Parmi les moments chargés d’émotion, plus proches de l’accablement que de l’extase, que nous offre, sans intermède salutaire, ni parenthèse enchantée, l’affligeant spectacle du délitement de l’exercice de la politique sur une scène nationale vaudevillesque, crapuleuse et dénuée d’éthique, la parution du livre de Valérie Treierweiler « Merci pour ce moment » est indéniablement un grand moment en matière du marketing du coup bas, frappant François Hollande au-dessous de la ceinture et pire encore, faisant perdre le peu de lustre qui restait à une République déjà passablement désacralisée.
Face à cette vaste Tartufferie tragi-comique, qui fait de la France la risée du monde, sous les yeux effarés des Français qui ne savent plus vers quels saints se vouer et pourraient fort bien, dépités, se jeter dans la gueule du loup frontiste, nos « mercis » seront aussi caustiques et amers que ceux de l’ex-première concubine de France, la rentabilité en moins…
Merci, donc, pour ce moment inédit dans les annales de la Vème République, où la vengeance cynique, calculée et vénale d’une courtisane, qui se rêvait un destin suprême, nous fait renouer avec le temps lointain de la Monarchie, des Pompadour et autres Madame du Barry, quand les secrets d’alcôve jouaient dangereusement avec le feu, pendant que le peuple « ces sans-grades » ou « sans-dents » était abandonné à son triste sort et n’avait que ses yeux pour pleurer.
Merci pour cette apothéose de la pipolisation de la vie politique française, dont il y a fort à parier que le pays des Lumières ne ressortira pas grandi, et les Français, atterrés, plus que jamais confortés dans la conviction que la France du « changement », qui avait fait vœu d’exemplarité, est en pleine déliquescence.
Merci aussi au président « normal » d’un quinquennat extraordinairement anormal, scabreux et rocambolesque pour ce doux été de la soumission totale au diktat Israélien, sur lequel a flotté le parfum pestilentiel du reniement des valeurs républicaines, dans un silence assourdissant au sujet de Gaza ravagée et une absence de compassion envers les Gazaouis massacrés qui n’ont nullement perturbé le chant des cigales…
Merci pour ces instants uniques du tout-répressif qui ont éclairé le ciel de Paris à la lueur blafarde du deux poids deux mesures envers la Palestine et de la privation du droit fondamental de manifester. Merci pour ce moment inoubliable de toutes les ignominies, où la patrie des droits de l’Homme a basculé dans le camp des criminels de guerre en muselant ceux qui, épris de justice et de liberté, ont choisi le camp des opprimés, assassinés sous une pluie de bombes, de l'autre côté du mur de la honte, manifestement le mauvais côté de la barrière aux yeux d'une République atteinte de cécité, incapable de reconnaître l'empreinte de la barbarie à Gaza.
Après une période estivale qui a fait tomber bien des masques et mis en lumière des liaisons dangereuses indignes, merci pour cette rentrée politique fracassante qui ne manquera pas d’accroître la défiance généralisée envers l’Elysée, ce bateau ivre, entre un remaniement ministériel express et la piteuse éviction du gouvernement de François Thévenoud, le pourfendeur de l’évasion fiscale pris la main dans le sac.
Merci pour ce début septembre riche en rebondissements, où rien ne nous aura été épargné, pas même la perspective calamiteuse, qui en fera se retourner plus d'un dans sa tombe, de voir Marine Le Pen damer le pion à l’UMPS et s’accaparer tous les pouvoirs (sondage Ifop pour le Figaro). Oui, merci pour cette sinistre pantalonnade politicienne qui ne profite qu’à la dynastie Le Pen en lui faisant la courte échelle vers le sommet, et si peu à l’intérêt général et au redressement de la France.
Merci pour ce moment cruel de toutes les désillusions, qui semble être une éternité, alors que seulement deux ans se sont écoulés, la France s’enfonçant dans une crise paroxystique dont on ignore la profondeur de l’abîme et l’engeance qui en émergera.
Par la rédaction
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