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Taqya et lutte contre le terrorisme ou la face cachée de la mondialisation ?

« L’art du mensonge politique est en effet L’art  de faire croire au peuple des faussetés 

Salutaires, pour quelque bonne fin ». Jonathan Swift, L’art du mensonge politique

éd. Jérôme Million, précédé de Le Mentir vrai  par Jean-Jacques Courtine.

« Si tu plonges longtemps ton regard dans l’abîme, l’abîme te regarde aussi »  W. Nietzsche.

Rien n’est pire que de se convaincre de détenir la vérité. Vérité s’il y a, elle est du moins partielle, subjective. Et comme l’explique Edgar Morin dans son excellent livre, Le monde moderne et la condition juive (éd. Points), au-delà des multiples peurs et angoisses qui s’expriment et tendent à faire du juif un bouc-émissaire (à l’instar des musulmans aujourd’hui), il ne faudrait pas en arriver, pour reprendre Proust, à un dévoiement de vérités devenant folles, pour alimenter des stéréotypes comme ceux de la rumeur d’Orléans (1). Ou encore La France juive de Drumont avatar du Grand Remplacement de Renaud Camus et d’Eric Zemmour.

« Qu’est-ce qu’une vérité devenue folle ? C’est une vérité d’observation isolée, détachée de son contexte puis intégrée dans un contexte idéologique artificiel (…). C’est une vérité partielle qui se considère comme vérité totale quand l’esprit réduit une totalité complexe à un seul fragment isolé et hypostasié. C’est une vérité locale ou isolée que l’on généralise abusivement. » Nous explique Edgar Morin.

Personne ne peut nier la réalité du terrorisme, mais en creux c’est oublier assez vite que nous sommes toujours dans une relation de rapports de domination Nord-Sud, ce que d’aucuns appellent néo-colonialisme ou néo-impérialisme (Saïd Bouamama, « Planter du blanc », Chroniques du néocolonialisme français, éd. Syllepse). De plus, les idéologies et courants politiques alternatifs notamment les nationalismes arabes, le socialisme ou le marxisme arabes, ont montré leurs limites et laissé un vide considérable en terme de représentation et de projet ou d’alternative politique.

C’est pour cela que cet article invitera le lecteur à prendre du recul. Et de voir et de penser de façon macro-systémique et sur le temps historique long plutôt que sur celui de l’affect ou de l’émotion médiatique. D’ailleurs Karl Marx mettait en exergue plusieurs temporalités, notamment ce que Saïd Bouamama rappelle « Age préhistorique du capitalisme » ou « accumulation primitive », puis « Age du colonialisme et de la Révolution industrielle », et enfin le dernier dans lequel nous sommes encore inscrits qu’il nomme « Age du capitalisme et de l’échange inégal imposé ». Ne pas avoir à l’esprit ces réalités, c’est passer à côté du sujet, et ne rien comprendre à l’évolution historique et politique et les représentations médiatiques des uns et des autres toujours tributaires d’un inconscient (néo)colonialiste, voire (néo)impérialiste.

Pour appréhender cette question du mensonge politique ou de la dissimulation que d’aucuns traduisent par le terme Taqiya, il est clair qu’il existe toute une tradition politique chez nos penseurs sur le sujet (Machiavel, Jonathan Swift, Mandeville, Clausewitz, etc.) à l’instar de ce que l’on peut retrouver chez certains idéologues comme Hassan al Banna ou Saïd Qutb qui ont influencé les courants Fréristes en Egypte et partout dans le monde musulman. Même si les travaux de spécialistes tels que Kepel, Roy, Burgat, ont apporté de la nuance et de la complexité à une sociologie et un positionnement critique de ces nouvelles générations politiques issues ou sympathisants ou non des Frères musulmans quant à la réception de certaines idées de ces pères fondateurs, face à l’évolution des sociétés et des mentalités. Les printemps arabes en sont une illustration (les islamistes souvent tenus à l’écart comme en Algérie), ne voulant pas réitérer les années noires du FIS et du GIA ou les tensions au Sahel et au Moyen-Orient dans un contexte de guerre économique et d’exploitation des ressources de ces pays, sous couvert de lutte contre le terrorisme.

