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Une lycéenne devient la première femme voilée à s’exprimer à la Chambre des Communes

Il suffit de traverser la Manche pour que la présence d’une jeune fille voilée soit parfaitement admise au coeur du temple législatif, sans provoquer l’émoi républicain qui gagna les rangs du Palais Bourbon en novembre 2009, lorsque l’apparition fugace d’une jeune fille en hijab, sous les dorures de la coupole de l’Assemblée Nationale, enflamma les esprits liberticides de gauche comme de droite de notre représentation nationale…

L’adolescente, qui ne s’est toujours pas remise de ses émotions, a réalisé après coup la grande première que constituait sa prise de parole, s’exclamant devant la presse : « C’est incroyable, c’est une expérience unique dans ma vie ! ». Résidant dans la commune de Wokingham, à l’ouest de Londres, Sumaiya Karim, qui précise que le port du hijab s’est imposé à elle comme une évidence, sans aucune pression extérieure, a fait sensation en prononçant un discours d'une réelle pertinence et maturité devant le Parlement de la Jeunesse, lors de sa session annuelle.

Sans se démonter, la jeune fille a plaidé en faveur d’une plus grande implication de la jeunesse dans le contenu du programme scolaire national, appelant à la création d’un comité regroupant des jeunes étudiants qui serait habilité à avoir un droit de regard sur l’élaboration de l’enseignement. 

"Notre programme national est une question aussi importante", a déclaré en préambule la lycéenne voilée devant un parterre de jeunes parlementaires très attentifs : "Nous vivons dans une société diversifiée et il est primordial que nous soyons sensibles aux différences culturelles", a poursuivi la jeune fille, future députée en herbe, qui envisage également d’embrasser la médecine, et notamment la chirurgie, par vocation.

Pleine d’enthousiasme, Sumaiya Karim a fait partager ses convictions profondes à son auditoire, en insistant sur la place qui devrait être réservée à l’éducation politique, mais aussi à l’éducation sexuelle et aux relations entre jeunes : "Quel est le rôle du Parlement ? Pourquoi le prix de ma barre de chocolat préférée augmente constamment ? Qu'est-ce que cela veut dire quand je dis que je sors avec quelqu'un ? Quel engagement cela implique-t-il ? Quelles sont les conséquences d’une grossesse dans une vie d’adolescente ?", autant de questions judicieuses et sensibles que la jeune fille a posé à bâtons rompus, comme pour mieux souligner la nécessité d’y répondre.

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"Le Parlement n'est pas seulement un bâtiment, c'est la mère de toutes les démocraties. Il existe des programmes d'éducation financiers, mais pas pour l'ensemble de la population britannique. Certaines personnes dans ce pays sont assez chanceuses pour avoir accès à la connaissance de la politique à travers leur enseignement, mais encore une fois ce n'est que quelques-uns", a-t-elle ajouté, avant d'en appeler à la conscience et à la responsabilité collective : "Si nous vivons dans le même pays, nous avons les mêmes droits, ne devrions-nous pas avoir accès au même enseignement ?".

Sumaiya Karim a fait l'éclatante démonstration que la valeur, même voilée, n'attend pas le nombre des années, sa force de persuasion emportant l’adhésion des jeunes élus, âgés de 11 à 18 ans, qui composent le Parlement de la Jeunesse. Sa proposition de faire de la réforme de l’enseignement scolaire la thématique centrale de leur campagne, l’année prochaine, a été adoptée à l'unanimité.

 

 

 
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