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Royaume-Uni : grâce au combat d’un patient musulman, greffé du rein, une fatwa approuve le don d’organes

Il y a cinq ans de cela, bien que fragilisé par un lourd traitement par dialyse et épuisé par la longue attente anxieuse d’une greffe de rein, Amjid Ali, un citoyen britannique de confession musulmane, a puisé dans les maigres forces qui lui restaient pour livrer le combat de sa vie : faire que le don d’organes ne soit plus tabou au sein de sa communauté de foi et l’ériger en grande cause de santé publique.
Inscrit sur une liste d’attente depuis plusieurs années, il déploya une incroyable énergie pour lancer une campagne de sensibilisation auprès de ses coreligionnaires de l’autre côté de la Manche, en ciblant particulièrement de hauts dignitaires religieux ainsi que des experts de la jurisprudence islamique.
Refusant de céder au désespoir, alors que le temps s’écoulait dangereusement pour sa propre survie, la transplantation quasi inespérée qui survint en 2013 lui fit l’effet d’une véritable renaissance. Une seconde vie lui était offerte, récompensant son courage et sa patience admirables, et il comptait bien mettre à profit ce qu’il considérait comme un cadeau de Dieu d’une valeur inestimable.
Le patient d’hier qui, malgré son immense fatigue et sa peur irrépressible de ne pas être greffé à temps, plaida sans cesse en faveur du don d’organes depuis Bristol, la ville où il résidait, chapeaute aujourd’hui avec succès le projet « Transplantation en Islam », au sein du National Health Service.

C’est un responsable heureux d’assister au changement des mentalités qui est en train de s’opérer, et qui se réjouit de la fatwa, émise récemment, approuvant le don d’organes au Royaume-Uni, qui s’est exprimé au micro de la BBC. « J’ai organisé de nombreuses conférences de haut vol sur ce sujet, en présence d’imams, d’aumôniers, de savants, d’experts, de médecins, musulmans et non musulmans. Aussi, je ne peux que me féliciter de la fatwa émanant du Mufti Mohammed Zubair Butt », a-t-il confié, ajoutant avec émotion : « Après ce précieux cadeau de Dieu que fut ma greffe du rein, je voulais à mon tour redonner et sauver des vies, car il est question de cela ».
Conscient que de nombreux musulmans rejettent encore ne serait-ce que l’idée même de donner un de leurs organes, estimant que c’est un acte contraire à leur religion, Amjid Ali mesure d’autant plus l’importance que revêt l’avis juridique favorable de l’érudit Mohammed Zubair Butt. « Ils avaient besoin pour franchir le pas qu’une personnalité religieuse, faisant autorité, leur confirme la licéité du don d’organes », a-t-il souligné.
Interviewé par la BBC, le Mufti Mohammed Zubair Butt a déclaré : « J’espère sincèrement que cette fatwa apportera des éclaircissements sur toute une série de préoccupations, largement partagées, concernant la licéité du don et la transplantation d’organes, et servira de catalyseur pour que les imams, les aumôniers musulmans et les érudits discutent de ce problème entre eux, avec leurs congrégations et leurs publics ».
De leur côté, les Drs Jasser Auda, Jamal Badawi et Aasim Padela ont passé au crible une fatwa relative à la transplantation d’organes, parmi les nombreuses autres qui ont été émises dans le monde arabo-musulman, et ont tiré la conclusion suivante : « Le Conseil du Fiqh est d’accord, avec de nombreux universitaires et conseils de fatwa nationaux et internationaux, pour considérer le don et la transplantation d’organes comme islamiquement admissibles en principe. Toutes les fatwas qui ont permis la transplantation ont également accepté le don. Fait avec bonne intention, le don d’organes peut être considéré comme un acte de charité récompensé. “