Pour comprendre le dialogue de sourds, il faut avoir en tête la réalité des médias et de la presse rachetés par ces mêmes groupes industriels à l’instar de nos politiciens comme de simples « VRP » (représentants commerciaux) (Halimi, Chomski). Ce qui explique la cacophonie liée aux discours, revendications, intérêts, indignations légitimes des uns et des autres que cela suscite. Nous ne pouvons dans la limite de cet article faire l’économie de quelques ouvrages et quelques analyses qui nous donneront la possibilité d’appréhender la complexité du sujet qui nous occupe ici. Quant à la réalité de l’Afrique et du Moyen-Orient (George Corm) dans un contexte multipolaire (Bertrand Badie, Dominique Vidal) et dans une crise écologique, voire existentielle majeure, les scientifiques lui ont donné un nom Anthropocène (Christophe Bonneuil & Jean-Bapstiste Fressoz, L’événement Anthropocène, L’histoire, la terre et nous, éd. Points). Sortir du déni ou du mythe Hégélien d’un progrès linéaire voire exponentiel, fondement du génie européen, alors que l’on sait aujourd’hui que toutes les ressources naturelles sont limitées, voire menacées.

Après l’attentat de la Préfecture et les propos de nos dirigeants reconnaissant l’existence d’une hydre islamiste, le livre de Mohamed Sifaoui, Taqiya, Comment les islamistes veulent infiltrer la France, paraît avoir un certain succès de librairie, bien qu’il fasse un bon rappel historique de l’étymologie de ce terme et avertisse en introduction ne pas vouloir faire le jeu de l’extrême droite ou de reprendre le discours de certains Renaud Camus ou Eric Zemmour. Ce qui n’est pas gagné, aux vues des réactions sur le Net et l’enthousiasme portés par les sympathisants de cette idéologie identitaire, voire d’extrême droite. Cette même extrême droite instrumentalisée, voire courtisée (par Macron dans Valeur Actuelle), est révélatrice de ce retour des populismes, signe de l’installation profonde et durable de ce qu’Onfray qualifie d’ordre Maastrichtien. Et nous rappelle une certaine configuration politique des années 30, lorsque tous les partis étaient en crises sous la IIIème République (Pierre Birnbaum, La genèse du populisme : le peuple et les gros, éd. Hachette, Pluriel).

Mohamed Sifaoui a raison de dénoncer les Frères Musulmans et leur idéologie totalisante, mais à la lecture de son livre et l’énoncé de son titre, Comment les islamistes veulent infiltrer la France, cela relève plutôt du bruit de couloir. Car entre vouloir et pouvoir il y a un gouffre. Comme ce qu’il nous relate de façon ennuyeuse et sans aucun intérêt entre les membres du CFCM et les membres du gouvernement actuel, cherchant à faire le scoop ou le buzz (Erik Neveu, Sociologie du journalisme, éd. La Découverte). Un peu du même acabit que le rapport Obin qui d’entrée de jeu nous donnait le ton de son enquête sans aucun chiffre avec des « il semblerait que » « on nous a dit que », même si la visibilité d’une certaine pratique de l’islam ou de référence à une culture islamique ne peuvent être niés dans nombre de quartiers ou de ce que d’aucuns ont appelé « Territoires Perdus de la République ». Le constat est juste en apparence, d’un communautarisme et d’une certaine radicalisation (visibilité de femmes voilées et d’hommes pratiquants portant la barbe). Mais les chiffres pour étayer une approche sociologique sont insuffisants (Lire plutôt Frank Fregosi, Thomas Deltombe, Laurent Mucchielli) et les approximations assez problématiques, de même que les propositions et les mesures pour y remédier très mauvaises (inefficacité et problème des Fiches S, ce que cela renvoie en terme d’inconscient avec la délation sous le régime de Vichy). Mohamed Sifaoui a raison de souligner que ce n’est pas par la répression, la délation, la stigmatisation d’une certaine population que l’on arrivera à endiguer le radicalisme et les aspirations au terrorisme.

Et entre le constat d’une volonté d’infiltration politique et les réelles questions sans réponse, en ont-ils les moyens ? Dans quelle mesure leur idéologie politique se répand-t-elle dans les milieux universitaires ou associatifs, hormis ce que Raphaël Logier avait qualifié d’Affirmation Act dans la lignée d’une revendication ou visibilité à l’instar des LGBT ou du grand rassemblement du Bourget organisé par l’UOIF ? Les musulmans de France ont-ils une conscience politique qui se traduit par un engagement effectif, si oui dans quelle mesure et comment ? Lui-même reconnaît qu’il n’y a rien de cela. Et au final, on se demande pourquoi L’UOIF via ses écoles privées, ses maisons d’éditions notamment Tawhid, ou autres observatoires comme le CCIF ne jouirait-il pas de la même liberté de conscience que les écoles régies par le consistoire israélite, ou par le diocèse ? Et enfin, que représente le poids et l’impact de cette mouvance sur la majorité des citoyens français de culture ou de confession supposée musulmane, sachant qu’il y a des athées, des croyants traditionalistes ou culturels très méfiants à l’égard de ces organisations telles que l’UOIF, etc. ? Toute la problématique se situe là et Mohamed Sifaoui n’arrive pas à y répondre, bien que ses allers-retours entre le texte d’Hassan Al-Banna et la mouvance Frériste soient intéressants, même si Kepel, Roy et Burgat ont déjà tout dit.

