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Quand les Émirats arabes unis usent des services de M. Sifaoui dans sa guerre d’influence contre le Qatar

Menant une véritable guerre d’influence en Europe pour convaincre de la légitimité du blocus décidé contre le Qatar, les Émirats arabes unis organisent des conférences, conviant à s’exprimer des “experts” comme Mohamed Sifaoui, un habitué des dérapages racistes, misogynes et islamophobes.

« États souverains et mouvements fondamentalistes : des relations dangereuses » : c’est le thème de la conférence organisée ce jeudi 8 novembre, dans les salons Hoche, à Paris. Une table ronde dans les quartiers chics de la capitale, montée par une agence de lobbying basée à Dubaï et financée par les Émirats arabes unis (EAU), le think tank Trends Research and Advisory. Au programme, Ahmad Al Hamil, le président et fondateur de Trends, Christian Makarian, directeur délégué de la rédaction à L’Express, le commentateur et habitué des médias Mohamed Sifaoui, ou encore l’ancien délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Gilles Clavreul.

Guerre d’influence

Une conférence dont le but était visiblement assez simple : pointer du doigt le Qatar comme principal responsable de la déstabilisation de la région.

Depuis le début de la crise du Golfe, en juin 2017, la stratégie du « quartet » arabe est claire : le blocus ayant échoué à faire plier le Qatar, il s’agit pour les EAU d’user de leurs réseaux et cabinets de conseil afin d’influencer les capitales occidentales et d’imposer leur propre lecture de la crise du Golfe.

C’était déjà le cas lors d’une autre conférence intitulée « le Qatar et les coulisses des crises du Moyen-Orient » organisée à Paris, en novembre 2017, et finalement annulée, faute de participants et de relais médiatiques : son objectif était de dégrader l’image de Doha, en accréditant l’idée selon laquelle Qatar serait lié aux attentats terroristes ayant ensanglanté l’Europe au cours des dernières années. Pour le site Orient XXI, par ce type d’actions d’influence et de lobbying, les EAU attaquent le Qatar dans le but de « se hisser à la position de premier centre économique, financier, culturel et religieux du Golfe ».

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Mohamed Sifaoui, un intervenant dont les EAU auraient pu se passer

Parmi les « experts » invités à s’exprimer ce jeudi 8 novembre, on s’étonne de voir figurer le nom de Mohamed Sifaoui. Organisateurs de l’évènement, les EAU ne semblent pas avoir compris que l’exposition médiatique de Sifaoui est inversement proportionnelle à sa crédibilité auprès de l’opinion publique en France. L’homme s’est surtout fait connaître par ses innombrables dérapages sexistes, racistes et essentialistes. Florilège non exhaustif.

« Je pense que les Algériens sont majoritairement des idiots », écrit ce natif d’Alger sur Twitter le 23 décembre 2014. « Avec le français on a accès aux Lumières, avec l’arabe aujourd’hui on a accès à l’obscurantisme », renchérit-il sur France 5 en 2015. Mohamed Sifaoui s’en est également pris au « peuple wesh-wesh » qui habiterait le quartier de Barbès à Paris, ou au foulard islamique, comparé à une « serpillière », « un bout de chiffon (…) porté par mimétisme, conviction ou ignorance par des bigotes endoctrinées » (Twitter, février 2018). Le polémiste n’excelle pas seulement dans l’islamophobie, il s’est également fait une spécialité du racisme anti-asiatique (« la majorité des Asiatiques que j’ai fréquentée n’a absolument rien à foutre de la communauté nationale […] Ils sont là pour gagner de l’argent » – Les Grandes Gueules, 29 novembre 2007) et anti-portugais (« Contrairement aux salafistes, les Portugaises se sont bien intégrées en France. Très vite elles ont appris à se raser » – Twitter, 10 décembre 2014).

Autant de dérapages qui ont valu à Mohamed Sifaoui plusieurs signalements au CSA ; en pure perte, le journaliste continuant d’être très régulièrement invité sur les plateaux de débats.

Sifaoui fait donc partie de cette cohorte « d’experts » présents sur les plateaux de télévision depuis des années et interrogés sur tous les sujets, du terrorisme à la géopolitique en passant par l’immigration ou le voile. Une exposition médiatique qui aurait conduit les Émirats arabes unis utiliser à ses services pour défendre leurs intérêts. Un choix qui s’apparente plutôt à une erreur de casting.

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