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4 commentaires

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  1. J’ai déjà envoyé ce commentaire et vous ne l’avez pas publié: je ne comprend pas.
    Saviez-vous que, pour pouvoir prélever des organes, le « mort » doit souvent être… anesthésié ???
    Pour pouvoir être transplantés, les organes doivent être frais. Le cœur d’une personne morte depuis ne serait-ce que cinq minutes est inutilisable : il ne se remettra jamais à battre, y compris avec un pacemaker (un appareil qui donne des chocs électriques pour stimuler les pulsations). Il en va de même des autres organes vitaux (reins, foie, pancréas, poumons…)
    Pour que les organes soient bien frais, il faut qu’ils soient encore en train de fonctionner au moment où ils sont prélevés. Ils ne peuvent donc pas être prélevés sur un « mort » réellement mort, mais sur une personne en état de « mort cérébrale », ce qui, nous allons le voir… est très différent.
    Le journal anglais Daily Mail publie l’histoire d’un jeune britannique qui a eu la vie sauvée par son père qui s’était opposé à ce que ses organes soient prélevés pour servir à des transplantations. (1)
    L’affaire s’est produite à l’hôpital universitaire de Coventry, dans le nord de l’Angleterre :
    Stephen Thorpe, 17 ans, avait été gravement blessé à la tête lors d’un accident de voiture au cours duquel était mort son ami Matthieu, 18 ans, qui conduisait le véhicule.
    Les médecins le mirent sous coma artificiel et, deux jours plus tard, le déclarèrent en état de « mort cérébrale ». La « mort cérébrale » permet l’ouverture de la procédure de prélèvement d’organes. Mais les parents de Stephen, qui étaient auprès de lui, affirmèrent qu’ils « sentaient que leur fils était encore là » et qu’il réagissait à certaines paroles.
    Alors que quatre médecins de l’hôpital confirment la « mort cérébrale » et souhaitent que commence le prélèvement d’organes, les parents de Stephen font appel au Docteur Julia Piper, praticienne de médecines traditionnelles et alternatives. Celle-ci obtient l’autorisation de faire examiner Stephen par un neurochirurgien de confiance, qu’elle connaît.
    Celui-ci conclut que le jeune garçon n’est absolument pas « mort cérébralement ». Il demande qu’il soit au plus vite sorti de son coma artificiel. Et en effet, cinq semaines plus tard, Stephen rentre chez lui, entièrement remis.
    Aujourd’hui, Steven a 21 ans et étudie la comptabilité à l’université de Leicester. « Mon impression est que l’hôpital n’était pas très favorable à ce que mon père demande une contre-expertise médicale » a-t-il déclaré au Daily Mail.
    Le concept de « mort cérébrale » a été inventé en 1968. Jusque-là, on ne connaissait que deux états : vivant ou mort.
    Une personne était vivante tant que son corps restait chaud, que son cœur continuait à battre, qu’elle respirait et que son sang continuait à circuler.
    La mort, au contraire, était déclarée lorsque la vie avait quitté le corps. Un corps mort, au sens traditionnel du terme, devient froid, rigide. Il ne répond plus à aucun stimulus. Le cœur ne bat plus, la tension artérielle disparaît. Le patient arrête de respirer. La peau, les ongles et les muqueuses prennent une couleur bleutée. Mettre le cadavre sous respiration artificielle ne relance pas l’oxygénation du corps. Stimuler le cœur par une impulsion électrique (pacemaker) ne le fait pas recommencer à battre.
    Une personne morte ne peut tout simplement plus guérir. Ses organes vitaux, le cœur, le foie, les poumons, les reins et le pancréas ne fonctionnent plus. On ne peut plus les transplanter sur une personne vivante, car ils commencent à se décomposer aussitôt que l’oxygénation et la circulation sanguine s’arrêtent. Cinq minutes plus tard, ils sont inutilisables.
    Pour pouvoir prélever des organes encore vivants, et donc capables d’être transplantés sur une nouvelle personne, les médecins créèrent en 1968 le concept de « mort cérébrale ». Une personne dont le cœur fonctionne, le sang circule, et la respiration est régulière peut donc aujourd’hui être déclarée en état de « mort cérébrale ». On sait pourtant que, dans ce cas, la plupart des fonctions vitales continuent, dont la digestion, l’excrétion (évacuation des déchets), et l’équilibre des fluides.
    S’il a des blessures, on constatera que le « mort cérébral » cicatrise, et si c’est un enfant, qu’il continue à grandir. Il peut même traverser la puberté. Une femme enceinte en état de « mort cérébrale » peut continuer à porter son enfant : la plus longue période enregistrée est de 107 jours jusqu’à l’accouchement.
    En revanche, une fois que ses organes vitaux sont retirés pour être transplantés sur une autre personne, le « donneur » d’organe décède pour de bon.
    Pour prélever des organes, le « mort » doit d’abord être anesthésié
    Très souvent, la personne en état de « mort cérébrale » est sensible aux opérations chirurgicales. C’est ce que les médecins appellent l’effet Lazare, du nom de l’homme qui, dans les Evangiles, ressortit de son tombeau.
    Pour pouvoir prélever les organes vitaux, les médecins doivent donc pratiquer l’anesthésie, ou injecter des substances paralysantes pour éviter les spasmes musculaires, ou les changements brutaux de pression sanguine, de rythme cardiaque, et d’autres réflexes protecteurs.
    Dans la pratique médicale normale, de telles réactions de la personne opérée indiquent à l’anesthésiste que l’anesthésie est trop légère, et que le patient souffre.
    Ces informations, que n’importe quel médecin pourra vous confirmer, sont malheureusement mal connues du grand public. Il semble également que les familles à qui l’on demande d’autoriser un prélèvement d’organe ne soient malheureusement pas toujours informées objectivement.
    Je suis sure que si vous demander un religieux apres lui avoir expliqué la mécanique de la transplatation d’organes , il vous répondra que c’est ce n’est pas halal.
    Quand on est mort, tu ne pourras pas transplanter quoi que ce soit.
    Sources :
    1. The Daily Mail, le 24 avril 2012 : http://www.dailymail.co.uk/health/article-2134346/Steven-Thorpe-Teenager-declared-brain-dead-FOUR-doctors-makes-miracle-recovery.html?printingPage=true
    2. http://www.journalexpress.ca/Société/Santé/2011-06-30/article-2624757/Un-mal-de-dent-qui-a-failli-virer-en-don-dorganes/1
    3. Article publié dans le journal Le Monde, disponible ici : http://actuagencebiomed.blogspot.fr/2008/06/le-donneur-dorganes-ntait-pas-mort.htm

