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Salah Hamouri condamné à 4 mois de prison : un choc pour Bertrand Heilbronn, président de l’AFPS

C’est avec consternation que Bertrand Heilbronn, le président de l’Association France Palestine Solidarité, annonce sur Oumma une bien mauvaise nouvelle : Salah Hamouri, la bête noire d’Israël, dont il espérait la relaxe dans les meilleurs délais, a malheureusement été une fois encore condamné à 4 mois de prison

Il a accepté de répondre à nos questions ci-dessous.

Retour sur les faits

Lundi 7 mars 2022, aux premières lueurs de l’aube, l’armée d’occupation israélienne a fait irruption au domicile du courageux avocat franco-palestinien. Interpellé sans ménagement, Salah Hamouri n’a pas depuis recouvré la liberté. Une liberté qui lui fut odieusement confisquée il y a 20 ans de cela, lors de son adolescence volée. 

Il n’avait alors que 17 ans, sa jeunesse fut sacrifiée sur l’autel de l’arbitraire le plus cruel, celui de la détention administrative sans limites, la marque de fabrique de l’Etat d’apartheid, pendant sept longues années. 

Au fil du temps, l’acharnement d’Israël à l’encontre de celui qui, à sa sortie de l’enfer carcéral, se jura de ne jamais quitter sa terre natale et de défendre les droits des Palestiniens, et plus particulièrement ceux de ses concitoyens embastillés, s’intensifia. À nouveau arrêté le 29 juin 2020, il fit alors 9 jours de prison.

Bertrand Heilbronn, président de l’Association France Palestine Solidarité

Avez-vous des nouvelles de Salah Hamouri depuis sa récente arrestation, lundi 7 mars, par l’armée d’occupation israélienne ? 

Nous attendions de ses nouvelles et espérions qu’il soit libéré au plus vite. Mais la nouvelle est tombée ce jeudi 10 mars : il vient de se voir signifier une peine de détention administrative, pour une période initiale de 4 mois.

Où est-il incarcéré ? Pouvez-vous rappeler ce qu’est le régime inique de la détention administrative ?

Il a d’abord été conduit à la prison d’Ofer, une prison israélienne en territoire palestinien, et c’est là qu’a eu lieu le simulacre de son procès. Nous ne savons pas encore aujourd’hui où il est maintenant détenu. 

Comme toujours pour la détention administrative, aucune charge n’est communiquée aux accusés, qui se trouvent de fait dans l’impossibilité d’assurer leur défense. La durée de sa “condamnation” est cette fois de 4 mois, mais comme toute détention administrative prononcée par Israël, celle-ci peut être arbitrairement prolongée de période en période.

Qu’est-ce qui motive l’acharnement d’Israël à son encontre ? 

Salah Hamouri a été détenu très jeune, et a vu l’importance de la défense juridique des prisonniers politiques palestiniens. C’est ce qui l’a motivé, à sa sortie de prison, pour entreprendre et réussir des études d’avocat.

Salah Hamouri est un militant des droits humains, et un militant qui n’accepte pas l’occupation militaire et l’oppression que subissent les Palestiniens. C’est certainement ce que le gouvernement israélien lui reproche, en même temps qu’il cherche ainsi à intimider les autres militants palestiniens.

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Salah Hamouri, dont les droits les plus élémentaires sont continuellement bafoués, peut-il encore raisonnablement espérer pouvoir vivre sur sa terre natale ? 

Comme nous le savons depuis Mahmoud Darwich, les Palestiniens souffrent d’un “mal incurable qui est l’espoir”. Dans le cas de Salah Hamouri, on peut parler aussi de détermination. C’est en Palestine que Salah Hamouri veut vivre et lutter pour les droits des Palestiniens, même si en tant que franco-palestinien, il aurait le droit de vivre en France.

Son épouse, que nous avions interviewée en 2017 dans le cadre de notre émission l’Esprit d’Actu, est-elle toujours interdite d’entrée en Israël ?

Alors qu’elle était enceinte de son premier enfant, et qu’elle rentrait de quelques jours passés en France pour reprendre son travail à Jérusalem, l’épouse de Salah avait été arrêtée en janvier 2016 à son arrivée à l’aéroport, puis expulsée. Depuis cette date, elle ne peut plus se rendre en Israël ni en Palestine.         

Si la mobilisation populaire en faveur de Salah Hamouri ne faiblit pas, peut-on en dire autant de la France ? Qu’attendez-vous aujourd’hui du président de la République ?

Lorsqu’on interroge le gouvernement français ou les collaborateurs du président de la République, ils nous assurent qu’ils agissent vigoureusement pour la libération de Salah Hamouri. Nous ne connaissons pas le détail de leurs interventions, et notons surtout qu’il y a deux limites fondamentales aux interventions actuelles des autorités françaises : elles ne sont pas publiques, et elles ne comportent pas de sanction ni même de pression convaincante. 

Nous demandons maintenant au président de la République de s’exprimer de manière ferme et publique, et d’exercer de réelles pressions sur Israël pour que Salah Hamouri soit libéré et recouvre l’ensemble de ses droits.

Enfin, que vous inspire la récente dissolution, entérinée par le Conseil des ministres du 9 mars, de deux collectifs de solidarité avec la Palestine :  Palestine Vaincra et le Comité Action Palestine ?

La dissolution de ces deux organisations est une atteinte intolérable à la liberté d’expression et à la liberté d’association. Une fois de plus, le gouvernement français, sous l’autorité du président de la République, cherche à faire taire des voix qui expriment leur solidarité avec le peuple palestinien. 

Cette solidarité n’est pas un délit, elle est un droit et un devoir en opposition au colonialisme et au racisme dont se rendent coupables quotidiennement les autorités israéliennes. L’Association France Palestine Solidarité condamne fermement ces dissolutions et demande au gouvernement de revenir sur cette décision infamante pour la démocratie.

Propos recueillis par la rédaction Oumma

Nous vous invitons à (re)découvrir notre vidéo de soutien à Salah Hamouri et l’interview de son épouse, Elsa Lefort Hamouri, en 2017

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