Et que dire face à cette impuissance des autorités publiques voire résignation quant aux inégalités et aux difficultés socio-économiques si ce n’est mauvaise foi, entretenues depuis des décennies, notamment depuis les émeutes des banlieues et l’aveu d’un phénomène de ghettoïsation par l’ancien premier ministre Emmanuel Valls. Colère des émeutes qui souvent, comme on l’a vu avec les gilets jaunes, permet de transformer un problème éminemment politique en question psychologique ou du ressentiment (Tobbie Nathan, Les âmes errantes, éd. L’Iconoclaste).

Et lorsque Mohamed Sifaoui explique que Sarkozy a été endoctriné par l’UOIF : Sarkozy qui bien au contraire a voulu réitérer avec la création du CFCM la geste de Bonaparte avec le Consistoire israélite (Samuel Pruvot, Le mystère Sarkozy : Les religions, les valeurs et les femmes, éd. Du Rocher). Il y a de quoi sourire, surtout lorsqu’on connaît les manœuvres et les casseroles de notoriété publique de l’ancien président avec l’ancien dictateur Libyen, et les liens avec Alassane Ouattara entre autres (Cf, Philippe Bernard, Entre M. Sarkozy et M. Ouattara, une amitié de vingt ans, Le Monde 12/04/2011).

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Pierre Vermeren dans Déni Français a raison d’expliquer que « depuis la décolonisation, tout ce qui a trait à l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient relève de la Realpolitik et du jeu des relations internationales. (…) Mais cette connaissance et ces amitiés partagées se situent à un niveau infrapolitique. (…) L’historien Jean-Pierre Bat, spécialiste de l’Afrique de Jacques Foccart, montre que nos relations avec ce continent sont directement pilotées par la présidence de la République, ce qu’autorise la Constitution de la Vème République en court-circuitant le ministère des affaires étrangères. Cela crée des relations intimes et interpersonnelles entre chefs d’Etat et une poignée de très hauts fonctionnaires français, échappant au contrôle ordinaire du Parlement. Cela débouche sur la constitution de réseaux en partie liés à la diplomatie parallèle, aux services de renseignement et à des intérêts marchands, industriels et financiers, souvent portés par de grandes entreprises publiques ou privées mais protégées par l’Etat. »

Pierre Vermeren fait un bon rappel historique et un bon constat, même si toutefois le déni du déni qu’il semble occulter sont les rapports incestueux qu’ont les dirigeants américains et israéliens avec leurs homologues saoudiens, financiers et idéologues de ces mêmes terroristes ou idiots utiles. Ce que Richard Labévière démontre dans son excellent livre Terrorisme face cachée de la mondialisation (éd. Pierre Guillaume de Roux). Sans parler de la dimension messianique que partagent Trump, Netanyahu et le roi Salman, ce qui explique en l’occurrence la proposition unilatérale récente du traité de paix israélo-palestinien de la reconnaissance des colonies et de Jérusalem comme capitale (les néoconservateurs évangélistes, voir le documentaire sur Netflix, The Family, la menace fondamentaliste, et la série Messiah).

On peut même se demander si l’infiltration islamiste dénoncée par Mohamed Sifaoui est aussi effective, quantifiable, vérifiable, que celle des néoconservateurs évoqués par l’excellent travail de Juliette Grange dans Les néoconservateurs, (éd. AGORA) sur les mouvements populistes, et de façon plus générale, ce qui est le plus inquiétant, sur la banalisation des idées de l’extrême droite ?

Quant à un obscur Institut européen formant des imams pas connu des musulmans dans leur majorité et le CFCM vu comme une coquille vide, les figures telles que Nabil Ennasri restent assez périphériques, sauf Tariq Ramadan qui avait été mis au-devant de la scène à maintes reprises plus connu de certains cercles universitaires et parisiens. D’autant plus que ces deux figures sont aujourd’hui décrédibilisées, voire sévèrement critiquées.