  2. Il ne s’agit pas de Fatwa, il n y a pas de clergé dans l’islam, chaque homme est mettre de ses actes.
    Bien que ce problème touche pratiquement tout le monde, y compris ma famille concernant la greffe de foie.
    Le sang est un moyen de transport qui se régénère, et c’est pour cela qu’on peut donner son sang.
    Les organes nobles ne se recyclent pas, je pense qu”on a pas le droit de les donner, exception peut être pour les mourants, et je ne sais pas si le foie une seconde après la mort peut servir.

  3. Pourquoi ce besoin à tout prix de fatwa avant d’agir dans ce qui est de toute évidence le bon sens même, le tout puissant ne nous a-t-il pas dotés de raison ?
    Question à deux balles, si votre propre enfant a une insuffisance rénale sévère, qu’il est dialysé et que le don d’un de vos deux reins peut enfin lui redonner une vie normale vous viendrait-t-il à l’esprit d’aller consulter votre prêchi-prêcheur habituel et que si sa seigneurie n’est pas d’accord sous prétexte qu’Ibn taymia n’en parle nulle part vous le laisserez souffrir le martyr jusqu’à en mourir histoire qu’une fois là-haut, Dieu soit « satisfait » de vous ?
    Si la réponse est oui c’est qu’alors on ne doit pas parler du même…
    Et si la réponse est évidemment non, alors pourquoi ce qui peut et doit chaque fois que possible être entrepris pour votre enfant ne pourrait pas l’être pour l’enfant d’un autre ?

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