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« TOUCHE PAS A MA MERE »

Un homme, un vrai. Comment lui en vouloir ! Jamais. Pas à ce kabyle, cet immense kabyle qui a dans ses veines le sang indompté d’ancêtres amazigh riches des fiertés et des rudesses des monts de Béjaïa. Tous les fans du « café Zizou » d’Aguemoune, à un tir au but du village familial de Taquemout peuvent encore et toujours être fiers de leur frère, cousin ou plus simplement ami. Les petits de la Castellane eux aussi attendent leur grand aîné. Le visage lisse et trop poli des affiches et campagnes Generali ou autres sources gazeuses n’ont jamais fait illusion à ses frères et comme on dit là bas,

« L’argent ne le guide pas, c’est lui qui guide l’argent » et il a su faire, toujours en retrait. On a besoin de lui, on le paie, et puis çà en reste la. Il n’est pas dupe, nous non plus. Mais voilà qu’un dimanche de juillet à la 110ème minute d’une terrible finale de coupe du monde l’histoire bouscule tout le scénario écrit avec tant de patience, par les autres. Le “chaïtan” est là et le pousse à l’irréparable, enfin c’est tout de même pas la fin du monde, mais pour beaucoup çà a l’air d’y ressembler. Souffle trois fois par-dessus ton épaule gauche Zizou et passe à autre chose mon frère.

L’équipe de France est moribonde, il faut appeler les « ancêtres » et ils viennent tous autour d’un capitaine que l’on disait « fini », épuisé par trop de matchs, l’envie de se battre noyée dans des comptes en banque pansus…Tu parles, premiers rounds un peu lourds, mais au fil des heures on le voit mincir, s’affûter, courir comme un damné et offrir avec ses « vieux compères » un spectacle époustouflant. Le monde entier se régale et les femmes s’y mettent aussi. En plus il est beau le bougre et son calme fait le reste.

Mais le feu couve et la « dernière » arrive. Encore quelques minutes et le Panthéon est à lui, tout en haut des marches avec fanfares, orphéons et décorations. Mais le génie a ses pulsions que le vulgum ne comprend pas. Il est ailleurs, sur une autre planète avec quelques autres, parmi les siens. Alors le destin frappe et tout se voile, la fête et la défaite. Un homme surgit, il met sa dignité au dessus de tout et comme un taureau frappe, là en pleine poitrine il vise symboliquement le cœur.

Il ne veut pas détruire le visage de « l’autre », dont je ne citerai jamais le nom, ce serait l’aumôner d’une reconnaissance que je lui refuse définitivement. Rappel du réel le plus cru, le plus violent. L’homme n’est qu’un homme et le restera. L’eau tiède n’est pas pour lui, le neutre, le fade, le trop sportivement correct effacés en une seconde, le temps de « venger » un geste, un mot, une injure déplacée et horrible. Il a par un dernier réflexe de gentleman tendu sa main au « boucher » des gazons transalpins, refusé, alors il donne la punition et je suis certain offrira « l’aman », ce magnifique pardon, un peu plus tard. Le temps que les esprits se calment.

Une pulsion de mort traverse alors le stade, un suicide en direct. L’idole déboulonnée pour « un coup de boule », non ! Il en faudrait beaucoup plus. Il le reconnaîtra lui-même sur canal + quelques jours plus tard et s’excusant auprès des millions de jeunes qui boivent ses paroles, et il précise à plusieurs reprises que s’il n’est pas excusable du geste, il n’a fait que répondre à un récidiviste de la provocation qui lui aussi devra être tout aussi lourdement condamné.

Ce génie n’est finalement qu’un homme, et son sang froid exceptionnel que tous connaissent et respectent a balayé en une fraction de seconde plus de dix années de self contrôle. Il redevient tout simplement un homme, un homme fort qui aime sa mère et sa sœur, auxquelles il a ainsi rendu le plus bel hommage filial du monde,

« Laver les affronts des médiocres et des vils a toujours été l’honneur des hommes debout »

Cantona et d’autres connaissent ce genre de réactions pour en avoir eux aussi payé le prix le plus élevé. Et après ! Akhénaton, de Marseille lui aussi, nous sort une formule énorme, et il peut la placer dans son prochain single,

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« Il a commencé petit joueur des cités, il finit pareil »

C’est très dur, mais traduisons avec Cohn-Bendit,

« Cet homme, ce génie du foot malgré son éducation est resté un gamin des banlieues et c’est pour çà que tous les gamins s’identifient à lui. Sa vie fût un combat et il y a des moments où le sang bouillonne… »

Alors Monsieur Zidane, soyez tranquille. Savourez votre retraite d’immense sportif, que vous la choisissiez à Madrid ou comme on le chuchote du côté d’Amphion au bord du lac ou plus certainement, et vous venez de le dire, au dessus de Béjaïa.

Oubliez les mots terribles d’un imbécile qui a osé égratigner « al woualida ». Je souhaite ce courage à tous mes frères,

« On ne peut pas saigner sans piquer »

« Olahad tichrat Mbla id’hamouc »

Youssef Chems Ecrivain (A paraître « Hadj Amor ». Pour l’amour de Dieu)

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