Et à contrario, il est assez choquant de voir des personnalités publiques comme Eric Zemmour ou encore Yann Moix dans des émissions à fort audimat, nous expliquer que le salafisme est le vrai islam, comme si l’on pouvait se permettre de définir les vrais croyants chrétiens ou juifs, ou ce qu’est le véritable christianisme et le véritable judaïsme. N’oublions pas que c’est ce qui a provoqué dans l’Histoire les interminables querelles byzantines et autres guerres de religion ! De même lorsque Zemmour parle de tribunaux de la Charia dans les banlieues sans apporter aucune preuve, cela relève du même fantasme et mensonge que la rumeur d’Orléans. (Voir le documentaire Netflix, L’un des nôtres, sur la réalité des tribunaux rabbiniques hassidiques à New-York et en Israël, ce que Zemmour n’a jamais dénoncé). Sauf si bien sûr Trump et Netanyahu dans leur délire messianique reconnaissent la Mecque ou l’Arabie Saoudite comme « Vatican du monde musulman ». Ou reconnaître la vision wahabito-salafiste celle même d’Al-Qaïda et de Daesh comme la vision légitime et orthodoxe de l’islam ! En somme, dans une certaine mesure « cléricaliser l’islam », ce qui est tout de même paradoxal pour les tenants de la démocratie et des Lumières.

Enfin, nous conclurons par ce qui est le fond, voire le cœur du problème. A savoir, la schizophrénie ou le double discours occidental entre ce qui fait le côté lumineux des valeurs universelles des Lumières (vouloir prôner et encourager la démocratie, les droits de l’Homme, le libre-échange, la liberté de chaque pays et chaque peuple de disposer de lui-même, etc.), et le côté obscur d’une réalité utilitariste (groupes industriels et financiers, interventionnisme militaire, néo-impérialisme ou néocolonialisme).

D’ailleurs Robert-Dany Dufour explique dans son excellent livre, Baise ton prochain (éd. Actes Sud), que le philosophe anglais Mandeville avait dès les origines du capitalisme compris le lien qu’il y avait entre vices privés et vertu publique, fondés sur les passions plutôt que sur la raison. Pressentiment Nietzschéen d’inversion des valeurs, ou vision messianique de l’Armageddon ou du chaos afin qu’advienne le Messie. Ce que l’Occident n’aura jamais réussi à surpasser, à savoir un discours humaniste et universel dans ses assemblées et ses instances, et une politique coercitive, interventionniste, voire militariste dans les faits (Rappelons-nous du discours de Jules Ferry avatar du paternalisme et de l’interventionnisme militaire actuel). Que ce soit à l’extérieur sur le terrain en Afrique ou au Proche Orient, ou à l’intérieur dans ses « banlieues ou Territoires Perdus de la République » nouveaux quartiers arabes peuplés de ces éternels étrangers pour reprendre le drame et l’absurdité du récit d’Albert Camus dans L’Etranger. Réitération d’une histoire sans fin, ou du moins, balkanisation ou libanisation des territoires tant qu’il y aura des intérêts et du pétrole. L’Apartheid des riches emmurés dans leurs résidences de luxe face à la vague des pauvres. A ce propos, Pierre Vermeren en conclusion de son livre, Déni français, explique qu’il faille désenclaver le Maghreb pour sortir de cette situation. Certes. Mais comment ? Saïd Bouamama apporte des propositions et des solutions dans ces excellents livres, Manuel stratégique de l’Afrique, Tome 1&2, éd. Investig’Action)

Enfin, on peut dire que tant que la France avait gardé des liens privilégiés avec les dirigeants africains, on pouvait se permettre d’avoir des idées de gauche et humanistes, un système social inspiré de Jaurès via le CNR. Et que le rétropédalage ultralibéral ne peut se comprendre qu’avec les inquiétudes et les pratiques généralisées de nos oligarchies financières et industrielles, de nos élites corrompues, en concurrence avec leurs alter-égos chinois et russes dans un monde multipolaire et anxiogène. En cela, la véritable défaite se situe ici.

Ne pas prendre en considération tous ces aspects et toutes ces dimensions, c’est passer à côté de nos contradictions, de nos réels dénis, de nos mensonges ou disons de notre méconnaissance du sujet appréhendé dans sa globalité. Revenir à ce que Montaigne prônait dans sa philosophie, se mettre à la place de son prochain et sortir de notre confort et de nos idées préconçues. Le monde est bien plus complexe que la lecture binaire, voire schématique que nous en donnent les tenants d’une certaine idéologie faussement universaliste, ou à l’inverse, populiste. Personne n’est à proprement bon ou mauvais, ce sont les contraintes sociales, économiques, politiques, énergétiques, écologiques qui font que nous assistons à cette débâcle généralisée, pour réitérer les mêmes erreurs et les mêmes jugements à l’emporte-pièce. Regardons-nous dans le miroir. Mettons-nous face à nos responsabilités. Car si le bateau coule nous sommes en train de couler tous ensemble avec. Sauf une certaine élite (1% des plus riches) qui croit à l’immortalité, énième pacte faustien.

