Lundi dernier, Noam Chomsky, intellectuel mondialement reconnu, a fait sensation en affirmant sur Press Tv qu’il n’existait pas, selon lui, de preuve impliquant Al Qaida dans les attentats du 11-Septembre.
C’est le « plus grand intellectuel au monde » selon un sondage organisé en 2005 par la revue britannique Prospect et le magazine américain Foreign Policy. L’éminent linguiste et philosophe américain Noam Chomsky, particulièrement vénéré en France, a tenu des propos iconoclastes sur Press TV. Cette chaîne internationale d’informations, basée à Téhéran et à Londres, a consacré lundi dernier une émission sur les causes de la guerre en Afghanistan. Interrogé sur sa légalité, Noam Chomsky a réitéré sa condamnation de l’expédition militaire, toujours justifiée par l’Otan et la France, mais, surtout, il a incidemment donné son sentiment sur le 11-Septembre, prétexte officiel de l’intervention encore invoqué par le président Obama. Pour la première fois, l’influent penseur a nié l’implication du réseau d’Oussama Ben Laden, s’appuyant sur des conclusions méconnues du FBI qui a toujours conservé une approche plus ambivalente que l’Administration Bush.
Connu pour son contournement régulier du sujet, la nouvelle prise de position, frontale et inattendue, de Noam Chomsky au sujet d’une polémique toujours controversée, relative aux culpabilités et à l’instrumentalisation du 11-Septembre, circule déjà à toute vitesse sur Internet . Il n’est pas sûr que cette audacieuse déclaration soit approuvée, voire simplement relayée, par la plupart des faiseurs d’opinion en France, largement indifférents ou suivistes sur la question.
Verbatim/Traduction
« En octobre 2001, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont commencé à bombarder l’Afghanistan. Il y a beaucoup de contes de fées concoctés par la suite mais le motif explicite, déclaré de la guerre était de contraindre les Taliban de remettre aux Etats-Unis les personnes qu’ils ont accusé d’être impliqués dans les actes terroristes du World Trade Center et du Pentagone. Les Taliban ont indiqué envisager l’extradition mais ils ont requis des preuves, ce qui est naturel, et l’Administration Bush a refusé d’en fournir (…).
Nous avons découvert par la suite l’une des raisons pour lesquelles ils n’ont pas fourni de preuve : ils n’en avaient pas.
8 mois plus tard, le directeur du FBI, après l’enquête internationale la plus sensible qui soit, a informé la presse que le FBI estimait que le complot avait pu être ourdi en Afghanistan mais qu’il avait probablement été mis en oeuvre dans les Emirats arabes unis et en Allemagne. Essentiellement, ils n’avaient aucune preuve donc ils ne pouvaient rien présenter.
Trois semaines après le début de la guerre, un officiel britannique-je ne sais plus lequel- annonça que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne continueraient leurs bombardements jusqu’à ce que le peuple afghan renverse les Taliban(…). C’est devenu par la suite la justification pour la guerre.
Tout cela était totalement illégal. Je veux dire…C’était plus que cela, c’était criminel. »
Un an auparavant, en octobre 2009, Noam Chomsky avait discrètement émis une opinion particulièrement transgressive, notamment pour l’intelligentsia américaine et européenne, en indiquant que la thèse selon laquelle l’Administration Bush aurait pu laisser se commettre le 11-Septembre lui était dorénavant « concevable ». A 81 ans, et à la manière d’une grande figure du journalisme d’investigation, John Pilger, qui vient aussi d’exprimer la même opinion , le linguiste Noam Chomsky rejoint ces nombreuses personnalités dont les langues, précisément, semblent vouloir se délier.
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