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« Une pathologie sociale » axée sur la « haine de l’autre », le Sarkozysme décrypté par Emmanuel Todd

Voix de l’expertise et du discernement, restée jusqu’à présent sans voix face à un débat qualifié de « pervers », l’intellectuel à la double casquette, le démographe et historien Emmanuel Todd se livre pour la première fois sans fioritures sur l’introspection collective décrétée par l’Etat, dans une interview accordée au journal Le Monde.

Et on ne la fait pas à l’auteur du thème à succès de la « fracture sociale », scandé par le candidat Chirac sur les routes de France en 1995 !

En entomologiste chevronné du microcosme politique, qui a observé à la loupe l’irréversibilité du processus de scission entre les élites et les classes populaires, Emmanuel Todd s’est épanché sans détours, donnant libre cours à la fois à son analyse d’expert et à sa profonde « révulsion » citoyenne.

« Si vous êtes au pouvoir et que vous n’arrivez à rien sur le plan économique, la recherche de boucs émissaires à tout prix devient comme une seconde nature », lance-t-il en préambule de son réquisitoire sans appel contre la machine Sarkozyste à fabriquer de funestes thématiques de la diversion : « la nation contre l’islam ».

Contre-pied cinglant du cynisme gouvernemental qui sort bien opportunément du chapeau une identité nationale tronquée, l’historien de renom dénonce les pyromanes de la cohésion sociale qui soufflent, à perdre haleine, sur les braises éteintes de l’islam et de l’immigration, à l’heure où « les thématiques de l’immigration, de l’islam sont en chute libre et sont passées largement derrière les inquiétudes économiques » indique-t-il.

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A court de qualificatifs pour dépeindre la droite version Sarkozy, à force d’avoir usé des ficelles les plus grossières pour conquérir l’Elysée, Emmanuel Todd évoque « une pathologie sociale qui relève d’une analyse durkheimienne – en termes d’anomie, de désintégration religieuse, de suicide – autant que d’une analyse marxiste – en termes de classes, avec des concepts de capital-socialisme ou d’émergence oligarchique ».

Se targuant d’être l’homme providentiel, promettant au peuple de France la vérité, telle une dernière révélation que seul il détiendrait, Nicolas Sarkozy n’a pas leurré Emmanuel Todd qui a reçu sa récente tribune comme un violent « mensonge », « se gargarisant du mot peuple » pour mieux dérouler sa feuille de route de la « haine de l’autre ».

Capable du pire pour un chef d’Etat, à savoir tout dire et son contraire, la griffe du Sarkozysme oscille en permanence entre deux pôles : « d’un côté la haine, le ressentiment ; de l’autre la mise en scène d’actes en faveur du culte musulman ou les nominations de Rachida Dati ou de Rama Yade au gouvernement. La réalité, c’est que dans tous les cas la thématique ethnique est utilisée pour faire oublier les thématiques de classe », souligne l’intellectuel.

Au-delà de ce portrait au vitriol qui révèle par touches impressionnistes un réalisme criant, Emmanuel Todd reste confiant dans la société française, dont il se dit convaincu avec une pointe d’optimisme que « quand on va vraiment au fond des choses et dans la durée, le tempérament égalitaire des Français fait qu’ils n’en ont rien à foutre des questions de couleur et d’origine ethnique ou religieuse ! ».

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