Amine Ajar.

(1) La rumeur d’Orléans est une affaire médiatique et politique qui se déroule en 1969 à Orléans et qui a pris de l’ampleur dans la France entière. Selon la rumeur transmise par bouche-à-oreille, des jeunes femmes sont enlevées dans les cabines d’essayage de plusieurs magasins de vêtements de la ville, tous tenus par des Juifs, en vue de les prostituer à l’étranger dans le cadre de la traite des Blanches.

(2)Ibid

 

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17 commentaires

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  1. Il y a juste ce passage où je pense que l’auteur aurait pu apporter de la nuance, et un éclairage, notamment ce que Georges Corm explique dans son excellent et incontournable livre, La nouvelle question d’Orient, éd. La Fabrique.
    Notamment ce passage: “De plus, les idéologies et courants politiques alternatifs notamment les nationalismes arabes, le socialisme ou le marxisme arabes, ont montré leurs limites et laissé un vide considérable en terme de représentation et de projet ou d’alternative politique.”
    Je renvoie au chapitre 3 du livre de Georges Corm, Le poids des récits canoniques, et le paragraphe le terrorisme islamique serait le produit des dictatures laïques arabes? Où celui-ci démontre que toute cette construction idéologique est le produit d’un basculement épistémologique depuis la chute du mur de Berlin et de l’ex-URSS, pour valider dans les consciences naïfs la thèse Huntingtonienne du choc des civilisations… ce que les pseudo experts reprendront en boucle dans les médias…
    Georges Corm bat en brèche tous les clichés sur le sujet, qui sont diffusés médiatiquement en vue de la propagande et de l’instrumentalisation d’un sujet qui est en réalité multifactoriel et lié à des questions géopolitiques purement profanes, comme l’expliquent Georges Corm et l’auteur de cet article qui partagent cette analyse…

  2. Salam ‘alikoum, @ la modération et rédaction du site oumma.com, intervenez pour porter l’auteur à bien vouloir répondre et participer à la conversation en cours, qu’il vienne et qu’il s’expose et qu’il ne plane pas! Je ne sais pas vous, mais moi j’en ai assez, j’en ai marre des auteurs qui ne répondent pas aux questions posées et ne descendent pas dans l’arène des commentaires. Je n’accepte pas le manque de temps comme excuse, si on a pris le temps de pondre une composition aussi confuse alors on doit s’en expliquer devant le public à qui on s’adresse et devant les Musulmans, quitte à voire tomber en miettes l’article laborieusement écrit!

    C’est le genre de truc qui passerait très bien dans les grands médias exposés à des gens qui n’y connaissent rien, Ghaleb Bencheikh en eut fait autant et certains autres, mais nous ne sommes pas ici, sur ce site pour y lire des choses peut-être confuses à souhait et qui font bien dans les sallons. Moi je veux que l’auteur s’explique devant moi, car je n’apprécie pas du tout qu’il valide Mohammed Sifawi, intellectuel faussaire indigne même de critique. La taqya c’est aussi quand on ne s’explique pas, désolé. Alors pas de taqya ici qui tienne, que donc l’auteur réponde aux commentaires quitte à y perdre des plumes, c’est ça la règle du jeu selon le principe de libre expression démocratique. On n’est pas sur France-Culture ici pour se permettre de parler pour ne rien dire, on n’est pas à l’Institut du Monde Arabe où de la parole creuse suffit amplement à des groupes de visiteurs retraités que conduisent des guides comme au-delà de la Méditerrannée, ici nous sommes en principe entre gens libres et citoyens, vienne donc l’auteur parmi nous afin que nous le faisions descendre de son statut d’orateur par trop compliqué.

    Colère du Croissant de lune.

