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Un journaliste marocain en grève de la faim devant le Palais des nations à Genève

Après lui avoir interdit pendant dix ans d’exercer son métier de journaliste, Rabat prive à présent Ali Lmrabet de papiers…   
  
Pour empêcher le fondateur de l’hebdomadaire Demain (et sa version arabe Doumane) de continuer ses enquêtes, la justice marocaine avait inventé une sanction inconnue du Code pénal : l’interdiction de pratiquer son métier de journaliste pendant dix ans. C’était en 2005. Ali Lmrabet, originaire de Tétouan, à soixantaine kilomètres de Tanger, dans le Nord du Maroc, parle Espagnol. Il va s’établir à Barcelone et couvrir le Maghreb pour le quotidien El Mundo. En 2015, il décide de relancer son hebdomadaire dans son pays. 
 
Depuis le 24 juin, le journaliste marocain fait la grève de la faim devant le Palais des Nations à Genève. La Cité de Calvin accueille la plupart des organisations internationales de l’ONU, et notamment le Conseil des droits de l’homme. Au cœur de cet organe intergouvernemental, qui a la responsabilité de renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme dans le monde, le Maroc se montre particulièrement pugnace pour défendre la liberté d’expression. Du moins à l’extérieur de son territoire.     
 
Un malentendu depuis trois semaines               
 
Pourquoi le 24 juin 2015 ? C’est justement la date de l’expiration de son passeport. Depuis, Ali Lmrabet est devenu un sans-papiers, sans possibilité dorénavant de se déplacer. Il a rencontré à deux reprises Mohamed Aujjar, ancien journaliste lui-même, ancien ministre chargé des Droits de l’homme, et aujourd’hui ambassadeur auprès de l’ONU à Genève. Pour le diplomate, il s’agit d’un simple « malentendu administratif », mais qui ne s’est pas dissipé depuis trois semaines.  
 
Le journaliste est assis sous les arbres, à quelques pas de l’entrée de l’ONU, afin de se protéger de la canicule. « On m’a dit qu’il suffisait que je me rende à Barcelone pour obtenir mes papiers. C’est bien évidemment un piège : je n’habite plus dans cette ville, le consulat du Maroc ne peut donc pas me délivrer de documents. La stratégie des autorités marocaines est simple : ils veulent m’empêcher par tous les moyens de ressortir mon hebdomadaire », explique Ali Lmrabet. 
 
Les Sahraouis, les « réfugiés » 
 
Pourquoi autant d’acharnement contre ce journaliste ? C’est un redoutable chasseur de scoop. Il est d’abord le premier reporter du Maghreb à avoir osé interviewer Benyamin Netanyahu, le Premier ministre israélien. Il est ensuite le premier journaliste marocain à se rendre dans les camps de réfugiés de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie, pour s’entretenir avec les dirigeants du Front Polisario. Et surtout, Ali Lmrabet écrit que les populations sahraouies ne sont pas des « séquestrés », mais des « réfugiés ». Des “nuances“ impardonnables dans le royaume chérifien. 
 
L’ancien rédacteur en chef de Demain n’est pas qu’un provocateur. Il a aussi été le premier journaliste à oser franchir le détroit de Gibraltar sur une embarcation de fortune au milieu d’immigrés illégaux qui tentent de rejoindre les côtes espagnoles. À présent, il est le premier reporter marocain privé de nationalité ! Il vient donc de saisir les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme pour qu’elles se penchent sur sa situation. « On a déjà tenté de me discréditer. Mais je suis clair : le jour où le Maroc me donne mes papiers, un nouveau passeport et une attestation de résidence, je rentre immédiatement dans mon pays ».    
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