Si vous vous demandiez à quoi pouvait bien occuper ses journées le jusqu’au-boutiste de la transparence électronique, Julian Assange, assigné à résidence à Londres depuis décembre 2010, voici qui devrait susciter votre intérêt : le fondateur, adulé ou haï, du cultissime Wikileaks n’est pas resté oisif, et s’apprête à lancer une série de talk-shows au titre évocateur “The World Tomorrow”, à la télé et sur le Net, sur RT, la chaîne anglophone financée par le Kremlin, précédemment appelée Russia Today.
Toutes les conditions étaient réunies pour faire vibrer celui qui a fait trembler les chancelleries du monde : une vitrine médiatique planétaire ciblant une très large audience, des retransmissions trilingues, en anglais, arabe et espagnol, un financement russe, et les coudées franches pour réaliser ses propres émissions, dont il est le présentateur vedette.
C’est hors des sentiers battus que l’on attendait l’Australien quadragénaire, et le moins que l’on puisse dire c’est que pour sa grande première, il n’a pas failli à sa réputation, en s’aventurant en terrain inhabituel, sensationnel, voire très glissant, car son invité de marque n’était autre que le leader du mouvement chiite libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah. La fébrilité était palpable au sein de la direction de la chaîne RT qui, craignant des réactions épidermiques, a tenu secret, jusqu’au dernier moment, le nom de la personnalité qui inaugurait le premier talk-show du genre, prélude à neuf autres émissions.
Preux chevalier de la liberté de l’information et de la diplomatie mise à nue pour les uns, renégat aux méthodes frauduleuses qui met en péril le journalisme et des vies d’innocents pour les autres, Julian Assange ne laisse personne indifférent, et il aime ça… Réussira-t-il à séduire et fidéliser les 600 millions de téléspectateurs potentiels, dont ceux qui adorent le détester ? Le défi est de taille, et pas gagné d’avance.
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