    • Croissant de lune,
      quelle mouche vous a piqué? Hormis, Sifaoui que vous ne voulez pas et cet auteur Amine Ajar qui a au moins le mérite d’écrire (ce qui n’est pas votre cas) et de poser des questions et des réflexions… cela montre à quelle point est votre vision du débat et de la démocratie… heureusement que vous n’avez aucun pouvoir, vous auriez été comme ces dictateurs arabes… Quelle prétention, je veux que l’auteur s’explique devant moi, mais vous êtes qui?? Un commentateur excité, certes. Mais mis à part cela, quelles sont vos revendications? De ne pas citer Mohamed Sifaoui? Zemmour apparemment ça ne vous pose pas problème… L’auteur explique que Sifaoui a fait un livre qui enfonce des portes ouvertes, un truc de marketing…. Le livre de Pierre Vermeren est bien plus interressant, et montre la diversité et la complexité des acteurs, notamment dans l’islam consulaire (CFCM), et l’influence du Qatar (qui finançait Tariq Ramadan et l’UOIF) et l’Arabie saoudite (qui finance les mosquées salafistes)…. et tout cela en connaissance de cause, avec la bienveillance et l’hypocrisie de nos dirigeants politiques qui jouent et instrumentalise la question de l’islam en (de) France… et ce depuis une tradition coloniale que Vermeren rappelle très bien dans son bouquin… quant à Sifaoui c’est vrai, son livre est très mauvais et sans intérêt… quoi qu’il en soit, Mr Amine Ajar a raison de mettre en perspective toutes ces dimensions, notamment l’hypocrisie politico-médiatique à l’encontre de l’islam (l’interventionnisme militaire pour des raisons utilitaristes et exploitation des ressources en Afrique et au Moyen Orient) et des musulmans de France… et ce, depuis le premier âge du capitalisme et de la révolution industrielle…

  3. “Rien n’est pire que de se convaincre de détenir la vérité.”
    Très juste mais c’est le problème des religions: elles prétendent toutes détenir le monopole de la vérité.”

    Très juste en effet mais ce que vous dites l’est moins , c’est plutôt l’homme en tant qu’être crée et voué à disparaître, qui affirme détenir la vérité(terrestre) et qui est responsable par conséquence des déboires du monde, étant convaincu et croyant dur comme fer( et dur comme les armes parfois), que c’est lui qui a raison.
    La religion ne fait que proposer, c’est un outil mis en place par Dieu pour que l’homme doté du libre-arbitre, en dispose et puisse donner un sens à sa vie…et à celle de autres j’en conviens.

    Que vous soyez croyant, agnostique ou athée, quoiqu’il puisse vous arriver dans la vie , vous donnera toujours l’occasion de vous poser des questions existentielles, d’y réfléchir ensuite pour vous convaincre du bien-fondé des réponses apportées que vous essaierez enfin d’imposer aux autres par le verbe ou par les armes.

    Merci d’effacer à oumma l’autre commentaire, c’est un doublon

  4. “Rien n’est pire que de se convaincre de détenir la vérité.”
    Très juste mais c’est le problème des religions: elles prétendent toutes détenir le monopole de la vérité.”

    Très juste en effet mais ce que vous dites l’est moins , c’est plutôt l’homme en tant qu’être crée et par conséquence voué à disparaître, qui affirme détenir la vérité(terrestre) et qui est responsable par conséquence des déboires du monde, étant convaincu et croyant dur comme fer( et dur comme les armes parfois), que ce c’est lui qui a raison.
    La religion ne fait que proposer, c’est un outil mis en place par Dieu pour que l’homme doté du libre-arbitre, en dispose et puisse donner un sens à sa vie…et à celle de autres j’en conviens.

    Que vous soyez croyant, agnostique ou athée, quoiqu’il puisse vous arriver dans la vie , vous donnera toujours l’occasion de vous poser des questions existentielles, d’y réfléchir ensuite pour vous convaincre du bien-fondé des réponses apportées que vous essaierez enfin d’imposer aux autres par le verbe ou par les armes.

  5. Difficile de tout traiter dans un seul article, sauf à sombrer dans le confus.
    Tout, c’est à dire:
    – la stratégie mondialiste et agressive orchestrée par les multinationales.
    – La néo colonisation, qui en est une conséquence.
    – Le terrorisme, dont on peine à analyser les origines. On sait que la Turquie et les pays wahhabites en sont sponsors, mais aussi, contre toute attente, les occidentaux, dont la position est pour le moins très hypocrite. (Cf Al Nosra armé par les américains, entre autres)
    – La main mise de la Confrérie sur le organisations communautaires musulmanes.
    – La politique de provocation délibérée de ces organisations, qui font l’apologie du voile afin de pouvoir ensuite hurler à l’islamophobie.
    – Bref, c’est peut dire de rappeler que tout le monde ment, et que la conséquence en est le climat d’hostilité entre communautés, la montée du racisme, de l’antisémitisme, et le come back de l’extrême droite.

