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Réponse au maire de Toulouse et à son jeu de mots “Nazislamisme”, aussi malheureux que ravageur

Réponse au discours du 19 août 2016 de Monsieur Jean-Luc Moudenc
Paris, le 13 septembre 2016

Cher Monsieur Moudenc,

Je tenais à vous remercier pour votre lettre, accompagnée de votre discours prononcé lors du 72 ème anniversaire de la libération de Toulouse, que vous avez cru bon de me faire suivre.

Vous parlez dans ce discours de la perte de connaissance des faits et, sur ce point, nous avons effectivement une concordance de vue. Pour raviver cette mémoire vous faites appel au souvenir des heures sombres de la défaite et de l’occupation et je ne peux que me ranger au même avis. Vous citez également ceux qui ont permis la libération rappelant par exemple les « antifascistes italiens », les « Républicains espagnols » ainsi que les « martyrs originaires d’autres nations », mais étrangement exclusivement européens, et cela « au nom des valeurs de civilisation communes à la vieille Europe ».

Permettez-moi, ici, de vous dire que votre mémoire est sélective et vous n’êtes pas sans savoir qu’il n’est pas sain de réformer le passé. En effet, vous n’avez pas eu un mot, pas eu une pensée, pas eu un hommage envers les combattants issus de ce que l’on nomme l’armée d’Afrique constituée d’« Indigènes », parce que de confession musulmane. Ces soldats musulmans ont donné leur vie sur les champs de bataille européens pour défendre un pays qui n’était pas le leur et pour combattre le Nazisme.

Ironie du sort, vous osez comparer dans votre discours, Monsieur Moudenc, ce Nazisme à l’islam en utilisant ce jeu de mots fort malheureux : « Le nazislamisme ». « Le terrorisme et la barbarie nous ont frappés et nous frappent encore… Notre premier devoir est de nommer le mal. Ceux qui préfèrent édulcorer la réalité se contentent de parler de « terrorisme » et de « barbarie », évitant soigneusement de désigner l’idéologie qui les inspire. C’est comme si, derrière Vichy, on avait ignoré qu’il y avait « Mein Kampf »… Ce mal c’est le « nazislamisme » … », avez-vous écrit.

Telle est votre vision, comme « Mein Kampf » est l’idéologie au cœur même du Nazisme, « Le Coran » est forcément celle qui est la source du terrorisme que l’on tente de lier de gré ou de force à l’islam.

Mais le passage le plus inquiétant, à mes yeux, est probablement celui qui concerne les mesures des plus radicales que vous souhaiteriez prendre pour la défense de la République : « La République doit se défendre et prendre des mesures exceptionnelles… Peut-on vaincre les ennemis de la République par les armes ordinaires de la Républiques ? Ou faut-il mettre entre parenthèse, quelque temps, certains de nos principes pour saluer des valeurs que véhiculent ces mêmes principes ?… Déjà le Gouvernement a pris d’utiles dispositions et le parlement à renforcer notre arsenal juridique ».

Après votre comparatif entre le Nazisme et l’Islam, je n’ose imaginer ces principes que vous souhaitez sacrifier pour défendre la République.

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Nous avons vécu des mois où le Droit a été bafoué, où les perquisitions ont été orchestrées chez tous ceux s'apparentant de près ou de loin au « musulman », en plein Etat d’urgence. Des heures de débats stériles ont eu lieu sur la déchéance de la nationalité envers les binationaux, comme au temps de Vichy, et cela ne doit certainement pas être salué, ni pris en exemple.

Car vous qui semblez être tant attaché à la mémoire, ces discours, ces appellations et ces lois d’exceptions ne devraient-ils pas évoquer en vous ceux largement diffusés durant l’occupation à l'encontre de la communauté juive ? Faut-il raviver également votre mémoire avec l’exemple de l’évêque de Marseille, Monseigneur Delay, qui, en 1942, avait fait un discours similaire au vôtre : "Nous n’ignorons pas que la question juive pose de difficiles problèmes nationaux et internationaux. Nous reconnaissons bien que notre pays a le droit de prendre toutes mesures utiles pour se défendre contre ceux qui, en ces dernières années surtout, lui ont fait tant de mal, et qu’il a le devoir de punir sévèrement tous ceux qui abusent de l’hospitalité qui leur fut si libéralement accordée."

Lueur d’espoir, ce même évêque est entré à son tour en résistance après que les événements aient basculés dans l’horreur pour des millions de juifs. Alors, avant que ces mesures exceptionnelles, dont vous semblez tant faire éloge, ne viennent assombrir à nouveau notre Histoire, il est crucial de faire appel à notre mémoire pleine et entière.

Un travail sur les consciences au nom de valeurs communes, car avant tout humanistes, mais surtout universelles. Car c'est cette mémoire et cette RÉSISTANCE qu’il nous faut retrouver, pour préserver l’ENSEMBLE du peuple de France.

L’unique moyen de faire face à cette « barbarie » qui n’a, rappelons-le encore, ni croyance, ni couleur aucune, si ce n’est celle de la mort et de la haine.

Je nourris ici l’espoir, à travers cette lettre, que, respectueux de vos devoirs de Maire au service de la ville de Toulouse, vous saurez faire preuve de la lucidité nécessaire à la défense de notre communauté nationale. Je sais que l’enjeu est considérable et c’est de l’avenir de la France dont il s’agit !

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de ma considération distinguée.

Nagib Azergui

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