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Une photo d’une Afghane en burqa odieusement dénaturée par l’extrême droite britannique

Véritable artiste du regard, la photographe canadienne d’origine croate, Lana Slezic, a reçu un violent choc visuel en découvrant un de ses portraits de femme détourné de son contexte original à des fins bassement politiques et radicalement nationalistes, par une extrême droite britannique, – les redoutables activistes du parti Britain First -, entrée en guerre contre la burqa, et par une sénatrice australienne, Jacqui Lambie, peu regardante sur le droit d’auteur et la dénaturation d’une œuvre photographique.

Diffusée sur Facebook où elle a produit son petit effet délétère, la photo réalisée en 2005, montrant une Afghane revêtue d’une burqa et braquant un pistolet, connaît une seconde vie transgressive qui s’est affranchie de la loi et de l’assentiment de Lana Slezic, pour amplifier la psychose sur la caisse de résonance que sont les réseaux sociaux. Accompagnée d’un message qui n’est pas de nature à rassurer dans les chaumières  «Niveau d'attaque de la terreur: élevé –une attaque est hautement probable. Pour des raisons de sécurité, il est maintenant temps de bannir la burqa», cette image odieusement altérée a créé le buzz escompté par ses concepteurs maléfiques d’Outre-Manche.

Qui se cachait derrière cette Afghane méconnaissable sous sa burqa, qui a su capter l’objectif de la photographe Lana Slezic et fasciner la femme ? Il s’agissait en réalité de la défunte Malalai Kakar, une pionnière à plus d’un titre, à la fois première policière de Kandahar après le renversement du régime taliban en 2001, et figure de proue du renouveau féministe afghan. Un combat en faveur des droits de ses coreligionnaires qu’elle mena inlassablement, tout en se dressant contre l’extrémisme et le terrorisme, et qui finit par lui coûter la vie en 2008, abattue par les talibans à bord de sa voiture.

"Elle est morte devant son fils, tuée devant sa maison sur la route de son travail", a expliqué Lana Slezic à Associated Press. "Je suis telllement choquée, je ne peux pas croire à quel point l'image de Malalai a été profanée sur la page facebook de Jacqui Lambie. C'est un détournement abject de l'identité de Malalai Kakar. C'est une insulte à sa famille et à ses enfants. Cela m'afflige profondément", a condamné, étreinte par l’émotion, la photographe spoliée et outragée, en exigeant que l’image soit retirée et que la réalité travestie soit rétablie.

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"Malalai Kakar, c’était la force et la détermination faites femme dans la province de Kandahar, à un moment qui s’avérait extrêmement difficile pour ses congénères. Toutes les femmes de Kandahar savent qui elle était et pouvaient compter sur elle pour les soutenir et les aider à surmonter bien des problèmes. Des problèmes tels que la violence domestique, le viol, le mariage forcé", a relaté Lana Slezic, alors que la riposte de Jacqui Lambie, la sénatrice australienne sans scrupules, l’a plongée dans une consternation plus grande encore. "Une grossière réaction disproportionnée", lui a lancé, narquoise, cette parlementaire qui fait injure à la représentation nationale de son pays.

"Malalai était toujours armée sous sa burqa. Elle était exceptionnelle dans son travail, elle n’a jamais faibli. Elle était puissante et unique", a poursuivi celle qui l’a immortalisée sur papier glacé, tout aussi bouleversée qu’elle le fut à l’annonce de sa mort par cette violation posthume signée de l’extrême droite sans foi ni loi, pour qui la fin justifie les moyens les plus ignobles et illégaux. 

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