  6. Qu’est-ce que cela aurait été si l’UOIF conviait les politiciens à l’instar des dîners du CRIF… là c’est sûr, il aurait pour titre Les islamistes ont infiltré la France….
    Au final, article très juste qui replace le contexte de ce que d’aucuns qualifie de Taqiya, qui est à relativiser fortement, quand on sait qui a de l’influence réelle sur nos dirigeants… et le terrorisme ne peut se comprendre sans la politique interventionniste et néo-impériale que tout le monde sait, mais omet sciemment… déni ou mauvaise foi… en attendant, les oligarchies politico financières nous instrumentalisent, et jouent de la haine des uns et des autres…

  7. Tout ça pour dire une idéologie, le sionisme synonyme de mondialisation.

    Qui dit juif dit peut être sioniste, la réciproque n’est pas toujours vraie.
    Il y a des musulmans sionistes, des arabes sionistes.
    En général, on ne découvre le sionisme d’un musulman qu’après sa mort.

  8. Salam ‘alikoum, l’auteur écrit,

    “On peut même se demander si l’infiltration islamiste dénoncée par Mohamed Sifaoui est aussi effective, quantifiable, vérifiable, que celle des néoconservateurs” Fin de citation.

    En somme, il y a peut-être une infiltration virtuelle sur le papier et une influence politique très réelle, celle des néo-conservateurs, je sais même pas comment l’auteur arrive à se” poser cette question qui n’en est pas une. La réalité de la gouvernance Française, les élus, les députés, les partis, les médias sont-ils vraiment très partagés? Dénoncer un vice virtuel, fait partie du mensonge politique, un peu comme le tumulte d’Orléans, ce qu’on nomme les néo-conservateurs brodent interminablement sur du vent pour le rendre à force de mensonge consistant, consistant politiquement ce qui n’a pas forcément quelque chose à voire avec la réalité et donc faire apparaître leurs mesures criminelles comme légitimes. Mais de moins en moins, puisqu’à présent, ils en arrivent tout simplement à invoquer la loi du plus fort. D’ailleurs la dénomination de “néo-conservateurs” est boîteuse, certes ils ne sont que peu conservateurs mais très très progressistes sauf que pas pour tout le monde. C’est à peu près en train de se terminer puisqu’ils ne plaident plus vraiment, ils reconnaissent la loi de la force brutte et nue, leur ultime argument.

    Et l’auteur suggère ou laisse entendre qu’il y aurait du violentisme du fait de la visibilité de l’Islam, je ne suis pas d’accord, il ne l’a pas démontré, il reprend lui-même des poncifs. J’aime pas non plus cette confusion souvent faite entre les gens de sensibilité Frériste aujourd’hui comme hier et les gens de sensibilité si on veut Saoudiste et non Wahabite, il y a un moment où il faut se réveiller, nous n’en sommes plus là depuis longtemps. Qui donc a lu le livre de Mohammed Abd-El-Wahhab “kitab ettawhid”? Je ne l’ai pas lu moi-même mais je sais que beaucoup de gens parlent de Wahhabisme sans l’avoir jamais lu, ça pose problème. Je n’en ai eu que des commentaires, je doute beaucoup que le Wahhabisme soit nulle part actif aujourd’hui mais plus précisément des gouvernances monarchiques dégénérées, nullement souveraines où la force étrangère choisit et impose jusqu’à l’émir héritier, des constructions politiques très positives et matérielles, protégés de l’étranger et payant leur protection jusqu’à ce qu’on se saisisse de tous leurs biens jusqu’à leurs palais, parce que les choses en sont là.

    L’auteur sait bien que Mohammed Sifaoui est un plumitif qui se fout de la véracité de ce qu’il écrit, écrivain de carrière, propagandiste stipendié. Faire sa critique c’est lui conférer de la pertinence qu’il ne mérite pas, donc l’auteur rend Sifaoui respectable, il se range pourtant parmi les intellectuels faussaires dans Pascal Boniface, pourquoi cet article qui essaie d’infiltrer dans mon âme le respect de Sifaoui? Mon âme est étanche à ces choses et très très défendue, je n’aime pas cet article qui fourmille de trop de citations.

    Et oui, l’impérialisme se continue aujourd’hui et encore demain, parce que le rapport de force le permet un point c’est tout. Si l’auteur déplore qu’il en soit ainsi, qu’il contribue alors par ses brillantes idées à changer cette assymétrie de force vers l’égalité harmonieuse, mais non, sans doute c’est trop lui demander de se ranger dans un camp et de descendre des hauteurs où il plane et lévite étudiant le monde de loin. Zéro.

