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Ressusciter nos penseurs oubliés : Abu Kalam AZAD, son commentaire sur le roi Dhul Qarnayne et son étrange actualité (II)

Comme nous l’avions évoqué dans la première partie de notre étude, Abu Kalam Azad indiquait que « S’il y a un moindre indice, il est à chercher, dans le rêve du prophète Daniel durant sa période d’emprisonnement à Babylone ». Il ira donc chercher les versets bibliques relatant un homme symbolisé par deux cornes. Et c’est dans le livre d’Isaïe que nous trouvons ce personnage rassemblant les traits du Dhul Qarnayne coranique :

« Je regardai, et voici que, dans la vision, j’étais à Suse-la-Citadelle dans la province d’Élam, près de la rivière Oulaï. Je levai les yeux, et voici que je vis un bélier se tenant face à la rivière. Il avait deux cornes, deux hautes cornes, mais l’une plus haute que l’autre, et la plus haute se dressa en dernier. Je vis le bélier donner des coups de corne vers l’ouest, vers le nord, vers le sud. Aucune bête ne pouvait tenir debout devant lui, personne ne pouvait lui échapper. Il agissait selon son bon plaisir et ne cessait de grandir ». (Isaïe 8, 2-4)

« Moi, j’étais en train de réfléchir, et voici qu’un bouc arriva de l’occident, survolant toute la terre sans toucher le sol. Il avait une corne imposante entre les yeux. Il s’approcha du bélier à deux cornes que j’avais vu dressé face à la rivière et se rua vers lui de toute sa force. Je le vis atteindre le bélier et se mettre en rage contre lui, puis le frapper et briser ses deux cornes. Le bélier n’avait pas la force de lui faire face. Il le jeta à terre et le piétina. Personne ne pouvait en délivrer le bélier. Le bouc ne cessait de croître mais, au sommet de sa puissance, la grande corne se brisa. Quatre cornes imposantes poussèrent à sa place, orientées vers les quatre points cardinaux » (Isaïe 8, 5-8). 

« Et j’entendis la voix de l’homme entre les rives de l’Oulaï. Il cria : « Gabriel, fais-lui comprendre la vision ! ». Il s’avança vers le lieu où je me tenais. À son approche, je fus effrayé et je tombai face contre terre. Il me dit : « Fils d’homme, comprends ! La vision concerne le temps de la fin. Tandis qu’il me parlait, je m’évanouis, la face contre terre. Il me toucha et me fit mettre debout à l’endroit où j’étais. Il dit : « Je vais te faire savoir ce qui arrivera au terme de la colère, car la fin est pour le moment fixée. Le bélier à deux cornes que tu as vu, ce sont les deux rois de Médie et de Perse. Le bouc velu, c’est le roi de Grèce, et la grande corne entre ses yeux, c’est le premier roi. Si elle s’est brisée et que quatre ont surgi à sa place, c’est que quatre royaumes surgiront de sa nation, mais sans avoir sa force » (Isaïe 8, 16-22). 

« Ce rêve de Daniel, nous dit Azad, annonce le retour des jours heureux pour les juifs ayant été mis en captivité par Nabuchodonosor, après qu’il eut détruit le temple de Salomon (ç). Il annonce le retour des hébreux en Palestine ». Cet épisode survient durant le règne de Cyrus le Grand. On notera que, dans le rêve de Daniel, les deux cornes symbolisent la puissance et l’expansion territoriale de Cyrus vers l’Ouest, l’Est et le Nord, mais surtout, elles annoncent un moment historique de basculement entre empires, en réalité le passage d’un monde à un autre. Le bouc terrassant le bélier annoncerait la chute de l’empire Perse par les armées d’Alexandre. L’empire d’Alexandre lui-même se divisera en quatre royaumes. Pour Abu Kalam AZAD, il ne fait pas de doute que Dhul Qarnayne est Cyrus le Grand. Il avait comme religion le zoroastrisme dont on sait que le Coran l’a considéré comme appartenant originellement à la famille du monothéisme. 

Par ailleurs, AZAD nous rappelle la découverte archéologique survenue au 19ième siècle d’un bas-relief représentant la figure de Cyrus le Grand (m. en 529 av. J.-C) comme un ange gardien à quatre ailes et orné d’une couronne royale représentant deux cornes de bélier. Pour notre penseur, l’appellation Dhul Qarnayne, ou l’homme possédant les deux cornes, n’a pas été inventée par les juifs, mais a été donnée du vivant même du roi en hommage au rêve de Daniel. De plus, quand on lit la description que fait Hérodote de Cyrus le Grand, il semble bien confirmer cette image d’un roi épris de tolérance, d’humilité, de simplicité et possédant une volonté de faire régner le bien. Ces qualités sont exactement celles que donne le Coran.

Selon les historiens Cyrus conquit les Mèdes vers l’est, la ville de Lydia vers l’ouest et remonta vers le nord jusqu’à la Passe Darial, considérée comme la porte de l’Europe vers le Moyen-Orient ; Cyrus a donc traversé Tiflis devenue l’actuelle capitale de la Géorgie Tbilissi. C’est dans cette chaine de montagnes du Caucase que le fameux mur d’airain aurait été construit. Nous attendons que des archéologues nous apportent des preuves avérant cette hypothèse. C’est ici que Dhul Qarnayne aurait rencontré un peuple caucasien victime de tribus mongoles et que cette peuplade appelait « Ya’jouj » et « Ma’jouj » : « il a déjà été souligné qu’il s’agissait de deux tribus nomades guerrières de Mongolie qui semaient le désordre durant l’antiquité et le moyen-âge pour conquérir l’Asie occidentale et perturber le développement des civilisations » (Tardjuman al Qur’an, p.382-383).

