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Tentation de culture globalisante

Le processus de globalisation du capital économique s’accentue de jour en jour, espérant générer des vagues de globalisation au sein du capital humain. Parallèlement aux multiples mouvements de regroupement des multinationales, suivies par de permanentes alliances des grandes puissances politiques, les sociétés civiles à travers les humanistes et les religieux, les ONGs et les penseurs libres, deviennent de plus en plus solidaires pour former des réseaux de coordinations et de pression sur les excès du capital du marché sur le capital humain.

Identité collective

 

Uniformiser le monde pour mieux gérer ses richesses, telle est la devise de la globalisation, et ce dans tous les domaines qui concernent la vie de l’homme, y compris le domaine de la culture. Or, les défenseurs du capital humain qu’ils soient alter mondialistes ou négociateurs au sein de la globalisation, sont supposés soutenir une démarche multiculturelle. La survie des identités culturelles est en réel danger face au tentation de globaliser la culture selon le modèle dominant par excellence. Les grandes valeurs sociales qui ont marqué l’identité du monde occidental telles que la démocratie, la laïcité, et les droits de l’homme, et qui étaient à la base la justification principale de l’expansion des intérêts occidentaux dans les pays du sud, deviennent avec la globalisation culturelle les normes de conformité avec le modèle globalisant à suivre. Ainsi une revendication identitaire collective telle que l’identité musulmane aux USA est jugée bonne et valable si elle ne contredit pas le modèle de société uniforme qu’on veut attribuer à ce pays, alors que les valeurs fondatrices de ce modèle étaient le garant de la liberté identitaire collective.

Tolérance ou reconnaissance ?

La culture de tolérance ne peut certes pas faire face à la gestion de la nouvelle société multiculturelle, car elle est conçue pour gérer la différence à l’intérieur d’un système de société unique orientée par une identité unique qui se réfèrent aux règles normative de la laïcité, de la démocratie ou autre, et dans laquelle une seule forme identitaire est exprimée, l’identité individuelle. Le multiculturalisme est donc un facteur étranger à la culture moderne, car il l’a traversé non pas par son propre choix et initiative mais c’est l’évolution de la société humaine de plus en plus émigrante, et métisse qui semble l’avoir exigée.

Le principe de la reconnaissance de l’identité culturelle collective nous paraît fondateur et indispensable pour le passage de la culture moderne mono culturelle vers une culturelle postmoderne multiculturelle. La reconnaissance signifie l’acceptation intégrale et durable de l’identité d’autrui, sans qu’il soit amener à faire des concessions ou à dissimuler les traits marquants de son identité dans le système identitaire au pouvoir. La tolérance ne peut probablement pas seule évoluer vers la reconnaissance, autant que l’alter mondialisme et les mouvements de solidarité entre les peuples ne peuvent générer par leurs propres moyens – plutôt revendicatifs – un multiculturalisme.

Face à la culture dominante de la sélection du plus fort, et de l’élimination du plus faible dont nous observons sa banalisation à travers notamment les médias, et face à l’accentuation de la loi de la super puissance dans la résolution des conflits internationaux, la promotion de la culture du respect et de la reconnaissance de la dignité identitaire, individuelle et collective, demeure la ligne du combat obligatoire, des tentations d’une quelconque culture globalisante.

Utopie d’humanisme et réalité de néocolonialisme

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L’utopie du village planétaire dans le discours de la globalisation est confrontée à la réalité amère de la montée des nouvelles tentations d’expansions coloniales sous de multiples formes et justifications, allant de la protection de la démocratie jusqu’aux génocides ethnico-religieux. Globaliser l’information entre les peuples a permis certes de mieux coordonner les actions de sauvegarde de l’autonomie des sociétés civiles, et a accentué le processus de la culture de réseaux. Cependant ce mouvement de coordination est opposé en permanence à la censure et à l’harcèlement de la part des décideurs du capital économique, pour qui le rapprochement entre les peuples suscite plus de conscience du respect du droit à la différence, lequel n’est toujours pas favorable à l’esprit du marché néo-colonial de la globalisation.

Certes, la défense du droit des peuples à la liberté face à leurs différents régimes totalitaires n’a jamais été une valeur absolue et inconditionnée, car elle est conçue dans l’enjeu du marché et du pouvoir au niveau international. Avec la globalisation ces enjeux sont devenus plus fort et prononcés, au point de pouvoir soutenir explicitement ou implicitement des dictatures jugées comme « bonnes gestionnaires », et par conséquent profitable au bon processus de la globalisation. L’exportation des valeurs de la démocratie, et des droits de l’homme ne figure plus comme credo pour l’échange de l’occident avec l’orient, car c’est l’argument du développement qui l’emporte.

La loi du marché tranche évidemment toujours en faveur ou non d’un processus de démocratisation, mais avec la globalisation on n’est plus contraint de se cacher derrière les belles valeurs humaines, car l’argument économique est plus valable et permet de franchir toute frontière, même la culturelle. Le facteur culturel est désormais traité non pas comme une composante stable de l’identité d’un peuple mais comme un domaine d’habilitation à la globalisation.

Cultures en résistance

 

On peut dire avec aisance que la machine déployée pour l’uniformisation des peuples au nom de la globalisation culturelle est en panne et risque d’y rester pour toujours. Toutes les stratégies d’assimilation, de marginalisation, ou de provocation de contraintes, n’ont pu faire face à la montée de l’identité collective. L’identité collective est une valeur en soi et ne peut être dissolue dans une valeur ou au nom d’une valeur appartenant à la puissance globalisante.

Il est évident que la résistance de ces différentes cultures contribue à la promotion de la culture du respect de la différence, mais la question est de savoir si cette résistance pourrait légiférer en direction de la reconnaissance de l’identité culturelle collective, dans un espace multiculturel.

Le multiculturalisme n’est point une ghettoïsation des cultures, mais une reconnaissance de la dignité psychologique et intellectuelle dans l’expression culturelle collective, en rapport avec une philosophie de coexistence, et des normes qui gèrent le respect mutuel et l’harmonie fonctionnelle entre les différentes identités, dans le cadre d’une identité nationale fédératrice. Dans la mémoire islamique, une grande matière pourrait être exploitée autour de ce sujet, notamment celle du pacte de citoyenneté à Médine, étant celui du premier modèle d’état, et qui a tenté de réglementer une reconnaissance citoyenne globale de tous les tribus non musulmans, dans le respect de leur intégrité cultuelle et culturelle.

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