    Croissant de lune.

  9. Toujours le même problème avec les “intellectuels”, pas de connaissance ni de recherches approfondies sur le sujet (Islam) et donc une “analyse” à coté de la plaque.
    La taqya concerne les chiites.
    Les Frères musulmans ou les salafis n’ont rien à voir avec DAESCH ou AlQaida, ils se détestent réciproquement.
    DAESCH ou AlQaida considèrent les 2 groupes comme des mourjis et appellent les salafis “thalafi”.
    Les frères musulmans ont une démarche politique et aucune intention d’instaurer la charia.
    L'”expert” Sifaoui m’a fait marrer quand il y a quelques années sur BFM, il s’étonnait que le Dr Qaradawi était invité au Bourget, il ne savait pas qu’il était la principale référence théologique chez les FM, quel “expert” !

  10. On a l’impression à cet article de ce retrouver devant un catalogue de librairie. Certes l’auteur a du lire les livres cités, mais au final une impression de bric à brac, et aucune conclusion réelle si ce n’est qu’il faut prendre en considération le contexte et toutes les dimensions. Certes ! Mais encore ?
    L’impérialisme existe toujours …et avec lui de capitalisme prédateur. Est-ce nouveau ?

    • Ce qui vous dérange c’est ce que vous ne dites pas, me semble-t-il, qu’il réduise et critique la vison de Sifaoui de la supposée influence de l’UOIF qui au final n’est qu’une organisation parmi tant d’autres, et qui a beaucoup perdu de sa prestance ces dernières années, surtout depuis la chute de Tariq Ramadan… de même que le CFCM, véritable coquille vide… en somme, un livre pour faire peur la ménagère dans sa chaumière…

  11. “Le monde est bien plus complexe que la lecture binaire, voire schématique que nous en donnent les tenants d’une certaine idéologie faussement universaliste, ou à l’inverse, populiste. Personne n’est à proprement bon ou mauvais, ce sont les contraintes sociales, économiques, politiques, énergétiques, écologiques qui font que nous assistons à cette débâcle généralisée, pour réitérer les mêmes erreurs et les mêmes jugements à l’emporte-pièce.”

    Vous partez d’un constat idéologique pour finir par les excuser de manière matérialiste. Non, je ne suis pas d’accord avec vous. Retenons que le monde est bien plus complexe effectivement et que beaucoup de guerres sont dues à une volonté de domination qui sort du champ des besoins énergétiques ou économiques. Ce qui se cache derrière une idéologie n’est pas qu’économique. Très loin de là quand on connait les intentions de l’empire.

    • Salam mon frère Kalim, j’approuve ton objection. Eh non, les luttes et conflits ne se limitent pas du tout à la concurrence matérielle, l’auteur semble de culture Marxiste ou matérialiste à tout le moins, très répandue en France. Oui, il y a de ça quand-même, mais pas que. L’homme est une totalité, le vivant est une totalité, le monde est une totalité, rien ne peut réduire toutes les dimensions et profondeurs à la fixation du prix du brut et des choses semblables. Exemple, Lawrentz dans ses sept piliers rapporte dans un passage que des esclaves cultivant un oasis sont mieux nourris et gras que leurs maîtres itinérants, pourtant les maîtres nomades dominaient bel et bien les esclaves sédentaires. Dans les contes Africains, souvent un fils de roi et son esclave de même âge sont décrits pour en fixer la différence par la frugalité du prince l’esclave mangeant plus que lui. Pourtant c’est le prince qui commande à son esclave-camarade non?

      Cette culture semi-Marxiste-matérialiste a largement envahi le Maghreb, l’Algérie surtout et toute l’Afrique. On n’entend parler que de rapports de production, de lutte des classes, ça nous porte à une vision déformée du monde et à importer des problématiques qui nous sont largement étrangères. A la rigueur, je dirais moi, que si seule la concurrence matérielle expliquait tout, alors les choses seraient plus simples. Et comme d’habitude, l’auteur oublie ou mentionne peu le rapport de force” militaire, on a l’impression à lire certains ici que l’impérialisme est très pacifique. Oui et alors, la lutte contre le terrorisme que l’auteur ne définit même pas est un allibi, qui donc ne l’a pas compris? Nulle part l’auteur n’énonce que la guérison de la faiblesse c’est l’acquisition de force, on dirait un impensable gros mot.

      Croissant de lune.

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