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Une famille musulmane canadienne, en partance pour Disney World, interdite d’entrée aux Etats-Unis

Installée au Canada depuis plus de neuf ans, la famille Al-Rawi avait planifié ce voyage de longue date, impatiente de découvrir le monde enchanté de Disney World et de profiter pleinement des joies de ses attractions phares, les parents rêvant de ce retour en enfance et leurs enfants de rire aux éclats, mais la dure réalité les transporta d’office dans un train fantôme, jalonné d'amères déconvenues et d’humiliations, qui n’a jamais atteint sa destination…

Cela devait être une merveilleuse parenthèse récréative en famille dans un univers fantastique et féérique, et à l’approche du départ, le 13 février dernier, l’excitation était à son comble au sein du foyer du Dr Firas Al-Rawi, 48 ans, un médecin d’origine irakienne officiant à l’Hôpital de Toronto, la capitale de l’Ontario où il a choisi de se forger un nouvel avenir en 2006.

"Mes enfants étaient tellement enthousiastes et excités qu’ils ont compté les jours depuis le mois de décembre", s’est remémoré ce père mortifié par la tournure des événements, en situant précisément le nœud du problème à sa réservation des billets en décembre, après avoir décidé de saisir l’opportunité d’un colloque médical en Floride pour s’octroyer des vacances prolongées avec les siens. Une réservation jugée un peu trop à l’avance et qui aurait suffi à éveiller la suspicion…

Le grand jour étant enfin arrivé, les cinq membres de la famille Al-Rawi, tout à leur joie de boucler leurs bagages pour s’envoler vers Orlando, étaient loin d’imaginer qu’ils ne franchiraient jamais le cap des douanes américaines à l’aéroport international de Pearson. Les sensations fortes auxquelles ils aspiraient tant, dans le cadre d’un dépaysement floridien ludique et ensoleillé, c’est en définitive sur le sol canadien et dans la grisaille hivernale qu’ils les ont expérimentées, sans ménagement et sans explication, et ce, dès leur arrivée au comptoir d’enregistrement.

Interpellés et fouillés par des agents des douanes pointilleux à l’excès, brusques et murés dans le silence, sous les yeux intrigués des autres voyageurs, leurs iPhone, MacBook et iPads étant aussitôt confisqués, tandis que le Dr Firas Al-Rawi subissait un interrogatoire intense, notamment sur le but de sa visite aux Etats-Unis, sa profession, ses relations, et ses séjours en famille au Qatar et à Dubaï en 2014, c’est peu dire que les parents et leurs trois enfants ont été mis à rude épreuve, d’autant plus qu’ils n’étaient absolument pas préparés à endurer ce calvaire.

"Nous ne comprenions rien à ce qui se passait, nos questions restaient désespérément sans réponses. On ignorait si c’était un de ces contrôles aléatoires liés à la lutte anti-terroriste et à l’ISIL, mais nous n’avions rien à voir avec ça, et rien à nous reprocher. Nous étions tous les cinq très stressés, impuissants à nous défendre, c’était un vrai cauchemar dont on ne voyait pas la fin, ni l’issue", a relaté le père de famille, les traits du visage crispés, aux médias locaux.

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Leur désir d’évasion dans la magie du célèbre parc de Disney World s’est brisé sur le récif de l’interdiction d’entrée sur le sol américain, en vertu de la loi sur la nationalité qui donne toute latitude aux agents frontaliers pour barrer la route aux non-Américains, y compris les citoyens canadiens. Arabo-musulmane et canadienne à la fois, la malheureuse famille Al-Rawi, qui a connu le même sort que les 330 voyageurs canadiens musulmans refoulés quotidiennement par la douane américaine, n’avait manifestement rien qui plaidait en sa faveur…

Pour l’avocat de la famille, Khalid Elgazzar, vice-président du Conseil national des musulmans canadiens, qui ne connaît que trop bien ces cas de refoulement sans autre forme de procès, ce n’est pas la première fois qu’une famille canadienne de confession musulmane est contrainte d’annuler ses vacances aux Etats-Unis, cette interdiction de séjour pouvant également frapper sur le plan professionnel et empêcher un individu de répondre à ses obligations en la matière, sans parler de la stigmatisation qui s’ensuit entre collègues et amis.

Loin des montagnes russes renversantes, des Splash Mountain éclaboussantes et autres châteaux de conte de fées enchanteurs, le train fantôme, frissons garantis, qui a laissé la famille Al-Rawi sur le tarmac de l’aéroport de Pearson, en lui faisant passer un très mauvais quart d’heure et vivre un terrible affront, hantera longtemps sa mémoire.

Par la rédaction.

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