Mardi soir, sur la chaîne d’information BFM TV, la journaliste Ruth Elkrief a fait savoir son opinion singulière à propos des soulèvements qui parcourent actuellement la Tunisie et l’Egypte : « Nous avons tous envie de croire que ces révolutions, pour qu’elles restent uniques, parviendront à éviter l’écueil des précédents mouvements de libération nationalistes arabes : l’antisémitisme ».
Un éditorial, deux contre-vérités. En l’occurrence, l’instrumentalisation d’un quelconque incident antisémite pour discréditer les revendications démocratiques est non seulement grotesque mais fallacieuse. Mercredi matin, l’Agence France-Presse a démenti la rumeur faisant état d’un incendie de synagogue. De plus, l’étoile de David que l’on peut souvent apercevoir dans les manifestations arabes représente davantage une hostilité politique au régime de Tel Aviv, dont le drapeau comporte précisément ce symbole, que la démonstration d’un antisémitisme viscéral.
Sortie de Ruth
Ruth Elkrief, née pourtant à Meknès, n’a pas craint de verser dans le cliché anti-arabe par excellence –celui d’un antisémitisme plus ou moins latent dans ces populations- en ayant recours, trop rapidement, à une information non corroborée et à l’illustration d’ une pratique minoritaire de manifestation. Élevée au rang de chevalier de la légion d’honneur par Nicolas Sarkozy, la journaliste, qui rêvait dans son enfance de devenir agent secret, est aussi celle qui affirma, dans un entretien accordé à une association dédiée à la communication d’entreprise, défendre une vision noble du métier : « A nous, journalistes, de mériter la confiance des Français en étant au plus près de notre éthique et en mettant toujours en question aussi bien nos préjugés que l’air du temps ». Dans « l’air du temps », certains « préjugés » sont décidément bien tenaces.
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