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Sondage: la majorité des Juifs israéliens soutient un régime d’apartheid en Israël

Dès l’introduction de son article, Gideon Levy, journaliste à Haaretz, n’y va pas de main morte : «Un sondage expose les opinions anti-arabes et ultra-nationalistes adoptées par la majorité des Juifs israéliens ».  De l’autre côté du prisme politique, le média franco-israélien Guysen, classé à droite, relaie l’information en des termes presque similaires : « Un sondage met en lumière les positions anti-arabes de la population juive israélienne ». La revue de la communauté juive new-yorkaise, The Forward, ne s’embarrasse pas également de la langue de bois : « Sondage : les Israéliens soutiennent la discrimination anti-arabe ».

 

Selon une étude, réalisée auprès de 503 citoyens juifs israéliens par l’Institut Dialog de Tel-Aviv et commanditée par une ONG américaine dénommée New Israel Fund, 58% des Juifs israéliens affirment qu'Israël pratique déjà une politique d'apartheid envers les citoyens arabes de l’Etat hébreu. A l’inverse, seuls 31%  se disent convaincus que l'apartheid anti-arabe n'existe pas en Israël. Une majorité d’entre eux ne rechignerait pas à voir ce système s’imposer en cas d’occupation amplifiée des territoires palestiniens.

Plus grave, ils sont 69% à estimer que, dans l’hypothèse d’une annexion complète de la Cisjordanie-dont près des deux tiers sont déjà contrôlés par Tel Aviv, les Palestiniens ne devraient pas être autorisés à voter aux élections israéliennes. Outre cette privation -assumée- des droits civiques à l’encontre de plus de 2 millions d’individus concernés, la préférence nationale a aussi le vent en poupe : 59% des Juifs d'Israël estiment que les emplois dans les ministères devraient être prioritairement réservés aux Juifs tandis que 49% pensent que l'Etat devrait privilégier ses ressortissants juifs par rapport à leurs concitoyens arabes.

Par ailleurs, 42% des sondés refusent de cohabiter avec des Arabes dans le même immeuble résidentiel, de même que 42% ne souhaitent pas voir leurs enfants s’inscrire aux écoles accueillant des Arabes.

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74% des Juifs d'Israël sont également favorables à ce qu'Israéliens et Palestiniens puissent emprunter des routes séparées en Cisjordanie occupée. Enfin, 47% des personnes interrogées se disent ouverts à l’idée sinistre d’un « transfert » d'une partie de la population arabe d'Israël  (environ 1,3 million de citoyens) vers les territoires contrôlés par l'Autorité palestinienne en Cisjordanie.

Selon ce sondage, les groupes les plus hostiles aux Palestiniens sont les personnes dites religieuses, notamment les ultra-orthodoxes. A l’inverse, les Juifs israéliens issus de l’ex-Union soviétique et les partisans déclarés de la laïcité apparaissent « comme les moins racistes » selon Gideon Levy.

Paradoxalement, les citoyens juifs israéliens semblent plus tolérants sur un seul point : leur attitude, comparée à celle du CRIF, envers leurs détracteurs étrangers. Interrogés sur la réaction à adopter à l’égard d’une « romancière américaine qui appelle au boycott d’Israël, qualifié de régime d’apartheid », ils sont 15% à vouloir la boycotter en retour tandis que 48% affirment qu’elle devrait être invitée en Israël.

Une leçon, judicieuse pour le débat d’idées en France, ressort de cette étude : la prochaine fois qu’un défenseur zélé de l’Etat hébreu s’offusquera de l’usage du terme « apartheid » pour désigner le régime de Tel Aviv, rappelez-lui en souriant que vous n’exprimez là que le terme exact employé par la majorité des Israéliens. Contrairement à Barack Obama et son rival Mitt Romney, fustigés aujourd’hui par l’essayiste israélo-américaine Emily L. Hauser en raison de leur soutien inconditionnel à Tel Aviv, la population juive israélienne semble dorénavant assumer, pour sa part, la face obscure de l’Etat hébreu.

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