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Un musulman américain, vétéran d’Irak, agressé à bord de son taxi

Le souffle de la déflagration de Boston a ouvert la boîte de Pandore des pulsions islamophobes. Aux paroles assassines désinhibées succèdent des passages à l’acte vengeurs, dont le dernier en date a particulièrement heurté les consciences car sa victime n’est autre qu’un musulman américain qui a donné tous les gages de loyauté à sa patrie, en servant sous le drapeau d’une invasion mortifère justifiée par un mensonge d’Etat éhonté.

Vétéran de la guerre en Irak et réserviste de l’armée, Mohamed A. Salim est un citoyen de confession musulmane au-dessus de tout soupçon, ou du moins qui croyait l’être, jusqu’à ce jour sombre de la semaine dernière, où un passager monté à bord de son taxi s’est brutalement déchaîné contre lui, l’insultant, l’accusant d’être un terroriste comme tous les musulmans, menaçant de le tuer, avant de se jeter sur lui et de lui fracturer la mâchoire.

Soutenu par Nihad Awad, le directeur national du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR), qui exhorte le ministère de la Justice à la plus grande sévérité envers cette hémorragie d’attaques racistes intolérables, Mohamed A. Salim qui, outre sa mâchoire souffre d’une perte auditive, a diffusé en conférence de presse les quelques images tristement éloquentes de son agression, prises sur le vif à l’aide de son téléphone portable.

"Avec la flambée de discours anti-musulmans qui électrise l’opinion depuis la tragédie de Boston, il était inévitable qu'une minorité d'individus fanatiques donnent libre cours à leur violence", a déclaré Gadeir Abbas, l'avocat mandaté par le CAIR pour représenter Mohamed A. Salim.

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En dépit de ses condamnations immédiates et sans réserve de l’attentat meurtrier de Boston, et de tout acte terroriste d’où qu’il vienne, les craintes de la communauté musulmane américaine d’assister à la montée de la violence, verbale et physique, se vérifient chaque jour, l’agression de Mohamed A. Salim venant allonger la liste déjà trop longue d’incidents traumatisants qui troublent la quiétude de la fragile cohésion nationale.

Ainsi, à Malden, dans l’Etat du Massachusetts, une mère de famille, revêtue d’un hijab, a été agressée mercredi dernier en plein jour, par un homme blanc qui l’injuriait en la frappant. A New York, un américain, originaire du Bangladesh, a été roué de coups par un groupe d’hommes blancs qui lui reprochaient sa couleur de peau.

Parmi les pyromanes, certains ont été identifiés depuis longtemps : ils sont républicains et soufflent sur le brasier incandescent de la haine avec une inconséquence coupable.  Entre ceux qui, comme Steve King et Louie Gohmert, appellent à jeter les projets de réformes sur l’immigration aux oubliettes, colportant la rumeur ravageuse que les musulmans radicaux s’entraînent au Mexique pour apprendre les « techniques hispaniques » en vue de tuer les Américains, et ceux qui, à l’instar de Peter King, incitent à mettre l’ensemble de la communauté musulmane sous surveillance, sans oublier la propagande explosive véhiculée par Fox News, le fléau de l’islamophobie risque d’embraser les Etats-Unis si aucun contre-feu politique et judiciaire ne vient le circonscrire à temps.  

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