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Rohingyas : “Prix Nobel de l’horreur” pour un prix Nobel de la paix

Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies (ONU) publié le lundi 20 juin dernier, les violations massives des droits des Rohingyas, la minorité musulmane de Birmanie, pourraient être considérées comme des « crimes contre l’humanité ». Un constat évident pour ceux qui alertent, en vain, sur le martyre subi par l’une des communautés les plus persécutées au monde.

Mais que faisait l’ONU depuis 1982, date à laquelle la junte birmane au pouvoir a relégué les Rohingyas au rang d’apatrides ? Privés des droits politiques, des droits économiques, des droits sociaux les plus élémentaires, ils sont alors devenus dépendants de « l’aide internationale » pour assurer leur survie. Lorsqu’en 2012, les Rohingyas ont subi de très graves violences ethniques dans l’État de l’Arakan, ne pouvait-on pas prévoir l’arrivée d’un nouveau génocide ?

Aung San Suu Kyi, l’icône de la résistance birmane, pourtant si vertueuse dans l’opposition au totalitarisme, l’a été beaucoup moins dans l’exercice du pouvoir… Déplacements et massacres de milliers de personnes, destruction de milliers de villages, travail forcé, violences sexuelles, blocage des aides humanitaires, sans compter de nombreuses mosquées incendiées, la purification ethnique était bel et bien en marche !

Face à cette haine, j’ai tant de peine, pourtant le Bouddha n’a-t-il pas dit : « En vérité, la haine ne s’apaise jamais par la haine. La haine s’apaise par l’amour. Ceci est une loi éternelle».Le Dharma est un appel à la Paix, cela doit être rappelé. La Haine n’a pas de religion   D’autres moines bouddhistes ont accueilli et protégé des Rohingyas durant les émeutes de 2013 à Meikhtila.  Tout espoir en l’être humain n’est pas perdu. Il est temps de retrouver le chemin de la Paix au Myanmar, comme dans le reste du monde.

Pourtant, les moines bouddhistes (notamment Wirathu et son mouvement politique 969) prônent la haine à l’encontre des musulmans de façon extrêmement virulente. Il s’agit de préserver « la race et la religion birmane » de ces « envahisseurs », un discours qui n’est pas sans rappeler celui que l’on entend un peu partout dans le monde… Xénophobie grandissante, racisme de plus en plus assumé, une situation dangereuse quand les braises de l’islamophobie sont à leur tour attisées.

Face au quasi silence des Etats “musulmans”, j’ai tant d’incompréhension…  Les pays qui se sont exprimés par le passé sur la détresse des Rohingyas (comme la Turquie, l’Iran, l’Arabie Saoudite) sont davantage préoccupés par une lutte féroce pour le leadership religieux et politique au sein de l’univers islamique. Cette division est particulièrement dommageable et empêche tout espoir d’une union pleine d’espérance pour la paix et la justice dans cette partie du monde.

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Les Rohingyas, de simples faits divers pour l’Humanité, pourtant, ici comme ailleurs, tant de personnes souffrent dans le pays qui les a vues naître mais ne reconnaît pas leur citoyenneté… Il est temps que les injustices subies par les Rohingyas, ainsi que celles subies par nombre d’autres peuples, provoquent un sursaut de conscience.

Le Vatican a annoncé lundi que le pape François se rendra du 27 au 30 novembre en Birmanie, pays bouddhiste, avant de poursuivre son voyage jusqu’au 2 décembre au Bangladesh, majoritairement musulman. Ce voyage devrait être l’occasion pour le pape d’attirer l’attention sur la situation des Rohingyas, comme il a fait dimanche 27 août, sur la place Saint-Pierre, en affichant clairement  sa solidarité avec la minorité musulmane en appelant au respect de ses droits.

Face à l’initiative du pape qui constitue un très bel exemple d’humanisme, mon esprit s’évade… Puisse-t-elle inspirer davantage, et surtout favorablement, ce monde souvent ravagé par la haine et la peur.

Nous n’avons pas le droit de nous taire, de ne rien faire, face à tant de détresse humaine. Quelle que soit leur religion ou leur croyance, tous les peuples persécutés méritent d’être secourus, de même que chaque citoyen d’un pays mérite d’être traité avec dignité. Faisons de nos différences une richesse et travaillons ensemble pour le bien de l’Humanité ! Ces simples mots ne trouveront peut-être  jamais d’écho… mais ils ont été libres de naître et d’exister, conditions indispensables pour l’établissement d’une véritable paix.

Hayet BOUZALMAD (candidate aux législatives et responsable du Social Média de L’Union des Démocrates Musulmans Français)

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6 commentaires

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  1. Merci à Oumma d’ouvrir ses colonnes à H.BOUZALMAD qui offre aux lecteurs un exposé sur la situation de nos frères et soeurs en Birmanie , dans le contexte international, et entre les lignes la présence d’un “deux poids , deux mesures” de la part des médias et des gouvernements…

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