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Une lueur dans la Nuit…

Les images sont insoutenables. Les propos qui l'accompagnent, pire encore. La scène se déroule dans une ville libyenne sous l'ère post-kadhafienne. Quelque part au milieu d'une cité où la gloire de la « révolution démocratique » secoua le joug de la tyrannie, celle du dernier des rois d'Afrique, une cage fait face. En son centre, une poignée de Noirs.

Leurs visages transpirent la terreur, leurs corps tremblent. Tout autour des barreaux de cette bâtisse immonde, zoo humain qu'on croyait à tout jamais disparu des mémoires si ce n'est des livres d'histoire, une population libyenne vocifère sa haine. Les insultes raciales pleuvent et derrière les cris de rage d'une foule déchaînée, on peut percevoir un mot terrible. Un mot qu'on ne s'imaginait pas entendre en ces lieux où la barbarie humaine reprend ses droits. Un de ceux qui, habituellement, caresse nos âmes et transporte nos coeurs vers Celui qui retient tous les coeurs en deux de ses doigts. Sur ce champ macabre où une part de l'Homme a rendu l'âme et les armes et où les ténèbres semblent triompher, un takbir (Allahou akbar) est proclamé. Illusion ou suggestion satanique ?

Deux fois, trois fois le takbir (Allahou akbar) sera répété en une espèce de psalmodie cruelle, ou plus exactement pour ses auteurs d'ode à la joie sacrilège. La question du racisme anti-noir dans les pays musulmans n'est pas nouvelle même si elle resurgit là en une douloureuse actualité. Curieusement, elle semble produire un malaise dans la oumma qui par son silence odieux ne donne que plus d'écho à ces cris de rage ethnique. Les fonctionnaires de l'anti-racisme islamo-gauchiste, trop occupés à dénoncer l'éternel racisme colonial de l'homme blanc et semblant désarçonnés par ce piteux spectacle qui bouscule toutes leurs catégories politiques (des Arabes vomissant des Noirs, des Africains persécutant d'autres Africains, des musulmans lapidant leurs propres frères), sortent leur joker.

Certains auront peut-être l'audace de nous expliquer qu'il ne s'agit là que d'un malheureux amalgame établi autour des anciens mercenaires africains recrutés par le Guide et désormais identifiés comme les symboles de l'Ancien régime. Idem pour les autorités religieuses que l'on entend pas ou pas assez sur ces sujets. Que sont devenus nos sermons hebdomadaires et autres joumou'as ? Nos valeurs prophétiques et notre universalisme monothéiste ? Ils sont en deuil et pleurent la perte de la flamme qui leur donnait vie et leur offrait asile dans nos consciences.

Les origines sataniques du racisme

Hélas, ce drame vécu par nos frères africains n'est pas un accident. Il n'y a pas là de bavure, de crime isolé ou de folie collective que l'on pourrait circonscrire à un territoire et un moment historique précis. Cette même scène, nous l'avons déjà vécue dans l'espace intime de nos vies familiales, professionnelles et religieuses. Elle dépasse largement la question des relations afro-maghrébines et englobe volontiers sous de multiples formes l'ensemble des sphères culturelles islamiques du Levant au Couchant.

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Elle participe dans sa laideur morale et spirituelle d'un univers d'anti-valeurs sapientiales, ordre chaotique déterminé par la suprématie nécessairement violente et prédatrice de l'Ego et incarné par ses idôles raciales, sociales, claniques. La fameuse Ja'iliyya qui continue de hanter les comportements et les visions du monde de certains musulmans. Le processus de déshumanisation d'une société a ceci de terrible qu'il consume toujours le bourreau au moment simultané où il sacrifie sa victime.

Il ne faudra donc jamais cesser de le répéter : en donnant libre cours à cette gangue maladive et dégénérée toute droit sortie de leur abyme ja'iliyyen, les Libyens et tous leurs alters égo se sont eux-mêmes exclus de leur islamité en transgressant les limites de leur commune humanité. Le précédent satanique et la perdition d'Iblis aurait du le leur rappeler : la prétention fondée sur les origines (raciales, sociales ou culturelles) participe de la destinée satanique et traduit l'orgueil démoniaque d'Iblis (« Je suis meilleur que lui. Tu m'as créé de feu et Tu l'as créé d'argile ! », sourate 7/ verset 12).

Notre devoir devient alors très clair : extraire et expurger courageusement par l'examen, le débat et le combat ce cancer racial qui continue, plus de 1400 ans après l'avènement de l'islam, de souiller notre existence et d'hypothéquer notre avenir. La condition sine qua non pour espérer de nouveau, et au coeur même de nos ténèbres, revoir la lumière. « O gens! Votre Seigneur est Un et votre ancêtre est un : vous descendez tous d'Adam et Adam était créé de terre. Le plus digne d'entre vous auprès de Dieu est celui qui Le craint le plus. Aucun Arabe n'a une supériorité sur un non-arabe, sauf par la piété » (sermon de l'Adieu).

 

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