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Médine : le patrimoine islamique détruit par les bulldozers saoudiens

Que restera-t-il de La Mecque et de Médine, au rythme où la soif de grandeur des Saoudiens déploie sa démesure urbanistique en piétinant la richesse inestimable du patrimoine islamique ?

La main wahhabite autoritaire, qui aspire à graver son sceau royal sur des projets pharaoniques, fait peu de cas de certaines enceintes majestueuses sacrées qu’elle condamne à la destruction, sans considération aucune pour leur ancienneté, mémoire de l’Islam.

Cette main inflexible qui a planifié l’agrandissement certes nécessaire, mais gigantesque d’Al-Masjid Al-Nabawi, la mosquée du Prophète, la deuxième mosquée la plus sainte de l’Islam, est aussi celle qui, sans trembler, a scellé le sort de trois des plus anciennes mosquées du monde, qui abritent les tombeaux du fondateur de l’islam et de ses plus proches compagnons, Abu Bakr et Umar.

Les gardiens du temple saoudiens s’avèrent être des démolisseurs sans état d’âme d’un legs précieux, et s’apprêtent, dès la fin du Hajj, à lâcher leurs bulldozers pour battre des records de capacité d’accueil. En effet, l’extension de la mosquée Al-Masjid Al-Nabawi en fera, à terme, le plus vaste bâtiment du monde, susceptible d’ouvrir grand ses portes à un 1,6 millions de fidèles.

Alors que le premier coup de pelle n’a pas encore été donné sur ce chantier d'envergure, la colère monte dans le pays, et grandit notamment parmi quelques universitaires qui, n’écoutant que leur courage, osent se dresser face au mépris souverain du royaume envers l’héritage historique et archéologique de la Mecque et de Médine.

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Sous le règne wahhabite des grands bâtisseurs, la préservation des monuments historiques inviolables et des vestiges irremplaçables passe au second plan. Rien d’étonnant dans ces conditions à ce qu’aucun projet de relocalisation des trois mosquées n’ait été prévu dans le cahier des charges.

"Personne ne remet en cause la nécessité d’agrandir Médine, mais c'est la façon dont les autorités gèrent ce réaménagement qui est extrêmement préoccupante", a déploré avec force au journal britannique The Independent, le Dr Irfan al-Alawi, membre de la Fondation pour la recherche du patrimoine islamique. "Il y aurait des possibilités  de concilier harmonieusement cette extension avec la conservation des sites antiques islamiques, mais ils veulent tout anéantir ", a renchéri cet ardent protecteur des premiers sites islamiques, qui alerte l'opinion depuis 10 ans sur la tentation des autorités saoudiennes de les réduire à néant.

L’émoi est immense dans les rangs des militants qui oeuvrent pour la conservation du patrimoine, ainsi que parmi la population de La Mecque et de Médine, tous assistant, impuissants et affligés, à la prolifération de centres commerciaux, d’hôtels de luxe, et à l’émergence de gratte-ciels vertigineux, là où des phares de la foi devraient s’élancer, réhabilités et magnifiés. L’Institut du Golfe, basé à Washington, estime que 95% des monuments datant de 1 000 ans n’ont pas résisté au rouleur compresseur saoudien au cours des 20 dernières années.

"Le silence des Musulmans sur la destruction de la Mecque et de Médine est à la fois désastreux et hypocrite", dénonce le Dr Alawi. "Le récent film sur le Prophète a provoqué des protestations à travers le monde … et pourtant la destruction du lieu de naissance du Prophète, où il a prié et a fondé l'islam, s’est poursuivie sans l’ombre d’une critique", s'indigne ce dernier, catastrophé de voir La Mecque cernée par les nouveaux marchands du temple.

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