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Une faille au goût de citron

Les citronniers est un film franco germano israélien. Réalisé par Eran Riklis. Durée 1h46. Produit en Israël. Titre original : Lemon tree.

Synopsis :

Salma vit dans un petit village palestinien de Cisjordanie situé sur la Ligne verte qui sépare Israël des Territoires occupés. Sa plantation de citronniers est considérée comme une menace pour la sécurité de son nouveau voisin, le ministre israélien de la Défense. Il ordonne à Salma de raser les arbres sous prétexte que des terroristes pourraient s’y cacher. Salma est bien décidée à sauver coûte que coûte ses magnifiques citronniers.

Quitte à aller devant la Cour Suprême afin d’y affronter les redoutables avocats de l’armée soutenus par le gouvernement. Mais une veuve palestinienne n’est pas libre de ses actes surtout lorsqu’une simple affaire de voisinage devient un enjeu stratégique majeur. Salma va trouver une alliée inattendue en la personne de Mira l’épouse du ministre. Entre les deux femmes s’établit une complicité qui va bien au-delà du conflit israélo-palestinien.

Il pleut sur Lyon ce vendredi soir lorsque nous décidons, ma femme et moi d’aller voir les citronniers. Des films sur la Palestine, nous en avons déjà vu des dizaines. Des films, que dis-je, plus souvent des plaidoyers pro palestiniens , car c’est un genre que nous prisons pour illustrer émotionnellement des opinions politiques assez tranchées, voir parfois manichéennes . Que va nous apporter celui ci ? Ma journée de travail me préoccupe plus que le souci d’une véritable nouveauté dans le ton et le sujet dont je ne suis pas convaincu.

Ce film traite, assurément, et avec brio, de l’absurdité de la guerre,avec douceur et retenue, comme seuls les orientaux savent le faire. Il traite aussi du « vivre ensemble » et est à ce titre une sublime métaphore politique. Il dénonce cette frontière , cette ligne Maginot que deux peuples érigent et qui ne vient que matérialiser la césure entre les êtres. Le film dénonce aussi cette autorité palestinienne étrangère au devenir de son peuple, plus préoccupée d’arrivisme et de népotisme, que du sort de quelques arbres.

Avec force, Riklis évoque aussi la morale qui enferme la femme dans son rôle de veuve, à qui l’amour est désormais interdit, ou la fierté arabe de refuser un dédommagement pour les arbres. Hiam Abbas est magnifique en veuve obsédée par le désir de sauver ses arbres , légués par ses parents, maigre trésor qui lui permet de survivre. L’avocat qui la défend , incarné par ali Suliman est extraordinaire de vérité ( il ne traite plus que quelques divorces, des affaires de ce type, une femme seule qui s’oppose à un ministre Israélien, qui plus est de la défense, sortent du lot ).

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On peut ergoter sur la posture ni pro palestinienne, ni pro israélienne de Riklis, qui en franc tireur, distribue , avec humour parfois, les mauvais points à tous les protagonistes.

Mais au fond, et malgré une fin peu réjouissante, la réelle nouveauté de ce film, est d’évoquer la faille, la brèche, non pas dans le mur, qui inexorablement s’érige, mais dans les cœurs, et particulièrement dans ceux des femmes.

Car petit à petit, à une vitesse toute orientale, deux femmes entrent en relation, deux femmes que rien ne destinait, religieusement, socialement, géographiquement, à la rencontre.

Pas de grands dialogues entre elles, pas de conférence , mais des regards et des actes qui parlent plus que des mots. Des êtres qui “prennent langue” bien au-delà des mots.

Dans cette terre de deux peuples,les citronniers tremblent de cette faille au goût de citron. Lorsque les regards se croisent, et cessent de s’éviter, les murs se brisent. Les femmes seraient elles la clé des portes qui ouvriront les frontières ? Cette question appelle immédiatement, au sortir de la séance, une réponse positive comme une évidence. Lyon avait ce vendredi , sous les orages et la pluie, la couleur de l’espoir…

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