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Securitas traîné devant les prud’hommes par quatre ex-agents musulmans, licenciés à cause de leur barbe

A partir de quelle longueur la barbe, qui a fait un retour en force au poil, n’est plus tendance mais anxiogène, et ne fait pas l’homme à la mode mais le méchant musulman, si ?

Là est toute la question qui se pose avec acuité, à la lumière du procès en sorcellerie intenté par l’entreprise Securitas à quatre de ses agents de sûreté de confession musulmane, chargés de scanner les passagers avant leur embarquement, dont les neuf à dix ans d’ancienneté sans anicroches n’ont pas pesé bien lourd après les attentats de Paris, et face aux regards suspicieux et réprobateurs portés subitement sur eux.

C’est au nom de la laïcité au poil hérissé par une certaine pilosité que Securitas a dû justifier, devant le tribunal de Bobigny, ces quatre licenciements pour « faute grave » tombés sans appel entre le mois de janvier et avril, arguant que les employés musulmans récalcitrants avaient refusé de se conformer au règlement et de raser la barbe du délit.

 « On m'a convoqué, je l'ai taillée et on m'a dit que ce n'était pas assez », s’est défendu l'un des plaignants, sous couvert d’anonymat, réclamant, avec ses trois autres compagnons d’infortune, des rappels de salaire et 5.000 euros de« provisions en dommages et intérêts » dans le cadre de cette procédure en référé. 

Pour leur avocat, Me Eric Moutet, « c'est une affaire de principe, qui est liée de manière évidente aux attentats de novembre ». « Ces quatre agents n'ont « jamais posé de problème particulier », a-t-il souligné, en faisant valoir que l'autorisation leur donnant accès à la zone réservée de l'aéroport n'a jamais été « remise en cause par le préfet et le procureur de la République ». 

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« Ils sont porteurs d'un badge, mais également porteurs d'une barbe, qui ne s'est pas mise à pousser soudainement le 13 novembre au soir », a raillé ce dernier, en renchérissant : « Leur comportement n'a pas changé d'un pouce: c'est le regard sur eux qui a changé », dans le contexte de « peur » amplifié par un vendredi 13 novembre funeste.

Sans surprise, c’est un tout autre son de cloche qui émane de Me Benoît Dubessay, l’avocat de Securitas, lequel réfute l’idée selon laquelle le groupe suédois, dont il défend les intérêts, s’est rendu coupable d’une « discrimination liée à la pratique religieuse » au nez et à la barbe de quatre barbus devenus soudainement indésirables. A ses yeux, ce sont les salariés eux-mêmes qui « ont fait le lien entre leur religion et leur barbe ».

Dans un Hexagone obsédé par l’islam, la visibilité musulmane et les signes de radicalisation jusqu’à la névrose, à partir de quelles longueur et épaisseur la barbe ne fait pas le philosophe, ni l’employé modèle, mais le terroriste islamiste fantasmé, si ? Là est toute la question soulevée au poil près…

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