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Angleterre : Imran Atcha, le fondateur d’une ferme équestre revalorisant la place du cheval dans l’histoire de l’islam

S’il ne murmure pas à l’oreille des chevaux, Imran Atcha a cependant toujours eu le don inné de capter leur attention, de comprendre intuitivement ce qu’ils ressentent, de créer avec eux une belle complicité que les années, et son savoir-faire aiguisé, ont renforcée.

Fasciné depuis sa tendre enfance par l’un des meilleurs amis de l’homme, dont le Coran et plusieurs hadîths louent la noblesse, l’élégance, la robustesse, tout en lui accordant une importance primordiale, notamment en temps de guerre, dans la formation de cavaleries revenues victorieuses de célèbres champs de bataille, Imran Atcha a très tôt nourri une passion pour le magnifique équidé.

Dans sa ville natale de Gloucester, le petit garçon musulman qu’il était se démarquait des autres enfants de son âge par la véritable vénération qu’il vouait au cheval. Subjugué par ses représentations et son symbolisme dans la mythologie islamique, il aspirait non seulement à établir un lien privilégié avec l’animal, mais aussi à devenir un excellent cavalier.

Seulement pour atteindre son but suprême, il lui fallait pousser les portes d’un centre d’équitation et s’adonner à la pratique d’un sport onéreux, considéré de surcroît comme élitiste, particulièrement au royaume de Sa Gracieuse Majesté. Un handicap qui paraissait rédhibitoire au vu de ses origines ethniques, culturelles et sociales modestes, mais que le jeune adulte qu’il devint réussit à surmonter à force de persévérance et de détermination, sans que son amour des chevaux n’en soit jamais émoussé… Bien au contraire !

Aujourd’hui, à 50 ans, après avoir longtemps caressé le rêve d’ouvrir une école d’équitation destinée prioritairement aux jeunes musulmans, afin de pallier leur sous-représentation dans cette discipline sportive et, plus largement, au sein de la société anglaise, Imran Atcha a troqué avec bonheur sa casaque de cavalier chevronné pour celle de fondateur d’une ferme équestre. Quand il mesure le long chemin parcouru pour que son vœu le plus cher soit exaucé, il ne peut s’empêcher de le comparer à un parcours de sauts d’obstacles, digne d’un Jumping de haut vol !

« Je me suis battu toute ma vie pour entrer dans le monde du cheval qui m’attirait tant et m’y faire un nom. Je ne me suis jamais découragé, malgré tous les obstacles qui ont jalonné mon parcours. Alors maintenant, je n’ai qu’un seul souhait : rendre accessible l’apprentissage des chevaux prioritairement aux enfants musulmans de Gloucester, de condition modeste, de 4 à 12 ans », a-t-il récemment confié à la presse anglaise.

Si Imran Atcha a toutes les raisons de se réjouir d’avoir réussi à aller au bout de ses rêves, il ne peut toutefois faire abstraction de l’ombre qui noircit le tableau. A l’heure du Tout-Numérique, dans une société moderne et aliénante à bien des égards, les enfants immigrés musulmans de la troisième génération sont hyperconnectés.

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Les yeux rivés en permanence sur des écrans qui les hypnotisent littéralement, ils finissent par se perdre inexorablement dans les méandres d’un monde virtuel aux effets pervers, les entraînant dans une spirale infernale : celle de la déculturation, lente et progressive, et de la déconnexion avec la Nature.

« Je suis moi-même musulman et dans le Gloucestershire où je vis, les enfants musulmans passent, chaque jour, des heures à se divertir sur des écrans de téléphones ou de tablettes, ou avec des jeux vidéos. Ils ont perdu leurs racines et n’ont plus de lien avec la Nature », déplore-t-il grandement, avant de souligner : « Religieusement, lorsque vous vous connectez avec la nature et les animaux, vous vous connectez avec Dieu. Quand les enfants viennent ici, à la ferme, quand ils découvrent et se familiarisent avec les chevaux, ils changent du tout au tout. C’est fabuleux l’impact de l’animal sur leur propre comportement ! Les parents en sont les premiers surpris, très agréablement surpris ».

Depuis des temps immémoriaux, les liens forts, indéfectibles, qui unissent l’homme au cheval ont fait des merveilles. Outre cette relation, étroite et puissante, que s’emploie à favoriser Imran Atcha auprès de la jeunesse musulmane, ce dernier veut aussi lui transmettre un précieux héritage arabo-musulman en la matière, sur un plan culturel et religieux.

« De nombreuses prescriptions coraniques et plusieurs hadîths prônent les bienfaits du cheval, de l’équitation, mettent en avant la beauté et la bonté de l’animal, sa rapidité, son utilité. Si ces jeunes enfants musulmans connaissaient la place prépondérante du cheval dans l’histoire de l’islam et combien le Prophète vantait ses mérites (que la paix et bénédiction d’Allah soient sur lui), ils en seraient sans nul doute très fiers », a-t-il insisté, avec une lueur d’espoir dans les yeux.  

 

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