d'avancer, envers et contre tout. Les trente femmes qui ont été nommées en sont l'exemple. A la recherche de positions respectables dans les domaines de la médecine, de la science, de la gestion, de la littérature ou encore au sein d'organisations internationales, chacune d'entre elles représente la détermination et la réussite.

Tel est le cas de la Professeure Thoraya Obaid, une des trente femmes nommées au Conseil de Choura. Elle fut la première femme saoudienne à recevoir une bourse du gouvernement pour étudier aux Etats-Unis en 1963. Elle est également devenue la première femme saoudienne à diriger une agence des Nations Unies, à savoir le fonds des Nations Unies pour le développement, entre 2000 et 2010.

Des milliers d'autres femmes ont depuis bénéficié de bourses pour étudier à l'étranger, et le royaume compte aujourd'hui sur des milliers de femmes supplémentaires qui retournent en Arabie Saoudite avec des titres universitaires dans divers domaines, frappant à la porte des employeurs, quels que soient les obstacles. Si le taux de chômage chez les femmes est très élevé en Arabie Saoudite, y compris chez les détentrices de titres universitaires, c’est en raison des restrictions concernant le lieu de travail, les promotions, mais aussi à cause de la peur de la mixité et de la déchéance des mœurs.

L’engagement effectif de femmes dans les rayons de confection dames et de maquillage a longtemps été retardé. Mais, lorsque cette décision a finalement été mise en place l’année dernière, elle a ouvert la porte à des femmes, et particulièrement à celles qui n’avaient pas de diplôme universitaire, non seulement dans les grandes surfaces, mais aussi dans les restaurants et les épiceries.

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La réalité économique actuelle, dans laquelle un seul revenu par foyer ne permet plus d’assurer un certain niveau de vie, a également permis aux femmes de trouver un emploi. Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes hommes préfèrent se marier à une femme active.

De plus, certaines universités proposent désormais aux femmes des carrières qui leur étaient auparavant interdites, telles que le droit, l’ingénierie, et bientôt les arts visuels et digitaux. Cela ne signifie pas pour autant que les femmes saoudiennes ont attendu que ces écoles leur ouvrent leurs portes pour s’engager dans ces domaines ; certaines avaient déjà pris l’initiative d’étudier à l’étranger, obtenant ainsi des diplômes qu’elles ne pouvaient obtenir dans les universités locales.

Bien que le public soit de plus en plus tolérant en ce qui concerne les différents modes d’expression artistique chez les femmes – le cinéma ou la littérature, l’art plastique ou le montage vidéo sur YouTube – les femmes doivent souvent faire face au harcèlement, elles sont forcées de mettre fin à leur travail ou encore de fermer les portes de leurs expositions.

Malgré cela, Wadjda, le dernier film la réalisatrice saoudienne Haifa Al-Mansour – dans lequel une fillette cherche à se procurer un vélo en dépit des objections de sa famille et de la société – a été entièrement réalisé en Arabie Saoudite, avec des acteurs saoudiens. Il a été présenté au Festival de Cannes et au Festival de Venise, où les critiques l’ont fort bien accueilli. Il a reçu le prix du meilleur film au Festival international du film de Dubaï.

Les femmes saoudiennes s’imposent dans la sphère publique et avancent dans leurs carrières, exigeant l’égalité des chances et des droits égaux, et ce, en dépit des obstacles qu’elles rencontrent. Chaque succès et chaque accomplissement méritent d’être applaudis.

En partenariat avec le CGNews

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