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Une Saoudienne devient la première femme rédactrice en chef du royaume

Certes, il y a bien plus matière à gloser sur les trains, ultra-conservateurs, qui n’arrivent pas à l’heure en Arabie saoudite, qu’à encenser ceux que certaines Saoudiennes prennent en marche pour faire avancer la condition féminine.

Pourtant, les locomotives du changement en douceur existent et tentent de se frayer un chemin sur les rares rails progressistes qui traversent le royaume, à l’image de Somayya Jabarti qui a su monter à bord du bon wagon, à la tête du journal national de langue anglaise, la Saudi Gazette, devenant ainsi la première femme rédactrice en chef de l’histoire de la presse saoudienne.

Celui qui lui a fait volontiers la courte échelle n’est autre que son prédécesseur Khaled Almaeena, qui a démissionné de ses fonctions le 16 février dernier, convaincu de tenir en Somayya Jabarti son digne successeur. "Depuis 25 ans, j'ai toujours recherché les meilleures compétences journalistiques, et aujourd'hui, mon rêve se réalise en nommant une femme aguerrie et qualifiée pour diriger l'équipe éditoriale d'un journal saoudien", a-t-il écrit sur Twitter.

Ses qualifications et parcours parlent en effet pour elle, Somayya Jabarti a largement fait ses preuves dans la presse écrite, gravissant tous les échelons depuis ses débuts en 2003, jusqu’à être promue vice-présidente d’Arab News en 2011, avant de rejoindre la Saudi Gazette un an plus tard. Mais pour une femme saoudienne qui réussit à briser magnifiquement le plafond de verre, le chemin de l’émancipation est encore long et sinueux pour toutes les autres, d’autant plus que la promotion de Somayya Jabarti sera tout sauf une sinécure. En effet, plongée dans un bastion du conservatisme masculin et confrontée à la censure qui muselle la liberté d’expression sur les tabous sociaux liés à la cause féminine, sa marge de manœuvre s’avérera particulièrement étroite et délicate.

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Si l’heure est à la satisfaction générale et aux éloges flatteurs en Arabie saoudite, chacun se réjouissant de cette nomination qui ouvre la voie et illustre la volonté monarchique de favoriser l’égalité hommes-femmes, certains bémols nuancent toutefois cet excès d’optimisme. Pour la journaliste Essam Al Ghalib qui s’est confiée à CNN,  "Il s'agit d'une toute nouvelle étape pour l'Arabie saoudite. Elle est très qualifiée et le méritait. Mais comment les gens vont réagir, nous allons devoir attendre et voir", tandis que son confrère Kamal Abdul Qadera n’a pas caché son scepticisme : "Une année s'est écoulée depuis que les femmes ont été nommées en Conseil Al Shura, et qu'est-ce qui a changé? Il s'agit soit d'une simple étape symbolique, soit d’une preuve que les femmes n'ont pas réussi à faire quelque chose."

Aisha Abbas Natto, conseillère commerciale à Djeddah et ​​chroniqueuse pour un certain nombre de journaux saoudiens, se veut résolument confiante : "La promotion de Somayya Jabarti est une bonne nouvelle. Je crois que notre pays commence à témoigner de la réussite des femmes saoudiennes, et cela prouve à ceux qui doutent des capacités des femmes qu'ils ont tort." En attendant de la voir à l’œuvre, les Saoudiennes célèbrent sans réserve leur nouvelle héroïne des temps modernes, persuadées qu’elle a un brillant avenir à bord du train, qui n'est pas encore un TGV, de la défense de la cause féminine.

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