Dans une atmosphère délétère, furieusement pro-israélienne, alors que les couloirs du Congrès bruissaient depuis plusieurs jours de la rumeur de la disgrâce de Rashida Tlaïb, un vote punitif rare s’est déroulé, ce mardi, à Washington, à l’encontre de la première députée palestino-américaine de l’histoire.
Une effervescence malsaine régnait hier soir sous la coupole du Capitole, gagnant les rangs de la Chambre des Représentants, au moment de voter une résolution visant à censurer celle que rien ni personne ne musellera jamais au sujet de la Palestine : la Représentante démocrate du Michigan, fervente porte-voix des sans-voix dans le saint des saints du pouvoir législatif.
Par 234 voix contre 188, parmi lesquelles 22 proviennent de son propre camp, un vote sanction inédit a été adopté contre Rashida Tlaïb. L’empêcheuse de diaboliser et déshumaniser en rond les Palestiniens, en l’occurrence de Gaza, dont plus de 10 000 d’entre eux ont perdu la vie dans l’effroyable massacre génocidaire perpétré par Israël, a échappé de justesse à l’exclusion.
Frappée d’anathème par la fulminante droite américaine, qui l’accuse avec une rare véhémence de « propager de faux récits concernant l’attaque du Hamas et d’appeler à la destruction de l’État d’Israël », alors même que ses membres indignes s’autorisent à tenir des propos incendiaires, orduriers et pousse-au-crime contre les Palestiniens, la seule et unique parlementaire palestinienne du Congrès ne s’est pas laissé démonter pour autant.
Lors de sa prise de parole très attendue, elle a même lancé un sérieux avertissement à ses pairs, devant une Chambre des Représentants qui lui était foncièrement hostile.
« Je suis la seule Américaine palestinienne à siéger au Congrès, et mon point de vue est plus que jamais nécessaire ici. Je ne serai pas réduite au silence et je ne laisserai personne déformer mes propos. Je viens de Détroit, où j’ai appris à dire la vérité, même si ma voix tremble », a-t-elle martelé en préambule, avant de renchérir : « L’idée selon laquelle critiquer le gouvernement israélien est antisémite crée un précédent très dangereux. Et cela a été utilisé à maintes reprises pour faire taire diverses voix qui défendent les droits de l’homme à travers notre pays ».

Soutenue par Ilhan Omar, sa collègue musulmane du Minnesota, qui, elle aussi, s’est attirée les foudres de la cohorte d’infâmes propagandistes d’Israël à Washington, c’est la voix étranglée par les larmes que Rashida Tlaïb a déclaré, avant d’appeler au Cessez-le-feu à Gaza :
« Je n’arrive pas à croire que je sois obligée de dire cela : le peuple palestinien n’est pas jetable. Nous sommes des êtres humains, comme n’importe qui d’autre. Ma Sity, ma grand-mère, veut juste vivre librement et avec la dignité humaine que nous méritons tous ».
Le moment le plus poignant de son allocution marquante : à partir de 2’05
I am the only Palestinian American serving in Congress, and my perspective is needed here now more than ever. I will not be silenced and I will not let anyone distort my words.
I’m from Detroit, where I learned to speak truth to power, even if my voice shakes. pic.twitter.com/bXhGPCcKat
— Congresswoman Rashida Tlaib (@RepRashida) November 7, 2023
Chargement…