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Trois journalistes algériens, incarcérés pour “diffamation et atteinte à la vie privée”, risquent jusqu’à cinq ans de prison

L’affaire fait grand bruit en Algérie et a une forte résonance en France, sous la plume indignée de Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), qui en a appelé de manière vibrante, via une missive en date du 30 octobre adressée au président Bouteflika, au respect de la liberté de la presse érigé en principe constitutionnel sous son ère.

Depuis le 25 octobre, trois journalistes algériens – Abdou Semmar, éditeur du site d’informations Algérie Part, son collaborateur Merouane Boudiab, et Adlène Mellah, directeur des sites Algérie Direct et Dzaïr Presse – sont incarcérés à la prison d’El Harrach, dans la banlieue d’Alger, après avoir été accusés de « diffamation par voie de diffusion, de menaces et d’atteinte à la vie privée » pour les deux premiers, et d’ « outrage aux institutions », « enregistrement ou prise de vue sans autorisation ou consentement » et « atteinte à la vie privée » pour le troisième.

Placés en détention provisoire dans l’attente de leur procès qui devrait avoir lieu le 8 novembre prochain, les sanctions pénales encourues pourraient aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement, ainsi que l’affirment leurs avocats avec inquiétude.

Les deux plaignants à qui Abdou Semmar (ce dernier est intervenu récemment sur le plateau d’OummaTV au sujet de la présidentielle algérienne – voir ci-dessous), Merouane Boudiab et Adlène Mellah doivent d’avoir été interpellés le 23 octobre et jetés en prison sont Anis Rahmani, directeur de la chaîne de télévision Ennahar, et le wali d’Alger, Abdelkader Zoukh.

 

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Plaidant pour leur « libération immédiate » auprès d’Alger, Christophe Deloire se fait leur ardent avocat depuis Paris, mais aussi celui de « l’importance de développer une presse professionnelle et indépendante » de l’autre côté de la méditerranée, en soulignant qu’il se tourne vers le chef de l’Etat algérien en sa qualité de « premier garant du respect et de la mise en œuvre des obligations internationales auxquelles votre pays a librement souscrit ».

Dernier rebondissement en date rapporté par le site Algérie Part : Abdou Semmar vient de porter plainte contre l’un de ses accusateurs, Anis Rahmani, pour « acharnement médiatique et diffamation» à son encontre.

Si son avocat, Me Benlahreche, se réjouit du soutien sans frontières que des journalistes étrangers et diverses organisations internationales lui ont manifesté spontanément, et de son impact non négligeable sur l’issue du procès, il déplore d’autant plus vivement l’indifférence que lui témoigne la presse algérienne.

« Je suis surpris par cette absence de solidarité en faveur d’un confrère. Il ne faut pas oublier que cette affaire concerne un journaliste emprisonné », martèle-t-il, tout en dénonçant un « dossier vide», à la veille de rencontrer Abdou Semmar derrière les barreaux, demain, mardi 6 novembre, afin de le préparer « psychologiquement » à comparaître devant la justice.

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