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Zahra Cheema, ou l’itinéraire semé d’embûches d’une avocate voilée à New York

Habituée à être jugée sans complaisance sur ce qu’elle porte sur la tête bien plus que sur les neurones qui fourmillent dans sa tête, l’Américaine Zahra Cheema, 25 ans, ne s’est pas pour autant résignée à se dévoiler pour pénétrer dans les prétoires où une prometteuse carrière d’avocate l’attendait.

Pas question pour elle de choisir entre son hijab, un choix intime qui a pris le temps de la réflexion et de la maturation, et une véritable vocation de défenseuse de la veuve et de l’orphelin née très tôt, la jeune femme d’origine pakistanaise qui a grandi à Long Island, une localité majoritairement blanche, s’est forgée une carapace inoxydable et un mental d’acier dès son entrée à l’université de New York, au sein de la prestigieuse School of Law.

Ses premières inquiétudes ont toutefois commencé à poindre une fois son diplôme en poche et au moment de se lancer dans le grand bain bouillonnant de la vie active, l’élaboration de son curriculum vitae ayant un été un passage obligé riche en questionnements. Etait-il pertinent ou contre-productif d’indiquer son implication dans l’association des étudiants en droit musulmans ? Etait-il indispensable ou rédhibitoire de poser sur la photo revêtue de son voile ?

Une question qu’elle a très vite tranchée dans un premier temps, puisqu’il suffisait d’un seul clic sur sa page Facebook et LinkedIn pour que des employeurs potentiels la découvrent voilée, avant de retirer, la mort dans l’âme, toutes ses photos de ses comptes personnels, face à la discrimination à l’embauche, sournoise ou affichée, qui en a découlé.

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"Un jour, un recruteur a montré du doigt mon voile et mes vêtements en me demandant, avec mépris, si cela n’allait pas affecter ma carrière", a relaté Zahra Cheema dans un entretien au New York Times. "Chaque fois que j’entre dans une salle d’audience, je crains toujours que mon hijab n’occulte ma personnalité et mes compétences aux yeux des juges et du public. J’ai peur qu’ils ne voient plus que ça", a-t-elle poursuivi, sans que les regards portés sur elle, aussi pesants et réprobateurs soient-ils, n'aient jamais remis en cause une décision personnelle et une liberté individuelle fondamentale.

Après avoir multiplié les expériences mortifiantes dont elle est ressortie plus forte, Zahra Cheema a intégré, en août 2014,  le cabinet d’avocat dirigé par un non musulman Asish Kapoor, le premier employeur à avoir fait preuve de tolérance et d’un sens aigu du discernement. "Elle se démarque certes un peu du reste de l’équipe, mais c’est si peu de choses comparé à son talent et sa motivation", a-t-il déclaré, convaincu d’avoir trouvé la perle rare pour développer l’activité de son cabinet spécialisé dans le droit de l’immigration et de la famille.

Parée de son voile, Zahra Cheema est en train de se frayer courageusement un chemin vers les tribunaux, en espérant, un jour, ne plus être l’avocate que l’on juge et dont le sort a été scellé sans sourciller.

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