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C’est ici que je souhaiterais apporter une nouvelle indication. Le Coran nous révèle un ensemble de prophéties qui étrangement se succèdent chronologiquement et suivent l’ordre des sourates, la 17ième, la 18ième et la 21ième. Dans la 17ième sourate (les enfants d’Israël) quatre prophéties sont annoncées, trois se sont réalisées à savoir, la première destruction du temple vers 570 avant-JC, puis la deuxième destruction en l’an 70 après-JC et enfin, le retour des enfants d’Israël venant des quatre coins du monde (« Habitez la terre ! Et lorsque viendra la dernière promesse nous vous ferons venir en groupes hétérogènes » C.17, 104).

Quant à la quatrième prophétie, qui passe souvent inaperçue, elle avertit les hébreux que si l’injustice et la démesure les dominent à nouveau, alors Dieu réitérera leur chute. A travers cette prophétie, c’est une promesse que Dieu fait à tous les peuples enclins à l’iniquité : « Si vous réitérez (dans la démesure et l’injustice) nous recommencerons également (dans la punition) » (C.17, 8). 

La sourate 18 (La Caverne), quant à elle, reprend l’époque des hébreux vivant à Babylone durant le règne de Cyrus le Grand en rappelant son épopée. La sourate 21 (Les prophètes) revient sur les peuplades Ya’jouj et Ma’jouj et donne une étrange correspondance entre leurs conquêtes sanglantes et la terre sainte. Le Coran lie le retour des hébreux en Palestine, qui a été révélé au 7ième siècle, et le franchissement de la muraille d’airain par les Ya’jouj et Ma’jouj : « Il est interdit aux habitants d’une cité détruite (les hébreux ?) par Nous, d’y revenir jusqu’à ce que les Ya’jouj et Ma’jouj ne soient déchaînés, ils se précipiteront alors, de chaque hauteur » (C.21, 94-95). Ce que l’on peut dire c’est que ces sourates concentrent un ensemble d’événements liés entre eux sans que la majorité de nos savants n’aient pu nous en donner une claire mise en perspective. Le Coran n’a évidemment pas encore révélé tous ses secrets.

Une étrange actualité

Comparaison n’est pas raison. Néanmoins, nous croyons à la ruse de l’histoire qui mène les hommes au seuil de leurs multiples contradictions. Voici qu’en février 2022, un peuple russophone demande de l’aide à un chef qu’elle voit comme charismatique venant de l’Est et ce, dans la même région qui a vu une demande similaire être faite à Cyrus le Grand 1500 ans auparavant. Et comme pour Cyrus à l’époque, nous sommes passés d’un ancien monde vers un monde nouveau, bien que plus incertain. Cette malice de l’histoire est là pour démontrer aux hommes que, décidément, ils ne retiennent pas ses leçons. 

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3 commentaires

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  1. Bonjour/salam Djeser,

    Effectivement il est un roi singulier … à découvrir …la thèse de AZAD serait décisive si des historiens ou archéologues nous donnaient des informations sur ce fameux ouvrage d’airain… pour l’instant nous n’avons aucune preuve sur sa localisation géographique.

    Cdt
    Hakim FEDAOUI

  2. Salam Hakim. Oui, vous trouvez un écho de l’actualité. Mais est-ce que l’escataulogie admet une éventuelle répétition? Et si dans le premier cas, l’empereur Cyrus fut favorable aux enfants d’Israël par justice, par la même justice, le nouveau Cyrus Russe vient limiter et mettre un frein à leurs excès, selon la quatrième prophétie, il serait l’instrument d’Allah pour l’accomplir. J’ai toujours senti de l’anti-Sionisme dans la Russie d’aujourd’hui, en dépit des présentations politiques, et la neutralité de l’entité Sioniste dans la situation en cours n’est que de surface, mais en profondeur, l’entité Sioniste est amie intime des ennemis Ukrainiens de la Russie et des Russophones ou pro-Russes. J’ai même lu une fois un développement qui vaut ce qu’il vaut, selon lequel, Kiev serait la deuwxième Jérusalem, comme Moscou est la troisième Rome.

    Si c’est ainsi, plaise à Allah fortifier la §Russie nouvelle et ses alliés et que ce soit un prélude à la renaissance de la Nation Islamique.

    Croissant de lune.

  3. Salamalikoum Hakim, pour ceux qui s’intéressent un peu à la riche histoire de l’Iran , syrus le grand est un roi très particulier , le british museum détient se qu’on appelle le cylindre de syrus , un rouleau d’argile ou il a fait rédiger , ce que certains historiens considèrent comme la plus ancienne déclaration des droits de.l’homme au monde , pour la raison qu’il a fonder le premier Empire universel au monde , toutes.les religions étaient libre de pratiquer leur culte. Il a autoriser les Hébreux a.retourner en Judée ,.suite à.leur déportation.par Nabuchodonosor a Babylone.

    Ce personnage est marquant .

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