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Une héroïne indienne de confession musulmane figure, à 82 ans, parmi les «100 personnalités les plus influentes de 2020»

A 82 ans, enveloppée dans un châle et sans se départir de son doux sourire, une grande aînée musulmane de Delhi est devenue le visage de la contestation contre l’ultranationalisme hindou, incarné par Narendra Modi, le Premier ministre d’une Inde plongée au cœur de l’hiver le plus glacial qui soit… Celui qui refroidit les cœurs en exacerbant la haine, en l’occurrence anti-musulmans.

Bravant sans crainte, et avec la même extraordinaire détermination, la rigueur de l’hiver dernier, le plus froid depuis plus d’un siècle, et l’hiver du cœur qui annihile l’espoir, la très attachante Bilkis n’a pas plié ni sous le poids des années, ni devant la férocité de la répression, lorsqu’elle a pris part à un sit-in de protestation à Shaheen Bagh, en décembre 2019.

Entourée d’une centaine d’autres femmes indiennes de confession musulmane, la vieille femme a forcé l’admiration de tous en s’imposant, au soir de sa vie, sous une toile de tente transformée en QG, comme l’ardente porte-parole de ses coreligionnaires déshumanisés, ostracisés et persécutés par la main de fer du pouvoir.

« Bilkis a insufflé force et espoir aux courageux militants et leaders étudiants qui ont été violemment jetés en prison pour avoir osé condamner publiquement l’autoritarisme dans lequel a sombré notre démocratie. Elle a été une formidable et touchante source d’inspiration pour beaucoup d’entre nous», a souligné avec émotion la journaliste Rana Ayyub.

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Le désormais célèbre quartier de Delhi, Shaheen Bagh, qui fut le haut lieu de la manifestation anti-Modi et anti-loi sur la citoyenneté sortie de son chapeau – une loi foncièrement islamophobe et anticonstitutionnelle – se souviendra longtemps de cette admirable octogénaire qui, malgré son grand âge et la fatigue, est montée aux barricades chaque jour que Dieu fait, de 8 heures du matin à minuit, pour dénoncer l’avènement funeste de l’Hindutva  (« hindouité » ou une nation pour les hindous).

Narendra Modi, le Premier ministre indien

Time, le prestigieux magazine américain, ne s’y est pas trompé, décelant en elle l’étoffe d’une héroïne des temps modernes, digne de figurer dans son classement annuel de personnalités triées sur le volet. Ainsi, bien que d’extraction modeste, Bilkis, érigée en symbole de la résistance en Inde, peut s’enorgueillir d’entrer dans le club très fermé des « 100 personnes les plus influentes de la planète en 2020 ».

S’il n’y avait qu’une phrase à retenir pour achever de nous convaincre de la grandeur héroïque dont cette Indienne de confession musulmane a fait preuve, sans jamais faiblir, tenant son chapelet dans une main et l’étendard national dans l’autre, c’est indéniablement celle qu’elle a prononcée peu de temps avant que le Coronavirus ne vienne à son tour dicter sa loi : « Je resterai ici jusqu’à ce que le sang cesse de couler dans mes veines, pour que les enfants de ce pays et du monde entier puissent respirer l’air de la justice et de l’égalité». 

La fresque murale lui rendant hommage à Shaheen Bagh
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