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Alabama : les musulmans pleurent la mort de Nathaniel Woods, converti à l’islam avant son exécution très contestée

Jusqu’à l’ultime instant, Kay Ivey, la gouverneure de l’Etat de l’Alabama, sera demeurée inflexible. Arc-boutée sur ses certitudes et sourde à la controverse qui enflait, elle a refusé d’user de sa toute-puissance pour surseoir à l’exécution de Nathaniel Woods.

Condamné à croupir dans le couloir de la mort pour les meurtres de trois policiers commis à Birmingham en 2004, celui-ci ne cessa de clamer son innocence. Des dires corroborés par son acolyte et co-accusé Kerry Spencer, lequel affirma dans un entretien au fort retentissement accordé à CNN avoir été le seul à tirer sur les trois policiers, dédouanant Nathaniel Woods de toute responsabilité dans la tournure dramatique des événements.

« Nate est absolument innocent. Il ne savait pas que j’allais tirer sur quelqu’un, ni moi, d’ailleurs. Je ne savais pas que j’allais faire ça ce jour-là. Il s’est enfui lorsque j’ai fait feu », déclara ce dernier. A ces mots qui soulevèrent un tollé Outre-Atlantique, plus de 91 000 Américains s’étaient empressés de signer une pétition exhortant à ne pas dresser l’échafaud ou, plus précisément, à suspendre toutes affaires cessantes la procédure d’injection létale.

Jusqu’à la dernière seconde, alors qu’à l’extérieur des milliers de voix indignées ou appelant désespérément à la clémence résonnaient avec force, celle de Martin Luther King III, le fils du pasteur baptiste passé à la postérité, se mêlant à d’autres tout aussi influentes ou populaires, Kay Ivey et la Cour Suprême des Etats-Unis n’auront pas été assaillis par le moindre doute qui, en l’occurrence, se serait avéré équitable et salvateur.

                         Martin Luther King III

Même quand Martin Luther King III, un fervent militant des droits civiques marchant sur les pas de son père, tenta en dernier ressort de provoquer en Kay Ivey un sursaut de conscience – « Voulez-vous autoriser l’exécution d’un homme qui est peut-être innocent ? », l’a-t-il interpellée par écrit quelques jours avant qu’il ne soit trop tard – le doute qui aurait dû absolument profiter au condamné à mort n’aura nullement effleuré, et encore moins tourmenté, la gouverneure de l’Alabama.

Il ne l’aura même pas fait sourciller au moment d’ordonner que Nathaniel Woods, 44 ans, soit envoyé dans l’autre monde au centre de détention William C. Holman, à Atmore, le 5 mars 2020, sous les yeux impuissants et émus de l’imam Yusef Maisonet. Ce dernier l’a accompagné jusqu’au seuil de la mort, après avoir prié une dernière fois en sa présence, avec une intensité particulière.

A la consternation générale, le malheureux Nathaniel Woods, qui décida de se convertir à l’islam au terme d’une profonde introspection menée derrière les barreaux – il prononça la Shahada le 24 février dernier en présence de l’imam Yusef Maisonet et choisit de se prénommer Ali – n’a pas échappé à une fin tragique inéluctable. Le miracle si fébrilement attendu ne s’est, hélas, pas produit. A 21h20 précises, ce jeudi 5 mars, son corps sans vie gisait dans la chambre glaciale d’exécution. C’était fini.

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Ses parents et amis proches, avec lesquels il s’était entretenu la veille de son exécution et qui jusqu’au bout conservèrent l’espoir, aussi mince fût-il, d’un heureux dénouement, se sont effondrés en larmes en apprenant la triste nouvelle.

L’onde de choc émotionnel s’est propagée dans toute l’Amérique, bien au-delà des frontières de l’Alabama, et particulièrement au sein de la communauté musulmane américaine dont les membres ont été doublement bouleversés, à la fois par l’iniquité de sa mort et par sa récente conversion à l’islam, que la plupart ignoraient.

Ses proches anéantis devant la prison

Comme si cela ne suffisait pas, les dernières volontés de Ali (Nathaniel) Woods concernant son inhumation au cimetière Ar Rahman ont failli ne pas être respectées par les autorités locales, lesquelles ont fait des difficultés pour remettre sa dépouille à sa famille dans les meilleurs délais. Il aura fallu que son imam, différents responsables musulmans et les fidèles fassent montre de la plus grande fermeté pour que le corps leur soit acheminé vendredi 6 mars, et qu’il ne subisse pas l’autopsie forcée, contraire aux souhaits de la famille et à la foi du défunt, qui était programmée.

Alors que de vibrants hommages posthumes, réhabilitant sa mémoire, et de poignants messages de condoléances ont rapidement afflué sur les réseaux sociaux, l’Institut de l’Imam Ghazali a honoré le défunt en ces termes : « Nul n’est digne d’être adoré en dehors d’Allah et Muhammad est son messager. Cet homme entrera au paradis ».

Les dernières volontés de Nathaniel (Ali) Woods, autorisant l’imam Yusef Maisonet à réclamer sa dépouille et à l’inhumer.

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