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Terrorisme en Norvège : le suspect ultra-sioniste a ouvert le feu sur des militants de la cause palestinienne

Ultra-nationaliste, « résistant » auto-proclamé contre la « colonisation islamique » de l’Europe et partisan de la cause ultra-sioniste, Anders Behring Breivik a abattu 87 militants réunis pour le rassemblement de la jeunesse travailliste. La veille de la tuerie se tenait sur place la visite, rapportée ici par un média norvégien, du ministre des Affaires étrangères, Jonas Gahr Store.

Lors d’un débat consacré au Moyen-Orient et quelques jours après sa rencontre à Oslo avec le président palestinien Mahmoud Abbas, l’homme politique a plaidé devant eux pour la « fin de l’occupation » israélienne.

Plus concret, il a également promis d’engager la Norvège en faveur de la « reconnaissance de l’Etat palestinien » à l’occasion de la prochaine assemblée générale de l’ONU qui doit se tenir en septembre.

Face à lui, les jeunes militants ont applaudi, l’encourageant à aller plus loin : la mise en place d’un embargo économique à l’encontre de l’Etat hébreu. Embarrassé, le ministre a rejeté la suggestion : « Le boycott consistera à passer du dialogue au monologue. Ce sera difficile d’ouvrir la porte le jour où nous voudrons parler à Israël ».

Face à l’homme du gouvernement, les militants du même bord politique ont été plus radicaux dans leur volonté de faire pression sur Israël. Le lendemain, c’est précisément le partisan enthousiaste d’une « alliance » particulière -celle avec « nos frères sionistes » contre les « antisionistes »- qui ouvrira le feu sur la plupart d’entre eux.

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L’engagement singulier de Anders Behring Breivik en faveur de l’Etat d’Israël n’a rien de surprenant quand on consulte son ouvrage récemment publié sur Internet et intitulé « 2083, une déclaration européenne d’indépendance ». Dense, foisonnant de notes et hyper-structuré, ce pdf de plus de 1500 pages ne fait pas mystère des motivations stratégiques de l’intéressé qui considère l’Etat hébreu comme la « ligne de front » contre le « djihadisme » et déplore l’antisémitisme des anciens nationalistes. L’homme préconise au contraire un rapprochement de la nouvelle génération des « patriotes » avec « notre allié » Israël qui permettra, à long terme, d’ « isoler le monde musulman » et de requalifier sa religion en « idéologie fasciste et impérialiste ».

Ce qui ressort de ce pensum, c’est moins l’image trop commode d’un déséquilibré impulsif que celle d’un homme indéniablement intelligent, opiniâtre, monomaniaque, dangereux et résolu à provoquer ce qu’il nomme une « révolution conservatrice », autrement dit la « résistance » de l’identité culturelle européenne face au « marxisme culturel » et à l’islam. Ainsi, la « déportation » des musulmans hors d’Europe à partir de l’horizon 2020 est sérieusement envisagée. L’homme se veut également visionnaire puisqu’il entrevoit le 11 septembre 2083 comme le jour du parachèvement de son combat politique. Pourquoi cette date ? Ce sera alors la veille de la commémoration de la capitale bataille de Vienne au cours de laquelle les Ottomans ont été défaits le 12 septembre 1683.

Une erreur d’interprétation, relayée par la quasi-totalité des médias, consiste à présenter de manière approximative le suspect de la double opération terroriste d’Oslo comme un « fondamentaliste chrétien ». Or, selon l’intéressé lui-même qui se décrit de manière extrêmement détaillée à la fin de son recueil, il serait, malgré sa fascination évidente pour la symbolique des croisades, « un protestant modérément religieux ». De même, sur l’islam, il nuance et indique « ne pas être contre » dans l’absolu, ajoutant qu’il a connu lui-même des musulmans qualifiés de « magnifiques ». Son obsession semble davantage se focaliser sur l’islam comme vecteur de la chose qu’il abhorre le plus : le multiculturalisme, ce concept qui aurait « détruit les sociétés » européennes. Présentée dans l’introduction de son ouvrage, une vidéo de 12mn a été mise en ligne pour synthétiser sa vision apocalyptique du choc des civilisations.

https://www.youtube.com/watch ?v=rAwp2FnRmsE&skipcontrinter=1

En commettant le double acte terroriste d’Oslo, Anders Behring Breivik a accompli une opération préméditée de longue date. Mais c’est seulement le 17 juillet dernier qu’il a ouvert un compte sur Facebook et Twitter pour relayer son manifeste et anticiper l’intérêt médiatique qu’il allait susciter. Quelques jours plus tard, des jeunes militants, incarnant à ses yeux la somme des engagements -socialisme, multiculturalisme, droits des Palestiniens- qui lui font horreur, allaient tomber sous les tirs d’un homme qui esquissa, à la fin de son recueil, un autoportrait sommaire : « Un conservateur culturel et révolutionnaire, optimiste, pragmatique, ambitieux, créatif, travaillant dur ».

Les militants de l’AUF- mouvement de jeunesse du parti travailliste norvégien- au début du rassemblement d’Utoya

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